2011 fut un bon cru pour le Groupe Attijariwafa bank. Le Top management se frotte les mains et prépare le terrain placé désormais sous le signe des records. Dans son nouveau plan à l'horizon 2015, la première banque privée du royaume parie sur la consolidation de son leadership et une extension de son réseau à la fois en Afrique subsaharienne et en Afrique du Nord. Le compte est bon et il en va de même pour le calendrier. « Nous sommes au rendez-vous avec une année d'avance sur notre plan stratégique », précisait Mohamed Kettani, P-DG du Groupe Attijariwafa bank, lors du point de presse, lundi, à Casablanca, à l'occasion de la présentation des résultats 2011 de la banque. En effet, la première banque privée du royaume affiche, à fin 2011, des chiffres clés de très bonne facture. Un PNB (Produit net bancaire) en hausse de 8% à 15,9 milliards DH et un RNC (Résultat net consolidé) en expansion de 12% à 5,3 milliards DH. Autres indicateurs à regarder de près : la banque continue à conforter ses ressources avec des dépôts en hausse de 6% à 295,5 milliards DH. De même, les crédits à la clientèle ont bondi de 11% à 247,2 milliards. C'est dire que la banque continue à drainer davantage d'épargne et à revitaliser l'économie. Pendant ce temps là, la banque renforce le maillage de son réseau qui compte désormais 2.352 agences, ce qui justifie, bien entendu le recrutement de nouvelles compétences. Le nombre d'employés de la banque est proche du seuil des 15.000 personnes. Autre fait significatif : la banque décroche de si beaux clients et totalise à fin 2011 5,5 millions clients dans 22 pays. Dans le détail, ces chiffres masquent un peu quelques fragilités : une légère dégradation du coefficient d'exploitation qui monte à 45,3% alors qu'il était à 43,8% un an auparavant. De même, le coefficient de solvabilité ne sera pas communiqué. Malgré une amélioration de 8%, à 30,3 milliards DH, les fonds propres paraissent peu étoffés, compte tenu de l'expansion de ses actifs financiers et un total bilan qui a bondi de 12% à 343,5 milliards DH. Ismaïl Douiri, le DG de la banque se contentera de dire que «le ratio de solvabilité est conforme aux exigences». Sans plus. Dégradation du coefficient d'exploitation Même si la banque offre l'image d'une structure solide, bénéficiant d'une stabilité du ballast et de nombreux boulons pour fixer les traverses, elle sera, sans doute, obligée de se recapitaliser en vue d'améliorer son risque crédit. D'ores et déjà, la banque fait concurrence à l'état sur le marché obligataire pour lever les fonds qui se font de plus en plus rares en ces temps difficiles sur le front des liquidités. La cession des 15% du capital par la SNI est dans l'air, depuis quelque temps déjà, mais rien ne filtre pour l'heure. « Cette option est prise depuis mars 2010. L'ouverture du capital à un nouvel arrivant doit apporter plus de valeur ajoutée à la banque », précisait le patron, en réponse à une question des analystes financiers. Le Top management prévoit aussi une participation du personnel, via une opération d'augmentation de capital qui sera « généreuse et significative », commente le P-DG. Rien d'alarmant Pour l'heure, Attijariwafa bank bénéficie de la meilleure structure des dépôts de la Place. Les dépôts non rémunérés représentent plus de 64%. Cela permet « d'éviter les DAT sur- rémunérés et mieux tarifer les crédits à la clientèle ». Pour M. Kettani, le coût des ressources est le nerf de la guerre. « Le carburant d'une banque, ce sont ses ressources. D'où la priorité à la qualité et au coût de ces ressources ». Cela dit, dans le contexte international tendu, dans le sillage de la crise européenne et le « Printemps arabe », la banque saura-t-elle tirer son épingle du jeu ou, au contraire, va-t-elle subir les effets négatifs des bouleversements que connait la scène arabe et africaine ? M. Kettani balaie d'un revers de la main ces « conclusions hâtives » : « Je ne vois pas d'effets immédiats ». 2012 sera une année de continuité et de stabilisation, dira le patron de la banque. Au Sénégal, rien d'alarmant, à part les images colportées par les médias. Attijariwafa bank continue d'opérer le plus normalement du monde », affirme Mohamed Kettani. Au Cameroun, l'acquisition de la SCB est finalisée, il en va de même en Mauritanie, précise le président. Dans le nouveau plan stratégique, il est question de « poursuivre la transformation des banques subsahariennes ». Sur le front de la finance islamique, Attijariwafa bank, M. Kettani table sur une évolution en conformité avec les dispositions réglementaires de Bank Al Maghrib. Dar Safa, qui est présente dans 9 villes marocaines, est une unité à part entière. De par son offre, elle tend à répondre aux attentes du marché. Aux yeux de M. kettani, le patron de la banque, les perspectives ne seront pas mauvaises. Bien au contraire, la poursuite du plan d'expansion, y compris dans la partie anglophone du continent africain, générera plus de profit et permettra à la banque de renforcer le coût du risque.