L'immigration féminine marocaine dans les études d'investigation en Espagne Eu égard à la forte représentation de l'élément féminin au sein du collectif marocain et sa croissante visibilité dans l'environnement socioprofessionnelle, des travaux de terrain se sont développés dans les communautés autonomes (région) à forte concentration de la main-d'œuvre marocaine. Ces travaux s'inscrivent dans les politiques d'intégration promues dans les communautés autonomes. Les programmes d'intégration de l'immigration appliqués et financés par les gouvernements régionaux sont, en outre, élaborés sur la base des résultats de travaux d'investigation et d'universitaires de différents camps académiques. De même, la quasi-totalité des études publiées en Espagne sur la femme marocaine sont des thèses de doctorat, essais publiés dans les revues académiques, rapports d'instituts universitaires ou démoscopiques (sondages d'opinion). Les premiers sérieux travaux en la matière, qui remontent au début des années 90, s'appuyaient sur les théories anthropologiques et sociologiques déjà appliquées dans d'autres sociétés européennes pour connaître les points de similitude et de différence existant entre la femme marocaine et la femme espagnole. En général, les chercheurs s'intéressent à l'analyse des traits culturels d'une femme arabo-musulmane et aux efforts d'adaptation à sa nouvelle société d'accueil. C'est la raison pour laquelle, il existe une terminologie générique utilisée dans les études réalisées dans d'autres pays dotés d'expériences en politique migratoire, tels la France. Pour récupérer le retard accumulé sur ce terrain, les chercheurs espagnols s'inspirent aussi bien de la méthodologie que des théories appliquées dans ces pays qui ont élaboré leurs propres modèles migratoires. En général, les études vont de pair avec l'arsenal juridique national et les normes appliquées par l'Union européenne. De là, surgit l'intérêt pour certains concepts qui changent de signification relatifs au phénomène migratoire dans chaque société conformément à l'intensité du débat politique autour du modèle migratoire adopté. Dans les cercles universitaires espagnols, le débat demeure encore ouvert pour la difficulté d'appréhender les véritables traits d'un modèle migratoire propre et la diversité qui caractérise la communauté étrangère avec une forte présence latino-américaine et maghrébine (marocaine surtout). Ces groupes sont totalement distincts quant aux coutumes, traits physiques et engrenage idéologique. Il y a aussi une approche qui tend d'expliquer particulièrement les causes de la migration féminine marocaine en s'appuyant sur des théories de l'immigration qui apparaissent compatibles et complémentaires. Comme il s'agit d'une immigration économique et volontaire, les chercheurs espagnols se sont appuyés dans leurs travaux sur une base théorique commune avec une référence multiple. Il suffit de citer la théorie néo-classique qui insiste sur les raisons salariales et sociale et le coût des voyages ; la théorie de la nouvelle économie de la migration qui analyse le projet migratoire comme un engagement familial ; la théorie du marché dual qui situe le phénomène moratoire dans l'équation centre-périphérie ; la théorie de la reproduction qui permet le soutien de la famille à bas coût par le biais du regroupement ou de transfert de devises ; la théorie des systèmes mondiaux qui explique la présence des marocains comme conséquence du cycle de prospérité que traversait l'Espagne. Dans le répertoire des études éditées à partir de 1998, il y a certains de facile accès pour le grand public qui se distinguent par l'objectivité de l'auteur et d'autres par la richesse de l'argumentation au plan théorique. Quatre communautés autonomes connaissent une abondante production académique sur l'immigration féminine marocaine en Espagne : Andalousie, Catalogne, Madrid et Valencienne. Dans la Communauté autonome d'Andalousie, par exemple, les auteurs, généralement des anthropologues des universités de Grenade, Malaga et Huelva se sont occupés des processus d'installation des femmes marocaines en Espagne en se référant à leurs propres travaux de terrain, à des sources secondaires ou aux travaux de chercheurs marocains et français et théories classiques sur les mouvements humains et les migrations. Certaines études ont traité récemment de la condition des “fraiseras" ou travailleuses marocaines dans la cueillette de fraises dans la province de Huelva. A un autre niveau de réflexion, viennent des essais et thèses de doctorat qui explorent l'environnement socioprofessionnel, prenant comme sources les récits oraux de femmes venues en Espagne avec l'illusion d'améliorer le bien-être de leur famille ou accéder à un style de vie différend de celui de leur pays d'origine. L'absence d'une macro-enquête sociologique et de travaux empiriques sur les effets des réformes introduites au Maroc depuis le début de la transition politique, en 1998, invitent à entamer une profonde réflexion en Espagne sur l'évolution des attitudes de la société à l'égard des droits humains, l'égalité et le respect mutuel entre les deux sexes et comprendre les raisons profondes qui incitent la femme marocaine à émigrer.