Cet avis est exprimé par Heinrich Neisser, ancien vice-président du parlement autrichien (1994-1999) qui, en réagissant aux derniers attentats survenus en France, reste plus que jamais convaincu que le dialogue est le meilleur remède à toutes les formes d'extrémisme. 'Le dialogue entre les religions et les civilisations a, malgré les menaces et les peurs, toutes les chances de s'exprimer et de permettre de gagner la bataille contre le radicalisme'', affirme-t-il dans un entretien à la MAP. Tout en appelant à mettre à contribution les valeurs communes partagées par les cultures et les religions, il pense qu'il s'agit pour les pays européens confrontés à la menace terroriste de prendre des mesures exceptionnelles et non pas des mesures d'exception. Une approche alliant sécurité et protection des libertés. Pour ce juriste, docteur en sciences politiques qui a occupé plusieurs responsabilités politiques, entre autres, ministre fédéral chargé du fédéralisme et de la réforme administrative représentant sa formation, le parti populaire autrichien (OVP), il est nécessaire pour les pays européens de revoir leur politique en matière d'intégration de manière à se prémunir contre les maux qui favorisent la radicalisation de certaines minorités. Et pour cause, la politique en matière d'intégration suivie jusque-là par certains pays européens a favorisé le communautarisme et le racisme, explique en connaissance de cause Heinrich Neisser pour avoir donné pendant des années des cours magistraux sur la question de l'intégration à l'université d'Innsbruck et qui est toujours sollicité à ce titre ailleurs en Europe. Profondément convaincu que l'intégration des immigrés est possible, lui-même autrichien de souche, se revendiquant des appartenances en Hongrie et en Slovénie, naguère des Etats composant avec l'Autriche un même ensemble dans le cadre de l'empire austro-hongrois, Heinrich Neisser est franchement optimiste quant à l'avenir d'une Europe où toutes les cultures et les religions peuvent coexister en parfaite intelligence. Tout en assumant le choix de se retirer de la vie politique depuis plus de 15 ans, Heinrich Neisser, 79 ans révolus, reste néanmoins très écouté en Autriche et ailleurs en Europe y compris dans son parti et ce, malgré ses critiques sur les choix et les orientations de sa famille politique. Des positions qui ne permettent pas, selon lui, à son parti d'avoir une grande marge de manœuvre dans sa coalition avec les sociaux démocrates. Il critique aussi l'Europe qui s'est, à ses yeux, longtemps détournée de son voisinage immédiat dans le bassin méditerranéen au bénéfice des anciens pays de l'Europe de l'Est. 'L'Europe a plus à gagner qu'à perdre en consolidant ses relations avec les pays méditerranéens, en premier le Maroc qui offre d'immenses opportunités d'investissement et une stabilité à toute épreuve, aujourd'hui rarissime dans la région'', souligne Heinrich Neisser qui plaide pour un partenariat Nord-Sud dans l'équité et l'échange. Concernant, à ce propos, les relations entre le Maroc et l'Autriche qui remontent à plus de 230 ans mais qui restent sur le plan des échanges politique, culturel et commerciaux très modestes, Heinrich Neisser incite les responsables des deux pays à saisir les opportunités de coopération et à développer leur partenariat. Pour atteindre cet objectif, ce vieux routier de la politique s'implique dans cette perspective en étant le président de l'association pour le développement du partenariat entre le Maroc et l'Autriche ‘'Osterreichisch-Marokkanische Gesellschaft''. Une association créée il y a deux ans à l'initiative d'un collectif réunissant des marocains résidant en Autriche et des autrichiens et qui cherchent depuis à tisser des liens entre les deux pays.