Chambre régionale d'Agriculture d'Agadir a abrité, mercredi, les travaux d'une réunion de concertation sur le projet de révision de la loi 10-95 relative à l'eau au niveau des bassins hydrauliques de Souss-Massa-Drâa et de Guelmim, en présence de plusieurs acteurs économiques, professionnels de l'agriculture, intervenants institutionnels, chercheurs et représentants de la société civile. A cette occasion, la ministre déléguée chargée de l'Eau, Mme Charafat Afailal a souligné que cette réunion s'inscrit dans le cadre des rencontres de concertation initiées par son Département avec les divers intervenants pour l'élaboration, de manière participative, d'une nouvelle loi sur l'eau, qui soit à la mesure des attentes, des nouveautés et des mutations que le Maroc a connues durant les deux dernières décennies. Elle a rappelé que la question de l'eau a fait, très tôt, l'objet d'un intérêt particulier du fait que le premier Dahir y afférent a été promulgué en juillet 1914, suivi du Dahir du 1er août 1925 jusqu'à la promulgation de la loi 10-95, notant que cette loi, qui a marqué, en son temps, «un tournant décisif en terme de prospection», a besoin aujourd'hui de revoir certaines de ses dispositions pour être en phase avec la demande sans cesse croissante sur l'eau, dans un contexte marqué par les changements climatiques, la succession des années de sécheresse structurelle et la rareté des ressources hydriques. Elle a assuré que son Département, mu par le souci de s'ouvrir sur l'ensemble des intervenants en application de l'esprit et de la lettre de la Constitution qui stipulent l'implication de tous dans l'élaboration des politiques publiques, ambitionne de parvenir, à travers ce genre de rencontres de consultation, à dégager de nouvelles conceptions permettant l'élaboration d'une loi équilibrée, cohérente et consensuelle, avant la fin de l'année en cours. De son côté le wali de la région Souss-Massa-Drâa gouverneur de la préfecture d'Agadir Ida Outanane Mohamed El Yazid Zellou a mis l'accent sur la pertinence de cette démarche participative en matière d'élaboration des politiques publiques, particulièrement pour cette région qui connait un déficit aigu en termes de ressources hydriques, dans la sillage de la succession des années de sécheresse et de surexploitation des eaux superficielles et profondes. Il a aussi signalé que cette région, de par sa position géographique et ses potentialités économiques, agricoles et touristiques, connait aujourd'hui une baisse importante du niveau de la nappe phréatique à raison de 3 mètres chaque année, avec tout ce que ceci implique de dangers, notamment en terme de raréfaction des ressources et d'augmentation de la salinité des sols. Pour le président du Conseil régional Brahim Hafidi, la gestion de l'eau revêt un caractère particulier dans cette région qui fut pionnière, à l'échelle nationale, à adopter «le contrat de nappe», dès 2006, à la faveur d'une étude réalisée par l'Agence du bassin hydraulique dans le cadre de sa stratégie de développement régional, initiée deux ans auparavant. Relevant l'importance des investissements agricoles lancés dans cette région, première au Maroc en terme de production et d'exportation d'agrumes et primeurs, il a plaidé pour davantage de célérité dans la réalisation d'une série de barrages, la mise en place de stations de dessalement de l'eau de mer et la promotion du recyclage des eaux usées, tout en tenant compte de la simplification des procédures pour une application souple et optimale des législations. Placée sous le signe «Pour une bonne gouvernance des ressources en eau», cette rencontre a été ponctuée par la présentation d'une série d'exposés, portant notamment sur «les ressources hydriques dans les bassins de Souss-Massa et Drâa: Gérer la rareté», «la loi sur l'eau 10-95: acquis et contraintes» et «teneur de la réforme de la loi sur l'eau 10-95», en plus d'une présentation sur les principaux amendements proposés. En 2030, les besoins en eau potable et industrielle atteindraient, au niveau de la région SMD, 250 millions de m3, soit une augmentation globale de 108% par rapport à l'état actuel, alors que la demande en eau d'irrigation passerait de 1724 millions de m3 à 1555 millions, soit une réduction de 10% due principalement aux opérations de l'économie de l'eau dans ce secteur.