Après deux jours de réflexion autour de la coopération arabe en matière d'électricité, la cinquième conférence de l'union arabe de l'électricité, s'est clôturée, jeudi 28 janvier à Marrakech. Placé sous le haut patronage de sa majesté le Roi Mohamed VI, ce rendez-vous trisannuel a connu la participation du 29 pays arabes souhaitant ensemble atteindre l'équilibre entre les énergies traditionnelles, nouvelles et renouvelables dans les mix énergétiques des systèmes électriques. Tour d'horizon. Remerciement ! Le qatarien Essa Bin Hilal Al Kuwari, président de l'union arabe de l'électricité, a commencé son allocution par adresser un message de gratitude à Sa majesté le Roi Mohamed VI et à l'office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEP).le président pour le deuxième mandat veut faire de la rencontre un cadre naturel où toutes les institutions et parties prenantes intéressées peuvent se rencontrer, discuter et identifier les principes fondamentaux pour établir un marché arabe interconnecté. En réponse, Ali Fassi Fihri, actuel directeur de l'établissement qui gère le secteur de l'électricité au Maroc, a souhaité la bienvenue à tous les participants avant de donner la parole au ministre de l'énergie, des mines, de l'Eau et de l'Environnement du Maroc. Présent comme l'accoutumé avec de statistiques. «Face aux vicissitudes à l'échelle internationale, les recommandations de la conférence générale de l'union arabe de l'électricité aideront les Etats membres dans leur ambition, celui de mettre en place un réseau commun d'électricité», a déclaré le ministre Abdelkader Amara lors de la cérémonie d'ouverture. À l'occasion, il a affirmé l'inscription inconditionnelle du Maroc à tous processus de coopération tout en mettant, à la disposition des Frères et voisins, l'expérience marocaine en matière énergétique. Exceptionnelle à l'unanimité. Les chiffres présentés par le ministre de l'énergie veulent la marche approuvée du Royaume vers l'indépendance énergétique du système électrique, et ce grâce à une transition mesurée entre l'usage concentré des ressources fossiles vers l'utilisation des celles nouvelles et renouvelables qui pèsent 35% dans le mix électrique actuel. «Le Maroc dispose d'un bouquet électrique diversifié et ouvert sur la totalité de ses ressources énergétiques, l'éolien (20%), le solaire (20%) et l'hydro-électrique (12%). Tant que les projets lancés sur ordre royal réussissent, l'objectif est d'assurer une capacité électrique de 42% sur la base de sources renouvelables à l'horizon 2030, 52% en 2030», ajoute le ministre de l'énergie qui prévoit un investissement de 40 milliards de dollars pour réaliser le plan énergétique 2016-2030 dont l'objectif est d'atteindre plus de performance. De son côté, Dr. Hicham Al Khatib, ancien ministre de l'énergie et des ressources minérales en Jordanie, la cinquième conférence de l'union arabe de l'électricité fut l'important évènement ou se rencontrent des parties à la recherche de même objectif et exposées au même risque. Comment procéder alors ? «L'enthousiasme avec sagesse», C'est ce qu'a déclaré à «Al Bayane» le porte-parleur en affirmant l'inexactitude de la course aveugle derrière la possession de l'énergie renouvelable. Selon lui, la problématique actuelle résulte du subventionnement excessivement les secteurs comme le nucléaire ou l'éolien, des énergies bien limités qui peuvent jamais remplacer le charbon et le gaz dont le monde arabe dispose 1/3 des réserves mondiales. Elle résulte aussi de la baisse des tarifs des services d'électricité à la faveur des riches « L'électricité, c'est le gaz», poursuit-t-il. La vision de Mr. Hicham al Khatib, qu'il a détaillé devant la présence, elle a fait réagir Mr.Ali Fassi Fihri qui affirme, lors d'un point de presse, la primauté du pouvoir d'achat des marocains, ce qui veut aucune augmentation des tarifs. Pour sa part, Mr. Essa Bin Hilal El Kuwaiti a souligné que « l'investissement du Qatar dans le secteur des énergies renouvelables s'explique par l'optique de la construction des