Commémoration de l'amazighité à Tiznit L'association Tairi-n-Wakal (Amour de la terre) que préside l'artiste et militante amazighe Fatima Tabaamrant a tenu, samedi dernier à Tiznit, la commémoration du second anniversaire de la constitutionnalité de la langue amazighe. Une opportunité pour mettre le point sur le bilan et les perspectives de cette démarche historique. Pour ce faire, les organisateurs ont jugé bon de rassembler autour d'une conférence, une flopée de juristes et d'enseignants chercheurs. Au cours de cet important échange sur l'officialisation de tamazight, l'assistance a été, sans doute, impressionnée par l'éminente communication du bâtonnier Abdelatif Ouammou, intitulée «le pluralisme linguistique et l'enjeu démocratique». De prime abord, l'intervenant a insisté sur l'importance de la consécration des langues autochtones et leur rôle dans la consolidation de la démocratie, tout en soulevant, dans ce sens, deux dates mémorables, à savoir le discours d'Ajdir, il y a presque douze ans (7 octobre 2001) et la reconnaissance constitutionnelle de l'Amazighité, deux auparavant. En fait, la langue constitue un outil d'information et de communication, un vecteur de connaissances et valeurs, une expression de cultures, un symbole du patrimoine culturel, un facteur décisif de la formation de l'identité, un credo de la constitution sociale...Cependant, constate-t-il, environs de la moitié des langues à travers le monde est menacée de disparition (6000 langues), une centaine de langues seulement est soumise à la scolarisation...A ce propos, la langue amazighe était exposée à l'exclusion par moult opposants à son existence. Toutefois, on se réjouira de son adoption non seulement en tant que langue officielle, mais constitue également un acquis, un réconfort, une victoire pour l'avenir et une auto-révolution. A cet égard, Abdelatif Ouammou constate qu'afin de relever le défi démocratique, il va falloir fortifier la pluralité linguistique et assurer le respect de la différence identitaire. Ces performances, enchaine-t-il, devraient passer par le principe de l'égalité et par la participation aux chantiers du développement pérenne. Dans le même ordre d'idées, il va aussi falloir renforcer le pluralisme linguistique, à travers l'amélioration des politiques linguistiques et l'appropriation des conditions d'apprentissages des langues...Nonobstant, des diverses contraintes d'ordre intellectuel, idéologique, identitaire et technique entravent cette démarche émancipatrice. D'autre part, l'orateur affirme que l'amazighité n'est plus une revendication culturelle et linguistique, mais politique, abordant pareillement de nouvelles thématiques aux aspects développementaux (eau, terre, domaine forestier, expropriation...). A cet effet, l'orateur a mis en exergue les cinq caractéristiques de l'identité marocaine, en l'occurrence la géographie africaine, l'origine amazighe, les constituantes culturelles arabo-islamique, arabe, sahraoui hassani, les confluents africain, andalou, hébraïque, méditerranéen, aspirant à la modernité et l'ouverture sur d'autres langues, notamment le français, l'espagnol, l'anglais...dans le même sillage, le dirigeant politique a souligné que le pluralisme aux cinq fondements suscités ne pourrait servir l'identité nationale que si on commence d'abord par être fiers de notre authenticité et nos sources. En plus, ce pluralisme linguistique et culturel ne saurait nous être utile que si l'on en fait usage à bon escient, en termes de développement durable. Enfin, Abdelatif Ouammou affirme que la reconnaissance de Tamazight en tant que langue officielle est, en fait, une reconnaissance de la multiplicité linguistique et culturelle dans notre pays.