Le Maroc connaît cette année la sécheresse, après avoir été gratifié, la campagne agricole passée, des bienfaits d'une pluie régulière et suffisante ayant permis d'engranger le record de 115 millions de quintaux de céréales. Les difficultés auxquelles fait face le milieu rural en ce début de campagne agricole met le gouvernement (ainsi que les dix régions) dans l'obligation de témoigner à nos citoyens ruraux entière solidarité et de leur prêter toute l'assistance nécessaire. A vrai dire, les agriculteurs sont en train de vivre le cauchemar des années sèches caractérisées par de faibles productions de céréales comme 2007 (25 millions de quintaux), 2005 (43), 2001 (46), 2000 (20), 1999 (38), 1997 (41), 1995 (18), 1993 (28), 1992 (29), etc... Ceci fait déjà 9 sévères sécheresses en 25 ans. Sommes-nous en face d'une dixième sécheresse en un quart de siècle ? Certainement oui. Et les déclarations, Mardi dernier, d'Abdellatif Jouahri, le wali de Bank Al Maghrib, la confirment. L'économie marocaine pour l'année 2016, a-t-il dit, sera moins prospère, et la croissance devrait être limitée à 2,1% notamment à cause d'une année agricole moyenne ou faible. La valeur ajoutée agricole devrait dans ce sens se contracter de 4,3%. La situation du monde rural en cette fin d'année 2015 est beaucoup plus qu'inquiétante. Elle interpelle le gouvernement ainsi que les élus régionaux à planifier une stratégie de développement durable pour le monde rural, et de traiter la sécheresse d'une façon rationnelle et décisive, et non pas en tant qu'événement passager nécessitant des solutions momentanées. L'appréhension de ce phénomène exige de nouveaux instruments plus adaptés et plus efficaces. Ne faut-il pas donner plus de moyens à la recherche agronomique pour étudier le phénomène de sécheresse et trouver les techniques et les variétés adaptées aux régions arides, sachant que les cultures non irriguées dites «bour» couvent 7 millions d'hectares ? Il faut remarquer l'absence d'informations émanant du Ministère de l'agriculture sur les régions touchées, les superficies sinistrées et le cheptel concerné. En réalité, les mois de novembre et de décembre ont été relativement secs dans une bonne partie des plaines arides. Les emblavements dans la majorité des régions sont terminés, mais les semences enterrées peuvent être plus ou moins endommagées. Même s'il y a la pluie en janvier, il y aura des levées hétérogènes avec un raccourcissement du cycle de plus de deux mois et les rendements seront faibles. La production agricole est déjà compromise. Les indicateurs sont les prix de paille qui ont doublé en décembre et les prix des autres aliments de bétail commencent à flamber.