(Ph. Akil Macao) Les Verts se qualifient pour la finale du Mondial des clubs Génial... Sublime... Magistral ! Qui aurait parié un sou troué pour le Raja, il y a quelques semaines, après un début de championnat mi-figue, mi-raisin? Personne ne l'aurait fait ! Par la suite, il y a eu, cette éviction subite de M'hamed Fakhir, à la veille de la compétition mondiale, sans doute, à l'issue des imputations d'Amine Erbati, cette défection inopinée de Nabil Maâloul et, enfin, cette perplexité générale qui pesait lourd sur toute l'équipe, blottie dans de beaux draps. Le Raja n'avait pas beaucoup le choix. (Ph. Akil Macao) On ne badine pas avec l'honneur et le patrimoine d'un prestigieux club ! Puis, tel un coup de magie, la délivrance s'amorce promptement, dans la famille des Verts. Ensuite, dame chance fait le reste : Faouzi Benzerti rallie le groupe et entame le déclic salutaire. L'effectif se remet à pied d'œuvre, comme si de rien n'était. Le plaisir de jouer et la fureur de vaincre s'installent, au fil des rencontres. Le petit poucet de la compétition renaît de ses cendres. Face aux Néozélandais d'Auckland City, on avait estimé que le succès était relativement «aisé», vu le statut modeste du représentant de l'Océanie. Les Mexicains de Monterry paraissaient plus compétitifs, à l'image des robustes outsiders de la CONCAF. C'est à ce stade-là, aidés par des foules enthousiasmées, que les Aigles verts ont aiguisé les serres et affuté les becs. La victoire sur les sud-Américains annonçait, pour de bon, le grand retour. La confirmation ne tarda pas à venir ! Mercredi dernier, au stade plein à craquer de Marrakech, les tifos avaient dessiné sur les gradins en hystérie, cette fameuse expression, de haute sensation émotive : «épopée». C'en est vraiment une, cette soirée-là de rêve ! Non seulement parce qu'en face, il y avait un certain Ronaldinho, le célébrissime virtuose, mais surtout cette manière d'évoluer devant les «dieux» du football. Il est vrai qu'on disait toujours que, là-bas au Brésil, en Argentine ou encore au Chili et en Uruguay, les équipes locales étaient dévidées de leurs stars, parties dans les grands clubs du vieux continent, notamment Barcelone, Réal Madrid, Manchester United, Paris Saint-Germain, Arsenal, Bayern Munich et autres. En conséquence, en dehors de ces jeunes vedettes expatriées, les championnats sud-américains s'amoindrissent et s'étiolent, en présence des joueurs de niveau bas ou des stars pressées en Europe comme des citrons et retournées au bercail. Toutefois, on ne saurait contester le mérite du Raja rivalisant avec les champions de continents, car il figure dans cette épreuve en tant que champion d'un pays et non pas d'un continent et, comme il est de coutume, le pays hôte est représenté par le champion en titre. Ce soir-là, alors, le mérite s'est confirmé par le score, mais surtout par la méthode. Malgré le stress et l'éreintement, le Raja s'est illustré, avant tout, par une capacité incroyable de se déployer en bloc cohérent, solidaire et sagace. Toutes ces qualités ne peuvent être secrétées que par les clubs aguerris, de la haute trempe. Tout au long de la rencontre, il a procédé par intermittence pour pouvoir temporiser quand bon lui semble et relever le rythme lorsque le moment lui paraît opportun. Ce maniement temporel et fonctionnel, seuls les clubs chevronnés savent le faire. De par cette variation stratégique, le Raja est parvenu, non seulement à s'articuler à merveille, mais, du coup, à désarçonner son adversaire, dans tous les compartiments du jeu. La touche du nouveau coach est manifeste, même si le manque de temps nécessaire à huiler ce mécanisme, fondé sur la maîtrise des arrières-postes et l'intrusion éclair dans les contres, lui était quasiment défavorable. On appréciera, donc, cette métamorphose dont a fait preuve le Raja, en si peu de temps, suscitant, ainsi, le délire dans le stade et l'euphorie dans les rues, à travers toutes les régions du royaume. La jubilation régnait partout, à des heures tardives de la nuit, arborant des étendards resplendissants, brandissant des oriflammes gracieuses et scandant des slogans enchanteurs. La fête dans tous ses éclats ! Depuis longtemps, jamais le peuple marocain ne s'est senti fier, digne et comblé, comme il l'est aujourd'hui, dans la liesse entière. Ce que le Raja a fait, dans le désormais légendaire temple de la ville ocre, non seulement il fait vibrer les cœurs des millions de compatriotes, mais il renvoie à une seule évidence que les «détracteurs» de l'essor sportif du pays ont constamment cherché à démolir. Le Maroc est une grande nation de défi et de la prodigalité. On a beau lui ravir cet idéal pour lequel il existe, des siècles durant, il se trouve que des sursauts sémillants finissent toujours par rembrunir les destructeurs. Le triomphe du Raja, dans l'allégresse et l'exultation, est en fait un cuisant pamphlet à tous les bas complots. Outre la prouesse du Raja qui, aujourd'hui, introduit la nation dans la cour des grands, aux palmarès légendaires, le Maroc aura également redoré son blason, en termes d'organisation et d'infrastructure. Les splendides stades d'Agadir et de Marrakech qui ne sont ni ceux de Casablanca ni de Rabat, les capitales du centre, auront pareillement à hisser notre réputation à l'apogée, sous les yeux sidérés de Sepp Blatter et consorts. Désormais, personne n'est en mesure de contrarier notre souhait le plus ardent et légitime, celui d'abriter la coupe du monde des nations. L'affluence accrue sur laquelle misent les instances internationales n'a jamais déçu, lors de cette compétition, aussi bien dans la capitale du Souss que la ville de la Koutoubia. Ceci étant, alors que le Raja aspire maintenant à poursuivre son bonhomme de chemin vers le sacre final, face à terrible équipe du Bayern de Munich, tout l'intérêt est focalisé sur la restructuration de la fédération de football. Il n'est plus question, alors, de cautionner les imposteurs du sport, tant au niveau des staffs dirigeants que des directions techniques. C'est à ce prix qu'on pourra fructifier les exploits des joueurs sur la pelouse et valoriser les valeurs de l'appartenance. Cette performance devra, en effet, inciter les dépravateurs à faire des mea culpa, au service de la nation et pousser les bonnes volontés à faire du Maroc plusieurs Raja... Le match de la finale en sera encore l'autel de la confession et le fauteuil du réel décollage... Félicitations royales SM le Roi Mohammed VI a félicité, lors d'un appel téléphonique, Faouzi Benzarti, entraîneur de l'équipe du Raja de Casablanca ainsi que tous les joueurs pour leur qualification en finale de la Coupe du monde des clubs Maroc-2013. Dans une déclaration à la chaine Al Oula l'entraineur du Raja s'est dit très honoré par ce geste royal. «Je suis très honoré par l'appel téléphonique de SM le Roi. C'est le plus grand honneur de tout mon parcours sportif. Je suis très reconnaissant à Sa Majesté que Dieu le préserve», a déclaré M. Benzarti. Et d'ajouter : «Je suis incapable d'exprimer ma joie».