une préoccupation politique et sociétale majeure au Maroc Rachida Tahiri : On ne veut pas entendre d'un quelconque recul en matière des droits de la femme Nouzha Skalli : La lutte contre la violence faite aux femmes, un devoir et une cause nationale La députée Rachida Tahiri, membre du groupe du progrès démocratique à la Chambre des Représentants, a affirmé, lundi à Rabat, que son groupe ne veut pas entendre que le gouvernement dont fait partie le Parti du progrès et du socialisme (PPS) ait provoqué un quelconque recul dans la promotion des droits de la femme au Maroc. Réagissant à l'exposé présenté par le chef du gouvernement sur la promotion des droits de la femme marocaine, à l'occasion de son passage mensuel devant la Chambre des Représentants, la députée, également membre du Bureau politique du PPS et ardente défenseure des droits humains, s'est d'emblée félicitée des réalisations accomplies au profit de la femme marocaine, précisant que ces progrès sont venus couronner le combat mené par les forces progressistes, le mouvement féminin et les organisations de la société civile. La coalition gouvernementale dont fait parti le PPS se doit d'aller de l'avant en mettant en œuvre sans plus tarder les dispositions de la nouvelle Constitution, laquelle consacre l'égalité homme- femme et garantit à cette dernière tous ses droits politiques, civiques, économiques et culturels. Tout en revenant sur le bilan hautement positif de la lutte pour la promotion des droits de la femme, elle a plaidé pour le renforcement de tous ces acquis en s'appuyant et en appliquant notamment les conventions internationales relatives aux droits de la femme ratifiées par le Maroc, les dispositions de la nouvelle Constitution, les institutions créées dans ce domaine et tout l'arsenal juridique et les lois organiques en cours d'élaboration par le gouvernement. Selon la députée, toutes ces nouvelles données profitent amplement à la femme marocaine, regrettant toutefois que la loi organique relative à la nomination dans les hautes fonctions n'ait pas prévu de mesures précises garantissant la parité, principe constitutionnel dont la mise en œuvre doit concerner tous les secteurs. Elle a renouvelé aussi, à l'instar d'autres députées, son appel au chef du gouvernement pour «corriger l'erreur» découlant de la nomination d'une seule femme ministre, ajoutant qu'il est également impératif d'harmoniser la législation nationale avec les conventions internationales et de déployer un effort supplémentaire pour consolider les droits des femmes. Nouzha Skalli : la lutte contre la violence faite aux femmes, un devoir et une cause nationale Pour sa part, la députée Nouzha Skalli, membre du groupe du Progrès démocratique et du Bureau politique du PPS, a affirmé que la lutte contre la violence faite aux femmes devrait être considérée comme un devoir et hissée au rang de cause nationale transcendant les clivages politiques. La violence à l'égard des femmes est une forme de torture et une atteinte aux droits humains des femmes. La violence domestique est une catastrophe car l'espace familial qui devrait être un lieu de cohésion, de sécurité et de socialisation des enfants devient un lieu d'insécurité et de violence, a-t-elle expliqué. Après avoir rappelé que la violence domestique comporte la violence à l'égard des femmes, la violence à l'égard des enfants et la violence à l'égard des petites filles employées comme petites bonnes, la députée est revenue sur les acquis réalisés en matière de lutte contre le phénomène, précisant que l'article 22 de la Constitution interdit toute atteinte à l'intégrité physique ou morale de quiconque. Ces acquis ont été rendus possibles, grâce aux luttes du mouvement féminin et de la société civile, au leadership de SM le Roi Mohammed VI et aux efforts des différents gouvernements qui se sont succédé depuis le gouvernement d'alternance en 1998, a-t-elle dit. Elle a cité dans ce cadre l'élaboration et la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes en 2002 et de son plan d'action en 2004. Pour ce qui est du programme Tamkine, a-t-elle affirmé, il a été lancé en 2008 en tant que programme multisectoriel. Il est considéré au niveau international comme une expérience pilote en matière de gouvernance de la lutte contre la violence à l'égard des femmes et de coordination des politiques publiques en la matière, a-t-elle ajouté, appelant le gouvernement à faire connaitre les résultats de