De tous les ministères celui qui passionne le plus est sans conteste le département de la santé. Vous devez trouver cela un peu prétentieux, exagéré ou même injustifié. Pourtant à bien y regarder ce raisonnement est amplement justifié, motivé et plus que mérité. Vous êtes certainement nombreux à penser comme moi que la santé est une des premières préoccupations de nos concitoyens. En tous les cas, les différents reportages réalisés sur ce sujet confirment ce choix Que pouvons-nous penser de ce secteur vital ? Quel regard portent aujourd'hui les Marocains sur le secteur de la santé ? Quelles sont leurs attentes ? Des questions et tant d'autres qui suscitent une réflexion et des réponses. Avec l'avènement du nouveau gouvernement et la nomination des nouveaux ministres, la donne est en train de changer. Le département de la santé est confié au professeur Lahoucine Louardi, un professionnel de santé hors pair, une sommité du monde médical, connu et respecté par ses paires tant au niveau national, régional qu'international. Outre ses capacités professionnelles, le professeur Louardi est un gestionnaire confirmé, doyen de la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca depuis 2005, il a su redonner à cet établissement une notoriété internationale puisque des centaines d'étudiants accourent de plusieurs pays européens et africains pour parfaire leur formation médicale au sein de cette faculté modèle. Le ministère de la santé sous l'ère de Mme Yassmina Baddou a réalisé de bonnes choses, c'est pourquoi nous ne pouvons que nous féliciter de son passage au département de la santé même si des voies s'élèvent pour dénigrer sa gestion et les réalisations qui vont avec sans oublier les nombreux débrayages et conflits qu'à connus ce secteur. Nous sommes certains qu'avec la désignation du professeur Lahoucine Louardi à la tête du ministère de la santé, les choses évolueront, s'amélioreront, les esprits se calmeront et les différents dossiers litigieux connaitront des issues qui satisferont l'ensemble des parties. Instaurer un climat de confiance Pour ce faire, il est évident que des concessions doivent voir le jour de part et d'autre, que la sagesse doit prévaloir et que le dialogue serein, sincère, franc doit être privilégié. Le secteur de la santé de par les missions nobles qui sont les siennes, de par les actions qui sont entreprises quotidiennement par les professionnels de santé pour améliorer le niveau sanitaire des Marocains, mérite une implication constante de la part de tous les acteurs qui contribuent à ce développement. Ces mêmes professionnels (médecins, infirmiers et administratifs...) méritent d'être reconnus dans le travail qu'ils accomplissent avec amour, abnégation, dextérité et altruisme. Il est clair que le nouveau ministre de la santé, le professeur Lahoucine Louardi qui a plusieurs années d'expérience, qui a toujours côtoyé les différentes catégories de professionnels, qui connaît parfaitement la situation des uns et des autres, les attentes de chaque catégorie, saura répondre comme il se doit à ses attentes. C'est un défi qu'il convient de relever, mais pour cela, il est essentiel que les professionnels de santé fassent preuve de patience et de réalisme. Les syndicats professionnels doivent de leur côté faire preuve de sagesse et donner du temps au temps pour permettre au nouveau locataire du département de la santé de bien étudier chaque dossier. Pour relever ces nouveaux défis, il faut absolument faire confiance au nouveau ministre de la santé. Nous sommes persuadés que chaque dossier fera l'objet d'un intérêt particulier. Il est clair que le nouveau ministre saura mieux que quiconque comprendre, entendre et respecter les professionnels de santé, respecter l'essence de leur activité, respecter leur désir de moins de bureaucratie, de moins de paperasse, leur besoin de simplicité, de simplification, leur besoin de sécurité aussi, pour mieux se consacrer à leur pratique médicale, à leurs patients, à eux-mêmes et à leurs familles. Et il faut aussi le dire sans tabou, ce n'est pas seulement poser la question de leur rémunération, c'est accepter de revoir à la hausse leurs salaires et leurs indemnités en prenant en compte la qualité du travail fourni. Les défis à relever - Moralisation des établissements hospitaliers Le secteur de la santé ce sont des gestes