compétences, surtout en présence d'un surplus en énergie fossile suffisant pour des années ». Sachant que la philosophie de l'union arabe de l'électricité est celle de la complémentarité, l'échange électrique reste modeste. Des lignes d'interconnexion limitées malgré le réseau des pays du Golfe, et malgré aussi la ligne liant Rabat et Tunis en passant par Alger. Une ligne. Rabat – Nouakchott prochainement d'après Ali Fassi Fihri qui réinvite les Etats membres de l'union à se retrouver à Marrakech en novembre prochain à l'occasion du COP22. Un office national qui gère l'électricité et l'eau potable à la fois. Pourquoi ? Pour Ali Fassi Fihri, lier les deux branches fut un choix royal voulant une stratégie énergétique en forte corrélation avec le secteur de l'eau. «Au Maroc, la planification des projets sur la base des deux secteurs, purement complémentaire l'un de l'autre». En marge de la cinquième conférence générale de l'union arabe de l'électricité, Dr. Hafiz Al Salmaoui, président du MEDREG et ex directeur du service d'électricité en Egypte, accorde à Al Bayane une interview. Les propos. Al Bayane : Pouvez-vous nous parler de l'électricité en Egypte ? Ai Salmaoui : La stratégie énergétique 2035 en Egypte repose sur quatre orientations : assurer l'alimentation en pétrole à travers l'exploitation des sources existantes et l'exploration d'autres nouvelles ; un marché compétitif pour attirer l'investissement ; la durabilité et la rationalisation en s'orientant vers les énergies renouvelables ; et enfin renforcer la capacité du transport et de la distribution. La consommation d'électricité ne cesse d'augmenter. Pour répondre à une demande de 160 TWh (30 millions compteurs) en électricité, l'Egypte produit combine tous les ressources énergétiques, traditionnelles (90%) renouvelables (10 %). Le pétrole (25%), le gaz (65%), l'hydro-électrique (7,5% El Sadd-El-Ali et Al kanater) et l'éolien (1,5% bahr el-Ahmar et golfe de suez), la place du solaire reste peu importante. La consommation d'électricité par les ménagers est égale à 43%, le secteur industriel prend 33%, le reste est utilisé pour les autres utilisations. A vrai dire, les charges sont assez énormes puisque on paye 30 millions de dollars chaque jours/1.2 milliards par mois afin d'assurer une électrification stable. Un montant dépensé sur l'achat du carburant alors que la production nationale du gaz est de 5.1 milliards pieds cube/jour. L'ambition est de produire 65% d'électricité au moyen des stations des énergies nouvelles et renouvelables. Que représente pour vous l'interconnexion électrique entre les membres d'UAE ? Un réseau de transport d'électricité liant tous les Etats arabes veut la solidarité, l'harmonie et sécurité, trois éléments indispensables pour mettre en place un marché intégré d'électricité. Malheureusement, le rêve de mutualiser les moyens de production de l'ensemble des pays arabes pour répondre, au moindre coût, aux besoins de l'ensemble, se confronte à plusieurs empêchements. La crise politique en Libye constitue une barrière séparant le Maghreb arabe des pays du golfe, qui possèdent déjà leur propre système d'échange. L'Egypte, quant à elle, a vient de signer un une convention avec l'Arabie Saoudite dont le budget dépasse 726 millions de dollars.la ligne s'étend sur 1200 Km et sera opérationnelle en 2020.l'interconexion Egypte-Jordanie qui date du 1998 a été récemment renouvelée. C'est programmé que vous présenterez les résultats d'une étude opérée par MEDREG, de quoi elle s'agit ? En tant que président du Forum méditerranéen sur la régulation de l'énergie, cette organisation offrant les propositions pour un meilleur échange énergétique dans la région méditerranéenne (21 pays), mon intervention sera l'occasion pour partager le contenu de l'étude réalisée par MEDREG avec les participants à la cinquième conférence de l'union arabe de l'électricité. L'étude montre comment les défis de l'investissement peuvent freiner l'interconnexion énergétique en évaluant les manières dont ils peuvent être traités.