C'est grâce à ses filiales africaines que Maroc Telecom a réussi à tirer son épingle du jeu et maintenir des fondamentaux plutôt solides. Son PDG, Abdeslam Ahizoune, qui a présenté hier à Rabat les résultats annuels du groupe ne s'en est pas caché. Il considère d'ailleurs que «l'intégration de 6 filiales africaines dans le périmètre du groupe fait partie des principaux faits marquants de 2015». Depuis cette extension, le chiffre d'affaires consolidé a progressé de 17,1% par rapport à 2014 pour s'établir à 34,1 milliards de DH. Sur une base comparable, la hausse est de 1,6%, ce qui reflète à la fois la forte croissance des activités à l'international (+6,9%) et la résilience des activités au Maroc (-0,5%). Dans ce sillage, le parc de l'opérateur bondit de 26% en un an compte tenu une fois de plus de la consolidation des 6 filiales pour atteindre 51 millions de clients. Si l'activité augmente relativement à base comparable, le résultat net du groupe se replie de 4,3%. Le recul est attribué, selon Abdeslam Ahizoune, aux pertes générées par les nouvelles filiales, en l'occurrence les frais liés à leur acquisition. Ceci étant, l'opérateur a compensé cette baisse par la hausse de 0,7% à base comparable de l'EBITDA, sachant que l'évolution positive de l'EBITDA à l'international a permis au groupe de compenser le recul de l'EBITDA au Maroc. Mais en dépit de cette croissance de l'EBITDA, les flux nets en trésorerie opérationnels (CFFO) ont enregistré une baisse de 19% par rapport à 2014. Le groupe explique ce recul par l'accroissement de 80% des investissements consacrés à l'acquisition de la licence 4G au Maroc et au renouvellement et acquisition des licences 2G et 3G en Mauritanie et au Niger. Cette baisse s'explique également par le paiement d'un acompte de 50% sur l'attribution d'une licence globale en Côte d'Ivoire. Sans cela, IAM assure que les CFFO auraient augmenté de 4,6%. Par ailleurs, la dette nette consolidée pâtit de 200 millions de dollars empruntés du groupe Etisalat pour financer les investissements dans les sociétés rachetées. Elle s'est notamment établie à 12,6 milliards de DH en 2015. Le groupe assure toutefois que cette dette ne représente que 0,7 fois de son EBITDA annuel. Côté perspectives, Abdeslam Ahizoune table sur un chiffre d'affaires stable. Il s'attend en revanche à une légère baisse du résultat opérationnel brut (EBITDA). Concernant les orientations, l'opérateur compte poursuivre les investissements pour le déploiement de la 4G. Déjà, «120 villes sont aujourd'hui couvertes par le réseau 4G», s'est félicité le PDG du groupe. Ainsi, «65% de la population est couverte, ce qui dépasse donc l'objectif de 58% fixé par le cahier des charges», a-t-il dit. Pour la suspension des services d'appels VoIP, Abdeslam Ahizoune assure que cette décision a été prise par l'ANRT en raison de la non-conformité réglementaire de ces applications. D'ailleurs, ajoute-il, «d'autres pays ont également interdit la VoIP». Pour éteindre la polémique autour de cette décision de l'ANRT, il a appelé les opérateurs de ces applications à initier le dialogue avec le régulateur marocain. Autrement dit, «il faudra investir dans des solutions alternatives». L'idée est de dupliquer le modèle chinois en interdisant la VoIP mais en mettant en place des applications nationales.