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La société malade de la gestion...
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Publié dans Albayane le 25 - 11 - 2013


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C'est le titre du livre de Vincent Gaulejac (Seuil, nouvelle édition 2009) qui pointe du doigt la nouvelle idéologie en vogue, celle de la gestion et du pouvoir managérial. C'est l'autre symptôme du mal de la modernité...aujourd'hui en effet tout est managé: comprendre que toute notre vie, tout notre quotidien est livré au diktat du management et son corollaire la gestion. La GESTION : c'est le mot miracle, la potion magique pour sortir des crises, dépasser les blocages et surtout assurer une bonne rentabilité. On gère tout et partout...
Je viens de payer ma facture de téléphone fixe. J'arrive à l'agence proche de mon lieu d'habitation, la proximité géographique étant l'une des premières vertus du management global. Avant même d'accéder au lieu, je suis attiré à ma gauche par une machine gigantesque aux allures de robot. C'est à elle que j'ai eu affaire. Une série d'indications et d'instructions m'orientent. Je m'amuse presque avec un écran tactile qui m'informe de l'évolution de mon dossier. Je compose mon numéro de téléphone qui comprend lui-même un code permettant la confidentialité de l'ensemble de l'opération. J'introduis ma carte bancaire. Une nouvelle instruction me demande d'attendre quelques instants. Un léger bruit, familier pour celui qui fréquente les nouvelles machines informatisées et voilà ma facture imprimée en bonne et due forme. C'était – déjà !- fini. Toute l'opération a duré à peine le temps que j'ai pris pour vous la décrire. Je m'en vais sans avoir prononcé un mot...même pas le fameux merci –le pourboire des humbles ! Rien. Des touches, un écran, des numéros et un imprimé au bout du compte. La nouvelle trouvaille du management. Adieu les files d'attente, le stress, l'angoisse de ne pas avoir le temps de régler ses factures de fin du mois...Adieu, surtout, à cet accueil personnalisé, à cet échange souvent matinal qui me réunissait, par delà le classique comptoir administratif avec le préposé au règlement des factures. Un employé bien vivant qui selon les humeurs du jour me réservait un accueil souvent chaleureux ; me posait des questions, tout en manipulant son clavier, sur l'état de santé du cinéma marocain ou se renseignait sur le prochain festival et en profitait pour adresser une pique sévère à telle scène ou telle autre vue dans un téléfilm (le cinéphile d'en bas ne fait pas de distinction entrre un film de cinéma et un téléfilm : la sagesse même !) ou pour commenter l'apparition de tel ou tel comédien...Rien de cela ce jour-là. La machine m'a servi, efficacement et rapidement. On n'a pas perdu de temps. Et le temps, comme on sait, « is the money ». On a gagné sur toute la ligne ?
Je n'en suis pas sûr. En sortant de l'agence j'ai cherché des yeux mon interlocuteur avec qui j'entretenais un échange mensuel. Je voulais lui dire le mot que je n'ai pas pu dire à la machine...je ne l'ai pas vu ? Quel sera son devenir ? Il sera recyclé dans un autre service ; il obéira à ce que dictera le plan de gestion des « ressources humaines ». Il est un maillon qui sera comptabilisé dans l'économie globale issue du management des moyens.
Je pense alors au feuilleton des suicides en série qui ont bouleversé France Telecom et qui ont coûté son poste au patron de l'opérateur historique des telecom françaises et ont terni l'image justement du discours managérial. Près d'une vingtaine de suicide ou de tentatives de suicides en une année...de quoi désorienter des structures insolites nées dans le sillage de la nouvelle doctrine gestionnaire à l'instar de ce que l'on appelle l'Observatoire du stress, censé justement anticiper les retombées du nouveau rythme imposé au personnel, surtout les cadres. Ce sont les conséquences d'une ambiance qui transforme l'entreprise en champ de bataille où la lutte des places a transcendé la traditionnelle lutte des classes. Les cadres, les salariés vivent sous la hantise d'un hypothétique plan social qui risque de tout « casser ». Du point de vue des décideurs on n'est pas – plus- regardant sur les moyens ! « A l heure de la guerre économique, il ne sert à rien d'avoir des états d'âme » ; « pour gagner cette guerre, il faut faire des sacrifices et tout combat exige des pertes humaines ». Le livre que je vous présente aujourd'hui est une tentative lucide et tonique pour comprendre les situations qui conduisent, chaque jour, des hommes et des femmes équilibrés, intelligents à assumer et à produire une telle violence. La nécessité d'une bonne gestion a occulté toute autre considération de nature philosophique, sociale et éthique. On a l'impression que l'économie politique n'existe plus que dans sa variante gestionnaire dans laquelle l'emportent largement les considérations comptables et financières. « La rentabilité ou la mort, telle semble être la seule alternative que les gestionnaires proposent à l'espèce humaine ». C'est un contexte global où les thèses opératoires du discours managérial ont été dévoyées avec l'éthique de résultat qui se substitue à la morale.


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