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Slat Al Fassiyin a été sauvée
Publié dans Albayane le 18 - 02 - 2013


Le dernier projet de feu Simon Levy enfin inauguré
C'était certainement celui qui lui tenait le plus à cœur. Fassi fier de sa ville et de son histoire, Simon Levy ne cessait de le répéter : «c'est une page unique de l'histoire du judaïsme marocain, c'est fondamental pour comprendre ce judaïsme et ses spécificités».
Slat Al Fassiyin (la synagogue des Fassis) à Fès pose de par son nom une question : pourquoi au sein du mellah de Fès une synagogue serait-elle celle des Fassis ?
Pour comprendre, il faut revenir à 1492, date fatidique pour le Judaïsme espagnol qui verra l'expulsion d'Espagne de ceux d'entre les juifs qui refusaient la conversion au christianisme et préférèrent s'exiler. Le Maroc en accueillit un grand nombre à côté d'autres villes nord-africaines et de la Sublime porte. Ceux qui vinrent au Maroc s'installèrent dans bon nombre de villes : Tanger, Tétouan, Meknès et Fès pour ne citer que les plus importantes.
Leur arrivée à Fès ne pouvait pas passer inaperçue. De langue castillane, habillés à leur mode et amenant dans leurs bagages la première imprimerie du Maroc, ils se virent confronter à une communauté arabophone installée dans la ville depuis sa création. Un antagonisme qui allait jusqu'au rite puisque les arrivants priaient selon le rite séfarade (serfat en hébreu signifierait Espagne) et les locaux selon leur rite qu'ils pratiquaient alors déjà depuis 1500 ans.
Voici donc les ingrédients réunis pour une belle guerre de clocher. D'un côté les mégorashim (les exilés) hispanisants et séfarades, héritiers de l'Andalousie et de son âge d'or et de l'autre les toshabim ou beldiyin qui considéraient les nouveaux venus comme az miyin (judéo-arabe pour azam). Chacun allait donc prier selon son origine dans un lieu où il était parmi les siens, enterrait ses morts selon sa tradition et se mariait selon la loi de ses ancêtres.
Slat Al Fassiyin était donc la synagogue des «beldiyin» avec son recueil de prière «Ahabat Ha-Qadmonim» qui fut édité au 19e siècle à Jérusalem.
La fusion des deux groupes fut lente et n'annihila jamais complètement cette particularité identitaire au sein du judaïsme marocain. Nombre sont ceux aujourd'hui qui revendiquait encore leur appartenance aux toshabim et mettent en exergue leur sensibilité beldiya».
Simon Levy, dépositaire de ce savoir qu'il aimait faire partager, commença son œuvre pour cette synagogue... en 1972, date à laquelle la synagogue fut fermée. Il essaya alors vainement d'en acquérir la clé. Le local fut transformé en atelier de tapis puis en club de boxe. La bâtisse en elle-même date de la fin du XVIIe siècle. Le Mellah de Fès sortait d'une période de répression religieuse orchestrée par le pouvoir de la Zaouia de Dila qui avait fait fermer quasiment toutes les synagogues de Fès, arguant qu'elles n'étaient pas antérieures à l'Islam et donc illicites. L'avènement de la dynastie Alaouite rendit la liberté de culte aux juifs de Fès et fit grossir la population par l'arrivée de 1300 familles déportées de la Zaouia de Dila que les Alaouites venaient de raser.
Cette arrivée créa un besoin de nouvelles constructions et celles-ci furent édifiées adossées à la muraille de Fès-jdid. Parmi ces nouvelles constructions, la synagogue des «toshabim Slat AL Fassiyin».
Depuis le début des années quatre-vingt-dix du siècle passé, la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain, dirigée par Simon Levy, entreprit son œuvre d'inventaire et de restauration. Au Mellah de Fès, Slat Ben Danan située au derb Al Farran tahti fut néanmoins la première qui fut restaurée par la Fondation. L'équipe qui se constitua alors, formée de l'architecte-restaurateur Med Hassani Ameziane, de l'Ingénieur entrepreneur Khalid Bennani et de Simon Levy, rassemblait les compétences idéales pour cette œuvre.
Slat Al Fassiyin restait encore loin et le chemin jusqu'à son inauguration le 13 février 2013 fut long et sinueux... un hasard permit un jour d'éveiller l'intérêt de diplomates allemands. Cette histoire de coexistence entre juifs et musulmans, et cette volonté de mettre en valeur un patrimoine culturel juif en terre d'Islam à l'heure où l'intolérance et l'obscurantisme font des ravages fit basculer la décision. L'Allemagne se chargera de financer intégralement la restauration de la synagogue.
Il restait néanmoins un problème de taille : une partie de la synagogue avait été vendue... La communauté juive de Fès n'en possédait que les deux tiers. Simon Levy dut s'y prendre à deux fois pour réunir les fonds nécessaires au rachat, les premiers fonds lui furent tout simplement bloqués par un jaloux immobiliste. Qu'à cela ne tienne, la tâche était trop importante, il se remit à l'œuvre et en 2010 les travaux purent enfin commencer.
En novembre 2011, Simon Levy gravement malade demandait à Zhor Rehihil, la conservatrice du Musée du judaïsme marocain de Casablanca d'aller à Fès et d'assurer la continuité du projet. Son décès le 02 décembre 2011 le privera de voir cette œuvre accomplie.
Le mercredi 13 février 2013, Norbert Lammert, président du Parlement fédéral allemand, venu pour participer à l'inauguration, résume bien la beauté du moment : «un chef de parlement chrétien et chef de gouvernement d'un pays musulman inaugurent une synagogue ». Placée sous le haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, cette inauguration rassemble une pléiade d'hommes politiques de tout bord, d'académiciens et de journalistes.
Jacques Toledano, président exécutif de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain, infatigable artisan de l'inauguration et généreux mécène nous confie : «Je continuerai l'œuvre de Simon Levy, ce qu'il a entrepris doit vivre». En sa qualité de dirigeant de Musée du judaïsme marocain, il a entrepris la rénovation de ce dernier et projette sa réouverture en mars 2013.


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