Au-delà des pénuries qui frappent le département de la santé dans notre pays, en termes de dispositif infrastructurel et surtout de ressources humaines (plus de 9000 infirmiers et 7000 médecins), l'aspect défrayant toute la chronique de cette hécatombe ravageuse, est plutôt comportemental. On a beau doter nos multiples structures hospitalières de potentiel équipementier, pharmaceutique, paramédical et sanitaire, le secteur est viscéralement rongé de pratiques quotidiennes d'une vilité ahurissante. A Agadir, à titre d'exemple, le fléau dépasse toutes les limites, en matière de dépravation et de corruption, au su et au vu de tout le monde. Certes, on ne peut mettre tout le personnel dans le même sac, puisque nombre de compétences médicales sont imbues de civisme et d'altruisme exemplaires. Mais, malheureusement, elles se comptent au bout des doigts d'une main, comparativement à la majeure partie de leurs collègues qui ne fait que souiller cette profession de haute noblesse. Une simple tournée dans les parages dévoilerait les grabuges d'une conduite malsaine, dans moult compartiments du centre hospitalier. Aussi bien le staff infirmier que le corps médical, on ne respire que par le «soutirement» de l'argent des patients, même ceux, hélas, qui prétendent être détenteurs de valeurs «socialistes». A l'hôpital Hassan II, l'aubaine est alléchante ! Aux urgences comme à la maternité, en passant par les divers pavillons, la «voracité» est monnaie courante. Le «soudoiement» fait légion, avec des «complices» véreux du privé. On fait volontairement «caler» le scanner afin d'obliger les malades à aller se faire traiter hors de l'institution publique. On fait croire que les articles parapharmaceutiques manquent à l'hôpital pour transférer malicieusement les demandeurs à se les procurer auprès des boutiques sises dans la rue d'en face. On ne s'attardera point à deviner que ces-dits articles (plâtre, seringue, bandage...) se font discrètement «détourner», en brouettes, à ces vendeurs par certains médecins inciviques, par le biais des agents de sécurité de l'hôpital, comme c'est le cas dans celui d'Inezgane. Aujourd'hui, l'infamie sanitaire est au paroxysme ! Le ministère de tutelle devra se lever tôt pour mettre fin à toute une culture dysfonctionnelle qui s'est incrustée, des décennies durant. Des mesures courageuses ont déjà été initiées, générant des colères au sein de ceux qui se la coulaient douce pendant des lustres, mais également des satisfactions dans les milieux de la société. Des résistances, des réserves, des ripostes..., mais il est bien évident qu'un jour viendrait quelqu'un qui assumerait et passerait à l'action, qu'on le veuille ou non. Des unités d'inspection atterrissent, maintenant, dans les hôpitaux pour acculer les personnels à respecter les démarches et les décisions prises, avec conviction et audace. Le combat contre la culture de la triche est de longue haleine. Cela ne fait que commencer...