Soulever la problématique de la mort subite du sportif, c'est se remémorer des images qui restent dans les mémoires, de jeunes footballeurs qui s'écroulent lors d'un match. L'exemple qui m'a le plus marqué, c'est celui de feu Youssef Belkhouja, un jeune et talentueux sportif, né le 16 Juillet 1975 et décédé le 29 Septembre 2001 en plein match (Raja - Wydad) à cause d'une crise cardiaque. Cet article a pour but de faire prendre conscience aux uns et aux autres, pour que cela ne se reproduise plus jamais. La mort subite du sportif est un décès imprévisible survenant pendant la pratique sportive. Elle est principalement due à une fibrillation ventriculaire qui correspond à un trouble grave du rythme cardiaque qui se caractérise par l'abolition de toute contraction du myocarde ventriculaire (muscle des ventricules cardiaques). Ces contractions sont normalement organisées et efficaces, elles permettent ainsi l'éjection du sang vers extérieur du cœur. Chez les patients présentant une fibrillation ventriculaire, ces contractions efficaces sont remplacées par une trémulation ventriculaire, c'est-à-dire des contractions localisées anarchiques et inefficaces. Cette fibrillation ventriculaire est compliquée par une cardiopathie coronarienne débutante qui n'a pas été diagnostiquée. Rapidement, l'ensemble des organes se retrouvent totalement privés d'oxygène. Des lésions cérébrales irréversibles s'observent dès la troisième minute d'arrêt cardiaque. Une intervention immédiate coordonnée est nécessaire pour augmenter les chances de survie. La mort subite du sportif est souvent perçue comme incompréhensible, car brutale et touchant des individus bien portants qui semblaient en excellente santé. Que faut-il faire ? L'épreuve d'effort Il faut savoir que la mort subite du sportif n'est pas une fatalité et a fortiori quand il s'agit d'un footballeur professionnel. C'est pour éviter que ce genre de drame ne se reproduise, que des mesures strictes doivent être prises, les jeunes footballeurs devront obligatoirement subir un test de résistance à l'effort. Objectif, détecter leurs éventuelles malformations cardiaques. Le rôle de l'épreuve d'effort est surtout de forcer le cœur à augmenter son débit donc sa fréquence, mais heureusement en présence du spécialiste. On mesure en même temps la tension artérielle et d'autres paramètres comme la respiration et la consommation d'oxygène. Il arrive que ce travail cardiaque extrême déclenche ce que l'on appelle des troubles du rythme, un peu comme si le ventricule "s'emballait" et que le cœur ne soit plus du tout efficace pour faire circuler le sang. La mauvaise circulation du sang fait chuter dramatiquement la tension artérielle (collapsus) et même il est possible de voir le cœur incapable de contracter harmonieusement, chacune de ses fibres se comportant comme elle le veut (fibrillation ventriculaire). C'est alors très dangereux, et l'arrêt cardiaque peut survenir. On détecte par ces épreuves d'effort certaines maladies cardiaques dont le sportif ne savait pas qu'il était porteur. D'autre part, il y a des sportifs qui se dopent en prenant des médicaments qui sont responsables d'apparition de troubles du rythme. Dans ce cas, l'arrêt de la drogue sera suivi du retour à la normale de l'activité cardiaque pendant l'épreuve d'effort. D'autres fois l'épreuve d'effort servira à montrer que les coronaires qui lui apportent l'oxygène dont lui-même à besoin, ont un débit insuffisant à partir d'un certain effort. L'examen de l'épreuve d'effort doit être réalisé par un spécialiste qui est le mieux placé pour conduire cette exploration. Le cardiologue est donc le mieux placé, il possède l'équipement indispensable pour l'épreuve d'effort, des médicaments et un matériel d'urgence pour le cas où le sportif aurait un malaise. Même si l'épreuve d'effort est normale, cela ne signifie pas obligatoirement que tout risque est exclu, (une boutade consiste à dire que les soi-disant bien portants meurent en bonne santé !) de ce fait, les clubs et les fédérations et les sportifs doivent savoir combien il est utile de se soumettre à un suivi sérieux en ce domaine. Quelles sont les causes de ces morts subites ? A chaque fois on retrouve une quasi certitude de l'existence d'une affection vasculaire sous jacente. L'activité sportive n'étant que le révélateur d'une maladie cardiaque méconnue. Deux causes dominent : 1 / les affections coronariennes, c'est-à-dire une pathologie des artères qui nourrissent le muscle cardiaque 2 / la cardiomyopathie hypertrophique, c'est-à-dire un cœur ayant une cloison entre les deux