Débrouillardise et Ramadan Pendant le mois de ramadan, des petits métiers fleurissent sur le trottoir et près des maisons, devant les pâtisseries et les boulangeries. Des métiers naissent, d'autres changent et peut être disparaissent. Le constat : beaucoup de petits métiers aléatoires apparaissent dans les lieux à forte affluence. Outre qu'il soit le mois de rapprochement et de recueillement, le ramadan est aussi la période où l'activité commerciale bat son plein et atteint son record. A Casablanca, dans les quartiers populaires, Sidi Bernoussi, Hay Mohammadi, Hay Hassani, Sidi Moumen, l'ancienne médina, Derb Soltan, des vendeuses de crêpes marocaines «beghrir», «harcha» et «msemen», l'une à côté de l'autre, forment un petit marché. Une concurrence intense. Elles vendent le même produit, avec une différence près au niveau de la préparation. Quasiment dans tous les quartiers casablancais, des personnes d'âge différent et même des locaux non-patentés expriment leur professionnalisme pour séduire l'odorat des jeûneurs. Leur seul slogan : retenir le client par le bout du nez. Ces métiers saisonniers confirment l'adage selon lequel « l'appétit des yeux passe avant celui de l'estomac. ». Certains vendeurs font tout pour être à la hauteur des attentes, alors que d'autres se montrent moins vigilants sur la qualité et l'hygiène. Hormis les femmes spécialisées dans la vente de msemen, d'autres se font des confectionneuses de feuilles de pastilla très demandées en ce mois sacré, faisant ainsi une concurrence acharnée aux boulangeries et commerces réguliers. Les gardiens de voitures, de leur côté, profitent fort des soirées ramadanesques pendant lesquels les jeûneurs sortent. Alors que des métiers naissent, d'autres changent. Le "guerrab", marchand d'eau, ne peut plus vendre de l'eau dans la journée, encore moins pendant les soirées fraîches. Et que devient alors un mendiant dans les bus et cars ? Ce phénomène prend davantage d'ampleur pendant ce mois de Ramadan. Les mains tendues deviennent indénombrables. La vente des babouches et habits traditionnels n'échappe pas à cette tendance. Dans les boutiques à Al Houbous, les artisans montrent leur joie, en parlant de la croissance des ventes en cette première quinzaine de ramadan pour les djellabas et kaftans sans oublier le commerce de foulards, les tapis de prière et le Coran. Les jeunes chômeurs préfèrent exercer la vente de jus d'orange ou bien faire profiter de l'espace vert en créant l'ambiance via l'installation de jeux pour les enfants. Il s'agit de rendre le temps mort utile pour ne pas sombrer et chercher uniquement des bagarres. D'avis ou pas, le commerce informel et l'occupation des domaines publics est une réalité. Il permet à beaucoup de subvenir aux besoins de milliers de personnes. Sauf qu'il faut bien les encadrer, car malgré les inconvénients de cette réalité, reste une matière pour vivre et combattre la pauvreté.