Le blocage du dialogue au sein des Collectivités locales est le premier responsable du bras de fer entre le Ministère de l'Intérieur et les syndicats, explique Abdessamad , SG de l'UNTM . Ce responsable syndical réagit par rapport aux séries de débrayages amorcées depuis des semaines. Al Bayane : Vous imputez la responsabilité de la situation qui prévaut dans le secteur au Ministère de l'intérieur. Dans quelle mesure, les syndicats partagent, eux aussi, cette responsabilité ? A. Marini : Nous imputons la responsabilité au Ministère de l'Intérieur, d'abord, par ce que la Direction générale des Collectivités locales en charge de la gestion du secteur est dépendante de ce ministère. Et puis, parce que c'est ce même département qui supervise les élections et veille sur la formation des conseils communaux et donc, constitue le pouvoir de tutelle sur les Collectivités locales. Et la responsabilité des syndicats ? Nous estimons que la responsabilité de la situation qui prévalut dans notre secteur, incombe en premier lieu au Ministère de l'intérieur. Mais les Conseils communaux en sont responsables aussi. Par contre, nous considérons que la responsabilité des syndicats est fort limitée, car sa mission consiste en la défense des intérêts matériels, moraux et juridiques du personnel communal. Evidemment, la responsabilité pourrait être liée à la division des points de points de vue syndicaux ou de l'existence formelle de syndicats non représentatifs ou inexistants dans le terrain des luttes, ou de syndicats signataires, seuls, d'accord avec le ministère sans consultation avec les autres… Les syndicats observent des grèves en pleine été. N'était-il pas judicieux de se patienter jusqu'à la prochaine rentrée sociale? Certes, le début de la rentrée sociale est un moment adéquat pour les luttes syndicales. Mais, pour les Collectivités locales, tout moment de l'année est adéquat, car nous estimons que ces grèves pénalisent la marche normale des Collectivités locales. Le choix du timing de nos grèves dépend du sort du dialogue sectoriel entre les syndicats et le Ministère de l'Intérieur. Qu'en est- il du dialogue avec le nouveau responsable de la DGCL ? Le nouveau Wali directeur général a tenu une réunion de concertation avec les syndicats et au cours de laquelle, il avait promis de poursuivre le dialogue conformément à la méthodologie précédemment convenue entre les syndicats et la DGCL. Mais, depuis, nous n'avons reçu aucune invitation officielle pour le dialogue. A votre avis pourquoi ce dialogue a-t-il été interrompu ? Nous en ignorons les causes. Il faut poser question au ministère de l'Intérieur Parmi les doléances sur lesquelles vous insistez beaucoup, celle portant sur la modernisation de l'administration communale. Qu'entendez-vous exactement ? Nous considérons que l'administration communale est le pilier fondamental d'édification de la décentralisation administrative dans notre pays. On ne peut construire cette décentralisation avec des Communes et des administrations faibles, qui travaillent de manière archaïque. Nous croyons que l'administration communale est invitée à se moderniser et prendre en compte l'environnement dans lequel elle agit. En dépit des opérations de gestion déléguée, le volume des services et travaux communaux connaît une croissance constante et nous considérons que le produit communal doit se moderniser Nous considérons également qu'avec l'initiative de régionalisation élargie, prônée par SM le Roi, les Collectivités locales ne peuvent assumer leurs rôles qu'à travers une administration moderne et évoluée. Celle-ci devrait s'appuyer sur deux éléments essentiels : la promotion des ressources humaines d'une part et le développement des ressources financières, d'autre part. Evidemment, l'élément humain nécessite une formation, formation continue, formation spécialisée, formation d'accompagnement et une formation incitative. C'est pourquoi nous plaidons pour accorder de l'intérêt extrême aux compétences humaines travaillant dans les communes et éviter leur départ vers d'autres secteurs. Ces compétences doivent être satisfaites psychologiquement et matériellement dans l'accomplissement de leurs devoirs professionnels. Les communes sont secouées par les nombreuses grèves que vous avez observées, notamment en plein été et au moment de pointe pour le retour de nos ressortissants marocains à l'étranger. Ces débrayages portent préjudices aux intérêts des citoyens et citoyennes, cela ne vous embarrasse-t-il pas ? Notre appel aux grèves vise l'amélioration de la situation du personnel communal et la solution des problèmes existants. Le nombre de fonctionnaires participant à ces grèves s'élèvent à 150 mille qui, ont eux aussi, des familles derrière. Ces fonctionnaires et les siens, sont aussi des citoyens et citoyennes et sont liés aux communes, non seulement parce qu'ils y travaillent, mais aussi par ce qu'ils bénéficient des services qu'offrent ces communes. Les citoyens et citoyennes devront communiquer avec le personnel communal pour s'enquérir de la situation et comprendre les raisons objectives et légitimes de ces grèves. Nous ne sommes pas des amateurs de grèves, mais les conditions et les situations difficiles dans lesquelles se trouve le personnel communal justifient ce mouvement. Nous n'avons trouvé aucun autre moyen ou alternative pour résoudre ces problèmes et défendre nos revendications, autre que la grève. Les Communes sont accusées d'abriter un effectif important des fonctionnaires fantômes. Qu'en pensent les syndicats ? Ce phénomène, dont nous ne nions pas l'existence, n'est pas l'apanage des Communes seulement. Evidemment, nous refusons l'existence, parmi le personnel communal, de fonctionnaires fantômes. Mais la question qui se pose est qui en est responsable ? Nous appelons à appliquer rigoureusement les statuts et les lois régissant les communes et la fonction publique et à ne pas fermer les yeux sur ce phénomène. Nous appelons en premier lieu les conseils communaux qui supervisent la gestion de l'administration communale et les fonctionnaires et en deuxième lieu, le Ministère de l'Intérieur qui est le département de tutelle. Qui doit faire ce qu'il lui incombe à ce propos.