ventricules exagérément grosse. Il s'agit d'une affection congénitale qui peut être amplifiée par la pratique du sport. S'ensuit un gène à l'évacuation par l'aorte et des troubles de conduction à l'intérieur du cœur, des troubles du rythme pouvant être gravissimes. Comment peut-on prévenir ? Il faut savoir que le risque zéro n'existe pas, mais on peut mettre en place tous les outils et moyens indispensable pour garantir le maximum de sécurité aux sportifs dont les footballeurs. Cette approche ne peut être efficace que si le suivi médical par des praticiens spécialistes est assuré régulièrement, que chaque club puisse fonctionner avec une équipe médicale qui assurerait, d'une part, l'éducation et le suivi des sportifs, et, d'autre part, la mise en place des bilans en collaboration avec les cadres administratifs et l'encadrement technique. Pour faire émerger une politique de prévention sportive. Parler de la prévention dans le domaine de la pratique sportive doit nous inciter à toujours avoir présent à l'esprit que toute médecine préventive digne de ce nom passe par l'anticipation des catastrophes. Ce n'est pas toujours le cas, bien des manifestations sportives de haute facture se déroulent sans la présence d'une équipe de médecins réanimateurs. Il est enfin temps de se doter d'une couverture sanitaire efficace lors des manifestations sportives, il faut exiger la présence d'une équipe de réanimateurs, d'une logistique en état de fonctionnement, d'une équipe rompue à des tâches précises, dans un circuit parfaitement défini, il s'agit de précéder l'événement, d'être prêt quand il se produit, et non pas de se mettre à la recherche de untel ou untel quand la catastrophe est là. Dans le cas d'un accident cardiaque, la lutte contre le temps est essentielle : on dispose de trois minutes pour sauver une vie. Des gestes qui sauvent une vie Il est donc indispensable que pompiers, médecins et responsables de la Protection civile connaissent leurs tâches et que celles-ci soient parfaitement coordonnées. En outre, il faut que soit mis à la disposition des praticiens spécialistes des ambulances bien équipées et non pas des véhicules où le minimum vital n'existe pas. Toujours dans le cadre de la prévention, il est utile de rappeler que les conseils du médecin spécialiste sont importants et qu'il faut suivre les recommandations des cardiologues du sport, en retenant l'importance de signaler au médecin l'existence d'antécédents familiaux d'accidents cardiaques, de conseiller aux “vieux seniors” de plus de 35 ans un test d'effort. Il semble de plus capital de prendre en compte les petits signes avant coureurs qui souvent sont intervenus, douleurs thoraciques, vertiges, palpitations etc... Mais surtout à petit et moyen niveau l'importance d'une activité régulière, d'une assiduité aux entraînements car on sait de façon formelle que le risque diminue avec l'activité régulière. Enfin tous les spécialistes de la médecine du sport ainsi que les médecins réanimateurs reconnaissent que des mesures efficaces existent, mais on ne les met pas en place, certains plaident pour que les stades soient pourvus de défibrillateurs automatiques ce qui en pratique peut faire facilement augmenter les chances de survie. Il faut également que les joueurs eux-mêmes puissent être capables de pratiquer un massage cardiaque pour pouvoir intervenir immédiatement auprès d'un de leurs coéquipiers. Les 10 règles d'or 1/ Je respecte toujours un échauffement et une récupération de 10 min lors de mes activités sportives 2/ Je bois 3 à 4 gorgées d'eau toutes les 30 min d'exercice à l'entraînement comme en compétition 3/ J'évite les activités intenses par des températures extérieures +30° 4/ Je ne fume jamais 1 heure avant ni 2 heures après une pratique sportive 5/ Je ne prends pas de douche froide dans les 15 min qui suivent l'effort 6/ Je ne fais pas de sport intense si j'ai de la fièvre, ni dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal (fièvre + courbatures) 7/ Je pratique un bilan médical avant de reprendre une activité sportive intense si j'ai plus de 35 ans pour les hommes et 45 ans pour les femmes 8/ Je signale à mon médecin toute douleur dans la poitrine ou essoufflement anormal survenant à l'effort 9/ Je signale à mon médecin toute palpitation cardiaque survenant à l'effort ou juste après l'effort 10/ Je signale à mon médecin tout malaise survenant à l'effort ou juste après l'effort Ces recommandations devraient permettre à tous d'éviter les accidents cardiaques qui sont souvent prévisibles. D'ici là pratiquer votre sport favori mais sans forcer.