Le festival de Khouribga, dont la 18e édition vient de se tenir du 12 au 19 septembre, est la plus ancienne manifestation cinématographique organisée au Maroc. Il est né en effet au mois de mars 1977 dans le sillage d'une dynamique cinéphilique indéniable. Il suffit de rappeler que ce premier rendez-vous cinéphile a vu le jour sous la houlette de grands noms de la critique cinématographique grâce au réseau de Nour-Eddine Saïl qui a fait venir au Maroc des noms prestigieux comme Serge Daney, Serge Toubiana ou Guy Hennebelle... C'est la fédération nationale des ciné-clubs du Maroc (FNCCM) qui en avait suivi la genèse grâce à la logistique assurée par le ciné-club de Khouribga... Il s'agit de toute une histoire, passionnante et passionnée, qui reste à écrire. D'où l'intérêt du documentaire réalisé par les frères Yaqouti et leurs amis (Hachemi et Abouzaid). Présenté à Khouribga, le film a suscité de vives réactions d'approbation et des polémiques. Par sa nature même, d'un retour sur un pan de l'histoire, il n'a pas échappé à l'inflation mémorielle qui caractérise notre époque et à la compétition des mémoires. Les images renvoyant au passé deviennent des enjeux majeurs y compris dans des considérations individuelles et de construction identitaire. Les auteurs du film ont subi ces réactions avec sérénité défendant une idée simple et fondatrice : ce film, Souffles, orgueil et passion ne prétend nullement à l'exhaustivité ; il est un jalon dans un processus qui reste ouvert sur d'autres initiatives. Rencontre avec Damir Yaqouti, cinéphile ; directeur du festival du film amateur de Settat et co-réalisateur du film.