-Nous œuvrons ensemble pour la résurrection des idéaux marxistes et le triomphe des valeurs suprêmes de l'humanité -Le Maroc est un partenaire privilégié avec lequel la Russie peut aller encore plus loin dans la coopération et la communion -La diplomate populaire, à plusieurs niveaux, est une action parallèle de grande importance dans cette dynamique mutuelle En marge de la rencontre multisectorielle d'une délégation russe avec son homologue marocaine à Agadir, le député du parti communiste russe au conseil de la Douma, Vassili Lekhachev, nous a accordé un entretien. Tout au long de cette interview, il plaide pour une relance des principes humanistes, tout en se focalisant sur la situation des classes défavorisées, en proie de l'exploitation, de l'exclusion et de l'oppression. Il estime que si les forces progressistes et démocratiques du monde, en particulier du monde arabe, fédèrent leurs énergies, dans ce sens, ils pourront assurer les conditions idoines pour la prospérité et la paix au sein de les peuples opprimés et marginalisés. A ce propos, il souhaite vivement que le Parti du progrès et du socialisme et le Parti communiste russe renforcent davantage leurs relations afin de s'atteler de concert dans cette noble cause, tout en promettant personnellement de faire aboutir ce resserrement de liens entre les deux partis. Enfin, il ne manqua pas d'exalter la dynamique que connait le Maroc, en termes de réformes multidimensionnelles et de grands chantiers qui ne cessent de fleurir, partout dans le pays. Cet entrain, conclut-il, est de nature à renforcer le front interne et relever tous les défis. Entretien. Al Bayane : Quelle place occupe actuellement le Parti communiste russe dans l'échiquier politique de votre pays et quel impact exerce-t-il sur sa dynamique générale ? Vassili Lekhachev : Notre parti, héritier du Parti communiste soviétique, représente la seconde force politique de la Russie, avec 93 sièges au conseil de la Douma sur 420 députés, juste derrière la Russie unifiée, le parti libéral au pouvoir de Vladimir Poutine. Partout dans le pays, notre parti s'active, à travers des cellules, et possède constamment des parlementaires dynamiques dans l'assemblée. Nous sommes les seuls socialistes authentiques, même si certaines forces émergent, prétendant épouser les idées marxistes, notamment le Parti des communistes russes. Par cet amalgame, le peuple trouve du mal à distinguer entre les vrais et les faux socialistes. Au parlement, nous sommes très actifs et nous proposons beaucoup de projets de lois, en particulier ceux qui ont trait à la protection des citoyens, tout spécialement des enfants et des anciens soldats, et la préservation de leurs droits légitimes. Aujourd'hui, nous appuyons le président Poutine dans ses œuvres, particulièrement dans la diplomatie extérieure. Sommes-nous en mesure de dire que le retour en force du communisme pourrait avoir des incidences positives sur le cours des choses, à travers le monde, en particulier dans le monde arabe ? Sans doute. Mais il va falloir éviter les erreurs commises par le passé. A mon sens, tous les partis communistes se valent et chacun peut faire de son mieux pour faire prévaloir les valeurs communes auxquelles nous croyons tous. Nous réfutons l'idée selon laquelle le Parti communiste russe serait au-dessus du lot et que les autres devraient en dépendre. Chacun possède sa personnalité, son originalité et sa valeur ajoutée. Si nous procédons de la sorte, sans nul doute, aurons-nous des différends qui mèneraient à la rupture. Pour notre part, nous nous attelons à ce que les partis communistes gardent leurs spécificités et, chaque fois que l'occasion se présente, nous n'hésiterons pas à appeler nos alliés à resserrer les rangs et à conjuguer les efforts en vue d'unifier les approches et rassembler les idées novatrices dans ce sens. Bien entendu, nous considérons que le monde arabe renferme un potentiel énorme à ce propos et nous tentons de l'approcher de plus en plus, car il constitue une priorité pour nos actions. Dans le même sillage, le secrétaire de notre parti estime qu'on pourrait renouer des rapports nouveaux et solides avec le PPS pour retrouver la confiance et recouvrer les relations d'amitié et de coopération. Personnellement, je vais lui demander d'inviter les responsables du parti marocain et entamer ces actions, dans l'entente et la synergie, car nous pensons que l'expérience du PPS est méritoire, dans le sens de la compréhension des paramètres de l'étape actuelle, tel que j'ai pu les recueillir lors de mon séjour au Maroc. Nous reconnaissons que nous avons été, pour ce qui nous concerne, très limités pour nous étendre un peu plus davantage. Naturellement, nous devons lutter tous contre le terrorisme, l'extrémisme et la démagogie, et nous pensons que le PPS ainsi que d'autres partis communistes arabes représentent un véritable bouclier contre toutes ces mésaventures. Comment voyez-vous les relations entre les deux pays ? Estimez-vous que le rapprochement se manifeste à des cadences convenables ? Quels mécanismes peuvent-ils adopter pour relever ces rapports de coopération ? Il ne fait pas de doute que les relations entre les deux pays amis remontent loin dans l'Histoire. Elles reposent sur des valeurs de la considération et du respect mutuels. Evidemment, ce rapprochement séculaire est tissé, à travers des actions communes dans les domaines de l'économie, de la culture, l'art, du sport... A ce propos, nous avons renforcé nos rapports de coopération au niveau du transport, du tourisme, de la pêche maritime... Certainement, notre potentiel réciproque est encore plus grand que le degré de coopération. Mais, il me semble que nous pouvons ensemble rehausser nos relations d'amitié. D'autant plus que votre pays s'est engagé dans un processus de l'édification démocratique et du progrès économique et social. Le modèle de développement que vous êtes en train d'asseoir dans toutes les provinces du royaume est l'illustration notoire d'une nation en pleine gestation et en totale diapason avec les nations émergentes du pays. Votre Roi est en train de relever encore de plus belle ce rythme d'expansion, à travers des initiatives de haute qualité de grande envergure. C'est la raison pour laquelle la Russie serait prédisposée, de plus en plus, à soutenir ces engagements et à multiplier actions dans ce sens. Les domaines de coopération sont multiples et nécessitent, de notre part, un intérêt tout particulier. Quel regard portez-vous sur la diplomatie populaire dont les ramifications entre les deux pays ne font que se consolider ? Quand je parle de la coopération, je ne peux exclure le rôle que peuvent jouer les activités parallèles à l'apport des institutionnels : à cet effet, on peut toujours fortifier les champs d'action des organisations non gouvernementales, les parlementaires ou ce que l'on appelle la diplomatie parlementaire qui possède un atout majeur pour faire pression sur les gouvernements respectifs, les différents secteurs aussi bien publics que privés. Bien entendu, toutes ces actions devraient être, à mon avis, encadrées par une vision claire et concertée afin de leur garantir toutes les conditions de réussite dans l'avenir. Je suis tout à fait persuadé qu'il y a beaucoup à faire dans ce sens, surtout que votre pays incarne toujours la tolérance, l'ouverture, la stabilité et la sécurité.