Benhima au 50e SIAE Paris-Bourget La compagnie Royal Air Maroc (RAM) souhaite renouveler sa flotte avec des avions nouvelle génération, soit une progression attendue de 20 à 30 appareils supplémentaires d'ici 2020, a annoncé son président directeur général, Driss Benhima, qui s'intéresse aux nouveaux modèles présentés actuellement au 50e Salon International de l'Aéronautique et de l'Espace Paris-Bourget (SIAE), le plus grand du monde. "Ce qui me semble sûr après avoir visité le Bourget (17-23 juin), c'est que les avions d'aujourd'hui seront pour la plupart obsolètes à la fin de cette décennie. Donc à partir de 2020, il faut s'attendre à ce que les compagnies aériennes soient équipées d'avions tout à fait différents de ceux d'aujourd'hui et ce sera notre cas", a-t-il indiqué dans un entretien exclusif à la MAP. Pour le long courrier, le patron de la RAM opte pour le Boeing 787 Dreamliner, en concurrence avec l'Airbus 350, tous deux faisant partie de ces avions nouvelle génération qui "vont très vite remplacer les avions existants" au vu de leurs avantages notamment en termes de baisse de la consommation au kilomètre, "extrêmement importante d'au moins 15%". "Vu le prix aujourd'hui du carburant et les nécessités d'être de plus en plus écologique, je suis sûr que ces nouveaux avions vont très vite remplacer les avions actuels", a-t-il indiqué. Sur le moyen-courrier (moins de 200 places), M. Benhima montre un intérêt aux modèles proposés par les avionneurs européen Airbus et américain Boeing, en particulier les Airbus neo et les Boeing Max. Pour les 100 places, il cite les modèles "les plus en vue au Bourget", dont ceux de la famille CSeries de chez Bombardier ou encore des Embraer qui, comme les premiers, sont annoncés pour la fin de la décennie, sans oublier les nouveaux avions russes et chinois qui, "eux aussi, ont voulu jouer leur partie dans le marché de demain". Le PDG de la RAM s'est dit convaincu que le Maroc a tout intérêt à basculer vers les avions nouvelle génération pour ses prochains achats. "Nous voulons aussi avoir une flotte de croissance", a-t-il assuré, notant que la RAM dispose actuellement d'une cinquantaine d'avions, "mais si nous voulons continuer à résister, à se développer et à surtout protéger notre part de marché dans un transport aérien en pleine croissance, il faut que nous pensions à acheter de nouveaux avions". "Nous nous dirigeons vers des tailles plus petites que ce que nous avons actuellement, des modèles de 100 places", a précisé M. Benhima qui saisit sa présence au Bourget pour s'informer auprès des fabricants de ce qu'ils proposent "comme modèles pour l'avenir". Une étape qui sera "bien sûr" suivie, selon lui, d'un appel d'offres, conformément à la réglementation en vigueur des marchés publics où "la meilleur offre l'emportera". Habitué du Bourget, M. Benhima voit également dans ce grand rendez-vous mondial de l'aéronautique une opportunité pour retrouver les partenaires industriels de la RAM, notamment le motoriste aéronautique et spatial français Snecma qui "fabrique 80 % des moteurs Royal Air Maroc" dans le cadre d'une filiale commune ou encore Air France Industrie engagée dans un accord similaire pour l'entretien de la flotte d'avions moyen courrier de la compagnie nationale qui représente environ 40 avions. "Nous sommes en train de construire de nouveaux partenariats, dont un s'annonce très prometteur pour tout ce qui est entretien des cabines et peinture extérieure des avions", a-t-il affirmé. Le PDG de la RAM, qui devait notamment avoir une réunion de travail avec la ministre française du Commerce extérieur, Mme Nicole Bricq, en présence du Président du Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques (GIMAS), Hamid Benbrahim El-Andaloussi, tient à rappeler que la RAM a été la première entreprise au Maroc à entrer dans l'industrie aéronautique nationale, "aujourd'hui extrêmement porteuse et enthousiasmante" pour le Royaume. A travers sa stratégie, la RAM ambitionne conforter son positionnement sur trois marchés: Maroc-Europe, Afrique et long-courrier. "Très lié" au tourisme, le premier marché avec l'Europe est d'une "grande importance" pour la RAM qui reste "à la disposition" du gouvernement pour développer de nouvelles lignes en particulier sur les nouvelles stations qui peinent à attirer les compagnies Low Cost, selon M. Benhima. Il recense pour cet été, 25 % de lignes Low Cost de plus au Maroc, mais "il n'y a pratiquement pas de vols sur Ouarzazate, Errachidia, Laâyoune, Dakhla et Essaouira qui sont de grandes villes touristiques". Pour ce qui est du marché africain, M. Benhima reconnait qu'"il y a beaucoup de concurrence" en perspective mais reste confiant "à condition que notre hub de Casablanca devienne plus agréable et plus confortable pour nos passagers" (dont 45 % y font escale sans séjourner au Maroc), insistant sur l'importance de faire en sorte que "les citoyens du monde entier et en particulier nos frères africains puissent venir au Maroc plus facilement qu'aujourd'hui, notamment sur le plan administratif". "Aujourd'hui, nous sommes le troisième hub pour l'Afrique, après Paris et Londres. Je pense qu'on a tout ce qu'il faut pour être les premiers, et la concurrence des hubs de l'Est (Turquie et pays du Golfe), ne m'inquiète pas parce qu'ils sont vraiment très éloignés des marchés qui intéressent nos clients africains", a-t-il relevé. La RAM a même réussi à devenir "la deuxième compagnie africaine" derrière South Africa Airways, détrônant Egypt Air sur fond de Printemps arabe, une performance que M. Benhima attribue autant à la mobilisation de ses équipes, qu'au soutien du gouvernement, au dynamisme de la diplomatie marocaine, et à "tous les efforts déployés par notre pays vers l'Afrique, suivant les hautes orientations de SM le Roi Mohammed VI". "C'est un succès national et non simplement celui de la RAM", s'est félicité M. Benhima, se disant "très fier" que la RAM ait pu accompagner ce succès que la compagnie nationale veut consacrer en misant "beaucoup" sur l'extension de sa coopération et de son commerce avec l'Afrique, qui devient "un continent de croissance". Le secteur du long courrier est le troisième marché à fort potentiel vers lequel la compagnie aérienne nationale veut orienter son développement, d'après son PDG qui ambitionne de porter leur nombre à dix, contre cinq actuellement. "En gros, nous avons besoin de 15 nouveaux moyen-courriers sur place et cinq long-courriers (lignes longue distance) dans les plus brefs délais", a conclu M. Benhima. La RAM avait réalisé, en 2012, son meilleur résultat d'exploitation depuis 15 ans, avec 718 millions de dirhams. Cette performance intervient après une période difficile due à une conjoncture défavorable (crise économique et financière, hausse du prix de pétrole, printemps arabe, crise du tourisme et concurrence des low cost).