Anne a 87 ans. Elle est née en France. Voici son histoire, qu'elle a confiée à la table de sa cuisine. Je suis née le 18 septembre 1927, alors tu vois mon grand âge. Mon père a eu deux professions. Il a d'abord travaillé à la banque, à Metz. Il a gravi tous les échelons et il a fini directeur de la Société Générale à Metz. Nous avons quitté la ville en 1938 à cause de la guerre. Dans cette banque, il y avait beaucoup de clients allemands. Je pense que la banque a dû fermer à l'époque. Peut-être mon père en avait-il marre. Je crois qu'il avait envie d'être son propre patron. Nous sommes donc partis à Cousance quand j'avais 11 ans. Là, il a monté sa propre affaire de casseroles en taule émaillée que mon frère Claude a reprise par la suite et qu'il a continuée jusqu'à sa retraite. L'usine a premièrement marché dans un atelier des fonderies puis elle a été transportée près du cimetière, je crois. Je ne peux pas dire combien d'ouvriers elle employait. Nous vivions au chalet, dans un domaine. Une grande partie du village vivait de l'usine de la fonderie. C'est sûr. Il y avait des cités. Quand on est arrivé, il y avait déjà des fonderies depuis très longtemps. Mon père a donc créé une autre entreprise, d'abord dans un atelier prêté par la fonderie. Et ensuite il s'est installé près du cimetière. Certes, la première entreprise a pendant un temps prêté un atelier mais chacun faisait son affaire de son côté. Ça a bien marché et puis quand mon frère a pris sa retraite, on a fermé l'usine qui ne connaissait plus autant de succès. Dans le temps, toutefois, beaucoup de gens travaillaient pour mon père donc on ne peut pas dire qu'il y avait tellement de relations entre ma famille et les villageois. C'était plutôt distant vu que mon père était le patron.