Le «préaccord», ou plutôt le document technique sur les changements climatiques, remis samedi à midi au président de la COP21, Laurent Fabius, a suscité des réactions mitigées auprès des différents groupes et des ONG. Relooké et allégé (une vingtaine de pages), le draft de l'accord sur le climat doit guider les discussions ministérielles du 7 au 9 décembre et mener à un accord vendredi 11 décembre, dernier jour de la Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21). Le «préaccord» qui a couronné presque une semaine de négociations techniques, ne semble pas être du goût de toutes les parties. Ainsi, le président du groupe des pays moins développés (PMA), l'Angolais Giza Gaspar-Martins a dit : «les sujets qui intéressent les PMA ne sont pas toujours convenablement représentés dans ce texte. Si l'accord sur le climat ne marche pas pour les plus vulnérables parmi nous, comment pouvons-nous parler de succès ? Nous ne pouvons pas le confirmer». Le groupe PMA estime que l'accord «n'accorde pas l'intérêt qu'il faut aux sujets principaux qui le préoccupent : l'ambition d'atteindre un réchauffement de moins 1,5 degrés et des financements climatiques transparents et accessibles», a-t-il dit, reprochant une nouvelle perte et un «endommagement du mécanisme» dans cet accord. «Nous allons maintenir notre position dans les négociations de haut niveau et travailler avec persévérance aux côtés des ministres pour assurer que l'accord traduise nos besoins et nos circonstances», a ajouté M. Giza. «Le groupe PMA, avec celui du G77, appelle à un processus ambitieux et transparent, conforme aux principes et à l'esprit de la convention (convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques», a-t-il martelé. La France, pays hôte de la COP21, est favorable à un accord juridiquement contraignant, et ses ministres l'on répété à plusieurs reprises dans leurs déclarations à la presse et lors des différents panels organisés durant la semaine au Bourget. La Chine, premier pollueur au monde, avait promis mercredi une réduction de 60% de rejets de ses centrales au charbon d'ici 2020 Cette opération permettrait d'économiser quelque 100 millions de tonnes de charbon brut et d'éviter le rejet d'environ 180 millions de tonnes de CO2 chaque année. A l'horizon 2020, la Chine assure qu'elle aura fermé les centrales qui ne respectent pas les normes en matière d'économies d'énergie. Aux Etats unis, la chambre des représentants avait annulé mardi, par vote, deux réglementations de l'Agence de protection de l'environnement relatives à la réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 et des normes de pollution très strictes pour les futures centrales thermiques. Une délégation de sénateurs américains a tenu, samedi à Paris, une conférence de presse où les propos ont été relativement réconfortants. Un membre de cette délégation a exprimé la détermination à faire de la COP21 une «conférence réussie» et la volonté de réaliser l'objectif de limiter les dommages que «nous causons à notre planète, à notre économie et aux futures générations». Au niveau des ONG, le Réseau de l'action climatique (Climate action network- CAN) a commenté : «durant les jours passés, nous avons vu un mouvement dans les groupes de négociations avec l'émergence de priorités différentes et la dynamique Nord-Sud est devenue encore plus nuancée sur différentes questions, à part la finance». Les membres de cette coalition d'ONG s'attendent à «une pièce théâtrale» durant la semaine prochaine. «On sait que la révolution des énergies renouvelables va se dérouler plus rapidement que l'on imagine et que les conditions météorologiques deviendront de plus en plus mauvaises. C'est pour cela que nous devons réviser nos engagements pour 2020 et nous engager dans une action ambitieuse», ont-t-ils souligné dans un communiqué publié samedi. Pour sa part, Sandeep Chamling Rai, du Fonds mondial pour la vie sauvage, a fait savoir que la finance est une partie essentielle du cadre du travail et une clé des ressources(...)Les pays développés ne sont pas là pour donner des plans, et nous ne pouvons nous attendre à une ambition sans une promesse d'assistance (aux pays en développement)». «La position des pays en développement a été claire : un système où tous les pays sont semblables est injuste et inacceptable. Nous avons besoin d'un troisième chemin avec un discours clair basé sur la responsabilité et la qualité», selon Chamling Rai. Certes, la moitie du travail a été faite lors des négociations techniques, mais ce sont les ministres qui vont avoir le dernier mot et ce sont eux qui détermineront le futur de la Terre et des hommes, qui deviennent de plus en plus vulnérables aux changements climatiques.