forte mobilisation de la culture, "nous devons sans doute tâcher d'en faire le meilleur usage possible", a souligné, vendredi à Rabat, le ministre de la Culture Mohammed Amine Sbihi, appelant à porter les recommandations sur le rôle de la culture dans le développement dans nombre de forums et à faire entendre la voix du Maroc dans ce domaine "de la façon la plus audible possible". Dans un discours prononcé à l'occasion de la clôture de la Consultation Nationale sur la culture et le développement durable dans l'agenda de développement post-2015, M. Sbihi, a exprimé sa conviction quant à la capacité du Maroc à faire entendre sa voix et à faire valoir ses expériences innovantes lors des négociations qui auront lieu dans les prochains mois autour de l'adoption du nouvel Agenda international de développement pour l'après 2015. Faisant savoir que six thèmes avaient été retenus pour cette consultation, le ministre a mis l'accent sur plusieurs idées fortes qui reflètent la contribution du Maroc à la réflexion mondiale menée par les Nations Unies, ainsi que sur des pistes qui pourraient donner lieu dans l'avenir à des initiatives interministérielles prometteuses. M. Sbihi, qui a signalé que "la figure de modèle que représente le Maroc en matière de coexistence pacifique d'une diversité de composantes culturelles et religieuses est précieuse", a insisté sur "la préoccupation qui s'est exprimée sur la place insuffisante des arts et de la culture à l'école, ainsi que dans le cadre de vie de ces grandes villes qui se développent un peu partout dans le Royaume sous l'urbanisation et l'exode rural". "Dans un contexte mondial difficile, propice au repli identitaire et aux crispations de tous ordres, le Maroc s'en sort mieux que d'autres", a-t-il dit, précisant qu'"il faut poursuivre sur cette voie, que ce soit à travers l'éducation au respect des différences culturelles, la lutte contre les stéréotypes dans les médias ou la mise en valeur dans les festivals nationaux de certaines cultures encore trop méconnues qui font de plus en plus partie intégrante du quotidien marocain, comme celles de l'Afrique Subsaharienne". M. Sbihi a ajouté que, "s'il y'a un autre domaine où le Maroc joue un rôle pionnier qui pourrait inspirer de nombreuses initiatives de par le monde, c'est celui de la création d'activités génératrices de revenus à caractère culturel", qui constitue un moyen de lutter contre la pauvreté et aussi, notamment en milieu rural, de permettre aux femmes de gagner en autonomisation pour réaliser une égalité réelle avec les hommes. Selon lui, cette consultation nationale a permis de "collecter de nombreux exemples en la matière, dont plusieurs sont de grandes réussites et d'autres des échecs, dont il s'agit de savoir tirer les leçons pour s'efforcer de faire toujours mieux", à travers "des initiatives concertées en la matière, avec l'artisanat, le tourisme, le développement social, ainsi qu'avec les acteurs du secteur privé". Le ministre a reconnu que faute de moyens, "chaque jour, des pratiques culturelles disparaissent, de grands artistes renoncent à poursuivre leur idéal et notre patrimoine culturel doit subir les outrages du temps".M. Sbihi a à cet égard assuré que le ministère œuvre dans le cadre de son programme sectoriel à préserver et valoriser le patrimoine matériel et immatériel national, à soutenir les industries culturelles, à bâtir les infrastructures culturelles de proximité en associant la société civile et en développant les partenariats avec d'autres acteurs institutionnels et privés pour réaliser des actions transversales, notamment à l'école et à l'échelle locale pour développer la culture. Il a par ailleurs rappelé que la culture constitue un secteur d'activités à très grand potentiel en termes d'emploi, de chiffre d'affaires et de consommation et "exprime l'identité du Royaume dans toute la diversité de ses composantes: arabo-musulmane, amazighe, saharo-hassanie, avec leurs affluents, africain, andalou, hébraïque et méditerranéen". S'agissant du caractère productif de la culture, le ministre a cité le patrimoine culturel matériel et immatériel, le spectacle vivant, les industries culturelles, le tourisme culturel et l'artisanat, comme des domaines qui participent à "la production d'une part importante de notre revenu national". Dans ce sens, M. Sbihi a évoqué l'approche culturelle des politiques publiques, soulignant que le Groupe Thématique spécial créé par le Secrétaire général des Nations, Ban Ki-Moon pour réfléchir aux objectifs de développement durable, appelés à succéder aux Objectifs du Millénaire pour le développement pour l'après 2015, a choisi de s'interroger sur le rôle de la culture pour la réalisation des objectifs de développement. Cinq pays ont été choisis au niveau mondial pour mener des consultations nationales dont le Maroc qui y figure aussi comme le seul pays arabe. Le Maroc a co-présidé avec l'UNESCO, et avec le soutien indéfectible de l'ensemble des départements ministériels et des agences et programmes des Nations Unies représentées au sein du Groupe Thématique "Culture et Développement", les différentes étapes de cette consultation nationale, a indiqué le ministre, faisant savoir que les six ateliers thématiques de cette consultation ont été organisés à Fès, Guelmim, Agadir, Marrakech, Tanger et Casablanca. Plus de 500 participants dont des Marocains résidents à l'étranger (MRE) ont pris part à cette consultation nationale, qui a traité de sujets précis et pointus, grâce au soutien du ministère des Affaires étrangères et de la coopération et du ministère délégué chargé des MRE et des affaires de la migration. Les travaux de clôture de la consultation nationale sur la culture et le développement durable dans l'agenda de développement post-2015, ont été marqués par la présence du coordinateur résident des Nations unies au Maroc, Bruno Pouezat, du directeur du bureau régional de l'UNESCO au Maroc, Michael Millward, et de plusieurs représentants des secteurs gouvernementaux, des institutions publiques, du secteur privé et de la société civile. M. Sbihi participera au début du mois d'octobre au "Forum mondial de l'Unesco sur la culture et les industrie culturelles", organisé dans la ville de Florence en Italie en partenariat avec le gouvernement italien, au cours duquel seront présentés les résultats des consultations nationales sur la culture et le développement durable.