Insécurité et violence à l'hôpital Agent de sécurité menacé et blessé à la tête avec un long couteau de boucher aux urgences de l'hôpital El Mansour à Hay Bernoussi, personnel médical et infirmier menacés... Des scènes identiques de violence à l'intérieur des hôpitaux ont eu lieu à Rabat, à Casablanca ou Marrakech ou les personnels de santé, surtout au niveau des urgences, sont souvent victimes d'agressions, mettant en lumière ce qui semble bien être devenu un phénomène préoccupant. Synonyme de quiétude, de calme, de sérénité, de paix et de sécurité, l'hôpital garde une image réconfortante, un lieu que tout le monde respecte. Tous ces aspects confèrent à l'hôpital un caractère particulier, c'est la raison pour laquelle on dit que l'hôpital est un miroir de la société. S'agissant de la sécurité au sein des hôpitaux, il y a lieu de tirer la sonnette d'alarme. Car nous assistons à une recrudescence de la violence et des agressions dont sont victimes les professionnels de santé dans l'exercice de leur fonction. Il faut savoir que le problème des agressions au niveau des hôpitaux, et plus particulièrement aux urgences, n'est pas en soi quelque chose de nouveau. J'en parle en connaissance de cause car 30 années de travail en milieu hospitalier ont été suffisantes pour apporter aujourd'hui un témoignage qui est sans équivoque sur l'insécurité et la violence qui menacent l'hôpital. On peut même dire que la violence fait partie du métier des professionnels de santé (médecins et infirmiers), Et que ces derniers sont régulièrement confrontés à des personnes qui agissent sous l'effet de l'alcool, des drogues dont le karkoubi ou des cas psychiatriques. Relativement inexistant ou minime dans les années 70-80, le phénomène des agressions à l'hôpital a pris de l'ampleur au cours des dernières années. Il est malheureux que des structures hospitalières soient prises pour cible par des énergumènes sans foi, ni loi, des criminels, des multirécidivistes qui s'en prennent aux médecins, aux infirmiers et aux malades. Que signifie tout cela ? Où va notre société ? Plus on réfléchit et plus on s'aperçoit que ce phénomène était attendu au regard de toute la violence qui sévit au quotidien au niveau des villes, des quartiers, des boulevards, des rues et que les hôpitaux sont le miroir de la société, et celle-ci est plus violente de nos jours. Qui sont les agresseurs ? L'agression survenue à l'hôpital El Manssour de Hay Bernoussi au cours de laquelle un gardien a été blessé, les médecins et infirmiers menacés, destructions de matériel, de mobilier de l'Etat...a été perpétrée par un individu dangereux, connu des services de police pour être coupable de plusieurs délits, vols, agressions, menaces avec arme blanche, coups et blessures. On ne peut que condamner avec la plus grande fermeté l'insécurité a laquelle sont quotidiennement confrontés certains hôpitaux, plus particulièrement ceux qui sont situés dans des quartiers chauds a forte densité démographique ou se mêle à la fois l'habitat insalubre, le chômage, la prostitution, les drogues, les dealers, un terreau fertile pour des agressions, des disputes à l'arme blanche qui finissent le plus souvent aux urgences les plus proches. Ceux qui sont responsables des agressions perpétrées à l'hôpital sont majoritairement des délinquants, des criminels, qui n'ont plus peur de rien. Les tribunaux, ils connaissent, les commissariats aussi et ils entrent et ils sortent de prison pratiquement tout le temps et on se retrouve face à des multirécidivistes totalement immunisés contre les peines et dont les fréquents séjours en prison n'ont rien apporté, bien au contraire. Voilà ce qu'engendre le laxisme et la société des droits sans devoirs : des monstres enragés, sans foi ni loi. L'hôpital face à la violence L'agression survenue à l'Hôpital El Massour de Hay Barnoussi, la énième du genre, pose de nouveau la question de la sécurité au niveau des structures hospitalières. On se souvient tous des actes de violence qui se sont déroulés au niveau du service des urgences de l'hôpital Ibn Sina de Rabat, quand une bande composée de 15 individus, une véritable horde sauvage d'une même famille, dont certains étaient armés de longs couteaux. Ils avaient fait irruption au service des urgences, sans se soucier le moins du monde des malades présents et du personnel soignant, leur seul but étant de traquer un patient présentant plusieurs blessures sur son corps et qui était venu aux urgences pour être soigné. Cette scène digne d'un film de terreur a provoqué un mouvement de panique et d'effroi parmi les patients et les professionnels de santé de garde présents aux urgences cette nuit et qui ont vécu des moments difficiles. Dans le même registre, il y a eu l'agression à l'arme blanche perpétrée par trois individus à l'hôpital Moulay Youssef de Casablanca, le mardi 7 mai 2013, au cours de laquelle une patiente hospitalisée et une infirmière du service de chirurgie furent délestées de leurs téléphones portables. Il y a aussi lieu de rappeler le cas de l'infirmière qui a subi une agression pendant l'exercice de ses fonctions à l'hôpital El-Ghessani à Fès, le 6 juin 2013. L'agresseur avait porté des coups avec une bouteille, ce qui causé une blessure profonde au niveau du visage et une hémorragie, en plus de fractures au niveau du nez de l'infirmière. Une autre agression a eu pour théâtre l'hôpital Ibn Tofail à Marrakech, le jeudi 5 septembre, quand un individu armé d'une longue épée a fait irruption au niveau de la réanimation et a proféré des insultes, des menaces. Le pire a été évité de justesse grâce à l'intervention des éléments des forces de l'ordre qui ont pu maîtriser à temps cet agresseur. Le phénomène de la violence, de l'insécurité et des agressions au sein de nos hôpitaux est le résultat d'un laxisme ascendant qui existe depuis quelques années (15 à 20 ans) lorsque notre société a commencé à tout accepter, à fermer les yeux sur bien des dépassements, des égarements, qui ont permis à des délinquants d'agir comme bon leur semble au nom des droits de l'homme. Le résultat, on le constate aujourd'hui. Les hôpitaux se retrouvent sur la ligne de front et il n'est pas exagéré de dire qu'un réel sentiment d'insécurité envahit certains hôpitaux. Comment interpréter ce déferlement de violence qui a lieu dans des établissements de soins et, qui assurent un service public de très grande qualité 24h/24 et ou les médecins et les infirmiers sont mobilisés de jour comme de nuit pour soigner et soulager les citoyens. Plus jamais ça Face aux agressions, à la violence et à l'insécurité qui prévaut au sein de certains hôpitaux et dont les premiers à pâtir sont les médecins et les infirmiers, il faut espérer que des mesures concrètes seront prises afin d'arrêter cette hémorragie. Le ministre de la Santé est très sensible à ce problème et entreprend tout ce qui est possible pour permettre aux professionnels de santé de mener à bien leur travail dans des conditions satisfaisantes, sans avoir à être inquiétés. Pour conclure, il faut rappeler que les agressions en milieu hospitalier restent des situations qui sont absolument inacceptables. Que les hôpitaux n'ont pas les moyens d'assurer convenablement la sécurité des personnels et des malades, que le pouvoir et les actions des agents de sécurité des sociétés privées ont des limites. Il s'agit aujourd'hui d'assurer aux hôpitaux un accompagnement des pouvoirs publics pour faire face à ce type de situation, avec la présence de forces de police sur place, de jour comme de nuit ,et plus particulièrement au niveau des urgences. Les malades, les médecins et les infirmiers désirent légitimement se sentir en sécurité à l'hôpital, c'est leur droit le plus absolu et en tant que tel, l'état doit répondre au mieux à leur demande.