l'évaluation internationale de ce programme et à mettre en place la phase 2 dudit programme. Elle a par ailleurs exprimé son regret de constater qu'aucune campagne nationale de sensibilisation contre la violence à l'égard des femmes n'ait été organisée cette année entre le 25 novembre, journée internationale dédiée à cette cause et le 10 décembre journée internationale des droits de l'Homme, comme ce fut le cas au cours des 9 dernières années, à l'exception d'une conférence organisée le 19 décembre à Rabat. Elle a appelé à faire connaitre aussi à l'opinion publique les résultats du système d'information institutionnel, mis en place sous le précédent gouvernement et dont les chiffres n'ont pas été publiés et l'état dans lequel se trouve le centre d'écoute national doté d'un numéro économique pour recevoir les plaintes des femmes victimes de violence. Il est également urgent de procéder la réforme du code pénal pour le mettre en adéquation avec l'approche des droits humains de la Constitution et non plus l'approche du chapitre 8 qui parle de crimes et délits contre l'ordre des familles et la moralité publique. Toutes les groupes parlementaires de la majorité et l'opposition, sans exception aucune, se sont prononcé d'ailleurs au profit du renforcement des droits de la femme ainsi que pour davantage d'efforts contre l'exclusion et la violence faites aux femmes. Tout le monde s'est montré d'ailleurs critique envers la lenteur de l'action du gouvernement, en ce qui a trait notamment à la mise en œuvre des dispositions de la Constitution et de l'avancement des travaux d'élaboration des lois organiques (des finances, de la régionalisation, réforme des caisses de retraite, préparatifs des prochaines élections, etc.). Nombre de député(es) ont reproché au gouvernement la lourdeur dans la mise en œuvre des dispositions de la Constitution en matière de parité et de lutte contre la violence à l'égard des femmes, ainsi que le retard pris dans la création de l'Instance de la parité. Benkirane : La question du genre ne doit pas faire l'objet de surenchères Réagissant aux interventions des différents groupes parlementaires, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane a considéré que la question du genre ne doit en aucun cas faire l'objet de surenchères, car même dans les pays que d'aucuns considèrent comme avancés dans ce domaine, hommes et femmes ne cachent plus leur déception de la tournure prise par les évènements et la désintégration de la cellule familiale. Le traitement d'un tel phénomène doit être fait de manière calme et pesée, loin de toute précipitation ou copiage aveugle de ce qui est fait sous d'autres cieux et en particulier en Occident, a-t-il dit. Il a par ailleurs estimé nécessaire pour le gouvernement de prendre son temps dans l'élaboration des textes de lois relatives à la situation des femmes, car il s'agit en dernier ressort du devenir de la famille marocaine, dont la survie dépend avant tout du rôle prépondérant de la femme. Il a appelé par ailleurs le ministre de l'Education nationale à faire preuve de discrimination positive au profit des femmes, l'invitant à affecter les jeunes institutrices dans les villes et les jeunes instituteurs dans les campagnes. S'agissant de la lutte contre la violence faite aux femmes, son élimination requiert l'adoption de mesures préventives et de nouvelles dispositions juridiques visant à sévir de manière ferme contre les auteurs de tels actes, a-t-il ajouté. Il a en outre fait savoir que le gouvernement se penche sur l'élaboration des stratégies requises pour la consécration des droits économiques, sociaux, politiques et civiques des femmes, question qui préoccupe au plus haut point l'équipe gouvernementale. Selon lui, la situation de la femme a connu un bond en avant, suite à l'adoption du code de la famille, du code de la nationalité et du code du travail. Tous les acquis constitutionnels de la femme ont pris la forme d'engagements dans le cadre du Programme gouvernemental 2012-2016 qui prévoit 17 mesures d'appui à l'égalité homme-femme, a dit le chef du gouvernement. Il a rappelé dans le même ordre d'idées que le département en charge du secteur poursuit la mise en œuvre du programme multisectoriel «Ikrame» dédié à l'égalité homme-femme. Ce programme a pour buts de consacrer l'égalité, lutter contre toute forme de discrimination et de violence et promouvoir la représentativité politique, économique et sociale des femmes.