répétés des milliers de fois par jour, ce sont des centaines d'accouchements, des milliers d'examens biologiques ou radiologiques effectués, des milliers d'interventions chirurgicales, des hospitalisations par centaines, des malades qui sont pris en charge au niveau des urgences. Bref ici et là au niveau des différents hôpitaux du royaume se vivent au quotidien des moments forts dans la vie de nombreux citoyens. Des événements heureux, d'autres malheureux, mais toujours est-il que nos établissement sanitaires répondent toujours présents quand il s'agît de faire face à une demande de soin qu'elle soit urgente ou non. Mais comme j'ai l'habitude de le dire, il y a parfois un mais. Ici en l'occurrence, il est question des agissements, des comportements vils de certains agents qui nuisent à l'image de marque de nos établissements hospitaliers. Il s'agit de la corruption. C'est un point noir qui mine le secteur de la santé et qui pourra empêcher toute reforme digne de ce nom, le phénomène de la corruption gangrène bien des structures sanitaires. Sur ce chapitre, l'ancien ministre de la santé Yassmina Baddou avait elle -même reconnut l'étendue du mal. Il est clair que ce dossier épineux fera partie des préoccupations urgentes du professeur Louardi qui est très intransigeant là-dessus S'ajoutent à cela la démotivation des personnels infirmiers, la gestion archaïque des équipements sophistiqués qui est génératrice de pannes répétées et de détérioration rapide, et qui a pour effet de déprécier davantage le système de santé. Le gaspillage est aussi pointé du doigt que ce soit pour l'eau, l'électricité, le téléphone, les médicaments, les gaz médicaux (oxygène, protoxyde d'azote), les films radiologiques, le carburant.... - Modernisation et gestion des établissements de santé La modernisation des établissements hospitaliers doit aussi être une des priorités du ministre de la santé. Plusieurs hôpitaux ont plus de 50 ans d'âge, ils sont dans un état de vétusté qui ne permet plus la pratique de la médecine de pointe et parallèlement d'offrir aux malades des conditions d'hébergement satisfaisantes Dans ce même ordre d'idées, nos hôpitaux nécessitent la mise en place d'une nouvelle gouvernance qui soit à même de leur conférer une gestion efficace, cohérente qui fait appelle à des profils bien déterminés. La nomination aux postes de responsabilité de médecins sans expérience avérée en remplacement de ceux qui ont de grandes compétences, qui ont bénéficié de formation pointues, et pour lesquels le ministère de la santé a investi des sommes considérables, devrait être prise en considération par la nouvelle équipe qui a la lourde tâche de gérer le ministère de la santé. La gestion déplorable des hôpitaux publics qui souffrent à ce jour d'un manque de compétence managériale pour les directeurs des hôpitaux, les infirmiers chefs des services dont un grand nombre n'ont ni les compétences, ni le profil sont reste aussi un grand défi qu'il faut relever. Préserver le service public Le service public doit garder sa véritable raison d'être. Il est au service des citoyens et non le contraire. Les directeurs des différents hôpitaux doivent avoir présent à l'esprit que l'hôpital remplit avant toute chose une noble mission, celle du service public et qu'à ce titre, il est tenu d'accueillir et de soigner toute personne qui s'y présente quelle que soit la gravité de son état ou ses possibilité financières. Mais malheureusement dans les faits, ce qui retient le plus l'attention, c'est sans conteste l'attitude arrogante, pour ne pas dire méprisable, de certains responsables au niveau de certains établissements hospitaliers, qui n'hésitent pas une seconde à écarter du circuit des soins de pauvres citoyens démunis. Ce qui s'est passé cette semaine à l'hôpital Avicennes de Rabat est tout simplement inadmissible. Cette situation, nous l'avons dénoncée à plusieurs reprises sur ces mêmes colonnes, nous n'hésitons pas une seule seconde à condamner aujourd'hui ces attitudes anti citoyennes, Il faut absolument que cessent une bonne fois pour toute, les injustices sociales, les inégalités dans l'accès aux soins, que ce soit à l'hôpital Ibn Sina ou ailleurs. Les hôpitaux sont des établissements publics où peuvent se faire soigner toutes les catégories de malades, ceux qui peuvent payer, ceux qui ont une assurance maladie, mais