Promouvoir la croissance économique Le 12e sommet de l'Organisation de la Coopération islamique (OCI) s'est ouvert mercredi au Caire avec la participation du Maroc. Ce sommet, auquel SM le Roi Mohammed VI est représenté par le chef du Gouvernement, Abdelilah Benkirane, se tient dans un contexte régional particulièrement délicat sur les plans politique, sécuritaire et économique. En plaçant ce Sommet sous le signe "le monde musulman : nouveaux défis et opportunités en expansion", l'OCI veut attirer l'attention sur le contexte exceptionnel actuel qui exige des pays islamiques de mobiliser leurs capacités, de faire preuve d'un réel esprit de solidarité et de serrer leurs rangs face aux dangers qui guettent le monde islamique. Pour l'OCI, qui constitue le porte-voix de la Oumma islamique, la région islamique dispose de fortes ressources humaines avoisinant 25 % de la population mondiale, d'énormes richesses minières avec 65 % des réserves du pétrole, 58 % de réserves de gaz naturel et 20 % de terres arables du globe. Malgré cet impressionnant profil, le PIB combiné des Etats membres de l'OCI ne représente que 8,3 % du PIB mondial, soit un taux de loin inférieur à celui des autres groupements régionaux. Selon des statistiques officielles, 21 des 57 Etats membres de l'OCI font partie des pays les moins avancés où les populations vivent avec moins de 1, 5 dollar par jour et 42 autres sont classés parmi les pays à déficit alimentaire, parmi lesquels 17 sont de l'Afrique subsaharienne. Pire encore, les taux moyens de chômage dans certains Etats atteignent jusqu'à 30 % de la population active, contribuant ainsi à la persistance des crises sociopolitiques associées à l'absence de processus politiques participatifs et de gouvernance économique inclusive et transparente. Dans ce sens, le secrétaire général de l'OCI, le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu, a déclaré que l'objectif est de donner des réponses aux préoccupations de la nation musulmane sur tous les plans. Sur le plan politique, ces préoccupations concernent les moyens "d'ouvrir la voie à un système pleinement démocratique, et d'assurer la pleine participation de la population dans la bonne gouvernance pour mettre fin à la corruption et de promouvoir la croissance économique". Le sommet se tient avec la participation des représentants des pays membres de l'OCI à l'exception de la Syrie, à cause des évènements en cours dans ce pays et qui ont fait depuis leur déclenchement en 2011 plusieurs milliers de morts et de blessés. La crise syrienne s'invitera donc à l'ordre du jour du Sommet, appelé à prendre une position claire qui tienne compte de la complexité de ce dossier et de ses répercussions sur l'équilibre et la stabilité régionale. Il va sans dire que la question palestinienne figurera en tête des priorités de ce Sommet, l'objectif étant d'aboutir à une position et une vision communes à même de soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour mettre fin à l'occupation et créer son Etat indépendant avec Al Qods orientale pour capitale, et d'exercer davantage de pressions sur Israël pour renoncer à sa politique de judaïsation dans la ville sainte. Le sommet évoquera aussi la recrudescence des vagues d'extrémisme et d'instrumentalisation de la religion, la montée de l'islamophobie en Occident, et les moyens à mettre en œuvre pour la promotion du dialogue et de la tolérance et la préservation de la paix et la sécurité internationales. Ce sommet, qui sera couronné par "la déclaration du Caire", examinera aussi la situation dans plusieurs pays notamment le Mali, la Somalie, l'Afghanistan et le Soudan, et procédera à l'élection d'un nouveau secrétaire général de l'organisation pan-islamique en remplacement au Turc Ikmeleddin Ihsanoglu, dont le mandat prendra un terme à la fin de 2013. Les violences perpétrés contre la minorité musulmane des Rohingyas dans l'ouest de la Birmanie, et qui ont fait des dizaines de victimes seront également au centre des travaux du Sommet. Outre le volet politique, le sommet devra aborder d'autres sujets liés au développement économique et social dans les pays membres de l'Organisation, qui compatissent des répercussions de la crise mondiale. Basée à Djeddah (Arabie Saoudite), l'OCI se fixe aussi pour mission, depuis sa création en septembre 1969, à l'occasion de la réunion historique de Rabat à la suite de l'incendie de la mosquée Al-Aqsa, le soutien du peuple palestinien dans sa lutte pour l'établissement d'un Etat indépendant sur l'ensemble de ses territoires. En mars 1970, la première Conférence islamique des ministres des Affaires étrangères, tenue à Jeddah, procède à la création du Secrétariat général de l'Organisation chargé d'assurer la liaison entre les Etats membres et de coordonner leur action. Dans la foulée de ses premières réunions, l'OCI a décidé la création du comité Al-Qods en 1975, dont la présidence est assurée depuis lors par SM le Roi du Maroc. Selon sa charte adoptée en 1972, l'Organisation se fixe pour objectifs de consolider la solidarité et la coopération entre les pays membres dans les domaines politique, économique, social, culturel et scientifique et de soutenir la lutte des peuples musulmans pour la sauvegarde de leur dignité, de leur indépendance et de leurs droits nationaux. Elle a aussi pour vocation de coordonner l'action des Etats membres pour sauvegarder les Lieux Saints, œuvrer à éliminer la discrimination raciale et le colonialisme sous toutes leurs formes, et de créer un climat propice à la promotion de la coopération et de la compréhension entre les pays islamiques. L'OCI chapeaute la Banque islamique de développement (BID) qui, fondée en 1975, accorde des prêts à faibles taux d'intérêt pour aider au développement des Etats membres et des minorités musulmanes des pays non affiliés. La BID a annoncé en mai 2007 à Dakar le lancement, à l'initiative du Roi Abdallah d'Arabie saoudite, d'un Fonds de solidarité islamique pour le développement (FSID) devant, à terme, être doté de 10 milliards USD afin de contribuer à "l'éradication de la pauvreté" dans les pays membres. Aujourd'hui, au seuil d'une nouvelle étape dans un monde en profonde mutation, l'Organisation de la Conférence islamique est surtout confrontée aux défis de la mondialisation, aux grandes disparités des niveaux de développement de ses membres et à la montée des velléités extrémistes et islamophobes.