L'AREF (Académie Régionale de l'Education et de la Formation) de Souss Massa Draa ne cesse d'œuvrer pour la promotion de la langue amazighe. En effet, elle a organisé des rencontres régionales, nationales voire internationales. La dernière en date, tenue le 29 février et le 1er mars derniers, a été organisée en partenariat avec l'IRCAM (Institut Royal de la Culture Amazighe), la Faculté des Lettres et de Sciences Humaines et l'ENCG d'Agadir. Le thème choisi “Enseignement de l'amazighe : bilan et amélioration” vient à point nommé eu égard à la triste conjoncture que connait actuellement la langue et les cultures amazighes. Certes, depuis 2003, date de l'introduction de la langue amazighe dans le système scolaire marocain, plusieurs acquis ont été enregistrés, dont notamment l'obligation d'apprendre l'amazighe par tous les Marocains, la généralisation dudit enseignement tant horizontalement que verticalement, la standardisation de la langue et l'adoption irrévocable du caractère ancestral du tifinaghe. Toutefois, surtout depuis la rentrée 2007/2008, une mise en veilleuse (préméditée, dit-on ?) a été constatée par plus d'un. Il est vrai que beaucoup de responsables, autant ceux des services internes qu'externes du MEN, ont été pour quelque chose dans cette affaire. Cependant, il n'est pas exclu d'incriminer au même titre le MCA (Mouvement Culturel Amazighe). Les premiers profitaient du manque de rigueur qui caractérisait les textes de loi régissant la chose amazighe, les seconds attendaient, les mains liées, qu'un miracle se produise au lieu de, comme à l'accoutumée, user des moyens de pression dont ils disposent pour au moins préserver les acquis de 2003. Or, aujourd'hui, avec le nouveau statut de la langue officielle conféré par la plus haute instance judiciaire du pays, d'aucuns n'oseraient avancer des prétextes quant à l'application des textes. Et, c'est dans ce contexte nouveau que l'AREF de SMD a tenu d'organiser sa rencontre régionale à laquelle elle a convié les neufs délégations de la région pour présenter leur bilan, plusieurs associations professionnelles et de la société civile ainsi que des spécialistes de l'enseignement de la langue pour proposer, sous forme de recommandations, des solutions à cette régression qu'a connue l'enseignement de l'amazighe et des pistes susceptibles d'envisager son amélioration. Deux journées donc de réflexion et de débat ont secrété une série de recommandations dont notamment : - User de toute la rigueur nécessaire pour assurer le respect et la mise en application des cadres de référence (la constitution, les arrêtés ministériels, les notes émanant des services internes et externes du MEN, …) - Veiller à l'épuration des curricula et des programmes scolaires de ce qui entache les valeurs universelles de la culture et de la civilisation amazighes (falsification de données historiques, actes discriminatoires dans les choix pédagogiques et thématiques des manuels scolaires, etc.) - Réhabiliter le patrimoine et la symbolique amazighes en donnant aux écoles les noms de certaines figures emblématiques et de certains événements historiques. - Adopter le tifinaghe pour la transcription des noms de toutes les institutions relevant du MEN. - Instaurer l'évaluation des apprentissages amazighe tant au niveau du contrôle continu qu'au niveau des examens certificatifs, à l'instar des autres matières enseignées. - Arrêter un échéancier précis quant à la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe et ce dans tous les cycles et les niveaux scolaires - Faire à ce que la langue amazighe passe du statut de langue enseignée à celui de langue d'enseignement. Ce qui présuppose la promotion de la recherche scientifique et la mise en place de ressources humaines et matérielles appropriées, étant entendu qu'un vivier non négligeable est disponible parmi les diplômés des filières et des masters amazighes. Ce ne sont là que quelques unes des recommandations, celles qui concernent le volet stratégique. D'autres ont été retenues, elles relèvent du domaine didactico-pédagogique et organisationnel. L'ensemble sera destiné, sous forme de rapport de synthèse aux autorités éducatives compétentes. Les participants à cette rencontre parmi la société civile, quant à eux, ont décidé de forger une autre mouture desdites recommandations destinées directement à l'opinion publique. Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.