Végétal ligneux de taille élevée, dont le tronc ne se ramifie qu'à partir d'une certaine hauteur, l'arbre est un être vivant, un milieu de vie dont le rôle écologique est important. Il est, aussi, un élément de paysage qui constitue un patrimoine à protéger. Mais, hélas, à El Jadida, on ne le considère pas en tant que tel. L'avenue Mohammed Er- rafiî. C'était l'ancien principal cœur commercial battant lors du protectorat et durant les années 60. Juxtaposant le marché central, une entité historique en pleine désuétude, cette artère, rien qu'à elle seule, est une vraie mémoire de l'ancien Mazagan pour les Jdidis ayant poursuivi leurs études primaires à l'ex- école Clémenceau, l'actuelle Mohamed VI. Beaucoup de ces personnalités Jdidies, dont de hauts commis de l'Etat, viennent à ce lieu pour se rappeler leur enfance et pour en parler aux leurs. Beaucoup d'entre elles avaient contribué à planter les arbres longeant cette historique voie. Malheureusement, elle s'est transformée pour devenir une artère sans âme. Des immeubles insipides ont pris la place des charmantes et accueillantes demeures et boutiques. La main de l'homme ne s'est pas arrêtée, hélas, à ce niveau. Outre la défiguration de cet espace, elle efface toute une mémoire riche en abattant ou en tuant les arbres. On les coupe ou on use d'autres moyens pour les tuer. Le mauvais exemple vient, surtout, de l'actuel président du Conseil municipal qui édifie un immeuble dans cette avenue. Il n'a trouvé de mieux que d'enlever quatre palmiers de l'intérieur de la villa détruite et qui lui donnaient une beauté exquise et de couper, enfin, 4 arbres du devant l'immeuble sans aucune pudeur. L'acte s'est propagé pour toucher d'autres propriétaires de commerces dont les arbres gênent la devanture ou un accès. Le cas de «Kass Krout» qui a passé un coup de peinture sur deux troncs d'arbres devant lui et qu'il a camouflé par un autre coup de chaux. Imaginons ce que cause comme méfaits la peinture sur un tronc d'arbre. Devant ces agissements, que dit la loi ? Selon la législation nationale, l'abattage, le déplacement ou la transplantation d'un arbre nécessite une demande de l'intéressé exposant les motifs de ce déplacement (entrée de maison, de garage, de magasin, etc.). Après cette demande, une commission locale se déplace sur les lieux pour établir un constat et prendre une décision. S'il y a gêne, les services de la ville se chargent de l'abattage ou du déplacement. Si aucune destruction n'est justifiée par la commission, il est demandé à la personne concernée de s'abstenir de toucher à l'arbre sous peine de poursuite légale. Les palmiers, eux, sont protégés par un Dahir royal. Les arbres urbains abritent une biodiversité. Les oiseaux et les insectes y trouvent refuge. Ces arbres participent également à la production de l'oxygène et consomment du gaz carbonique. Le patrimoine arboré contribue, également, à la régulation de la température atmosphérique urbaine. Conscientes du rôle de l'arbre, certaines villes d'outre- mer ont élaboré une «Charte de l'arbre urbain». Quant à la communauté internationale, elle a fait du 21 mars « Journée mondiale de l'Arbre ». Le président croit se permettre tout. Mais il y a une législation que chacun, quel que soit son rang, se doit de respecter. S'il pense s'en être sorti, il y a, heureusement, toujours une justice quelque part.