aussi et surtout ceux qui sont démunis. C'est ça le service public, c'est l'égalité des chances pour tous, de ce fait, il est clair que les citoyens marocains qui n'ont pas de moyens, ceux qui sont pauvres ont aussi le droit d'être bien soignés. Au P.P.S, nous avons toujours défendu le droit à la santé pour tous, nous continuerons à le faire fidèles en cela à nos engagements que nous respectons. - Dépenser mieux pour soigner mieux Le professeur Lahoucine Louardi est un fervent défenseur de cette approche. Pour y parvenir, il y a des choix qui doivent s'opérer. Eu égard aux moyens dont dispose le ministère de la santé, on n'a pas mille possibilités. Premièrement, il faut mettre clairement le cap sur la prévention et si l'on veut dépenser mieux pour soigner mieux, il est essentiel pour ce faire que chaque médecin, chaque infirmier, chaque administratif puisse se sentir responsable. Il est aussi indispensable que s'instaure un climat de confiance entre tous les professionnels de santé. Il nous appartient de dessiner dès aujourd'hui le système de santé que nous voulons pour notre pays, celui qui répondra le mieux aux réels besoins de santé de notre population. Une fois arrêté ce programme national de santé, on devra se fixer des objectifs clairs à atteindre sur les 5,10, 15 ans. Nous connaissons les défis qui se présentent aujourd'hui à nous, l'allongement de la durée de la vie de nos concitoyens qui va impliquer des besoins de santé d'un nouveau genre, la mortalité maternelle et infantile, les ressources humaines insuffisantes, le financement de la santé qui est un handicap majeur, les iniquités entre régions, la formation, la formation continue, la technologie. Autant de problèmes qui interagissent entre eux et auxquels on doit trouver des solutions adaptées. Notre système de santé n'est certes pas le meilleur du monde, mais il faut reconnaître que nous sommes dans certains domaines de la médecine à la pointe du progrès et notre système de santé est accessible à tous. C'est ce qui fait sa force. - Privilégier la prévention Dépenser mieux pour soigner mieux et garantir un système de santé efficient, nous pouvons relever ce défi, c'est un challenge qui est a notre portée Nous connaissons tous l'adage qui dit «mieux faut prévenir que guérir». Nous l'appliquons depuis des lustres, mais aujourd'hui, en matière de santé, on se doit d'être plus ambitieux. On ne veut pas choisir entre l'un et l'autre, on veut l'un et l'autre pour notre système de santé, à la fois guérir et prévenir. Car si prévenir c'est empêcher l'apparition de certaines maladies, c'est aussi réduire les inégalités de santé pour permettre à l'ensemble de nos concitoyens de pouvoir bénéficier des mêmes compétences, des mêmes moyens, des mêmes médicaments, de la même technologie… Soulever la problématique de la prévention en tant que moteur dans l'instauration d'un meilleur état de santé de notre population doit nous inciter à donner une grande priorité à la lutte contre les drogues, le tabac et l'alcool. A agir encore et plus dans le domaine de la santé buccodentaire, dans la lutte contre l'obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète, la lutte et la prévention du Sida, le dépistage précoce des cancers. Comme on le voit, c'est un grand chantier qui attend la nouvelle équipe, il est désormais clair que celle-ci se doit d'accélérer ses efforts pour asseoir sur des bases solides et saines les reformes que va connaître le secteur de la santé. La tâche ne sera pas aisée , ce ne pourra pas être du ressort d'une seule personne, c'est l'affaire de tous, pas seulement du ministère de la santé, du nouveau gouvernement, c'est aussi et avant tout l'affaire des professionnels de santé, des élus locaux, des différents organismes qui gèrent l'AMO, celle aussi des différentes associations qui soutiennent les malades, c'est l'implication du secteur privé dans ce grand chantier novateur, et bien plus encore, c'est l'affaire de tous les Marocains. Comme on le constate, il y a du pain sur la planche. Il n'est pas dit que la nouvelle équipe pourra tout régler tout de suite comme par un coup de baguette magique. Il faut traiter chaque problème avec une approche pragmatique, remédier à ce qui peut l'être et envisager des solutions radicales si nécessaires. Nous reviendrons sur ce vaste et passionnant sujet de la santé.