Le modèle multiconfessionnel menacé par la montée intégriste Le modèle «socioculturel libanais est de plus en plus menacé par la montée de l'intégrisme islamiste dans une région en passe d'être chamboulé par la guerre civile en Syrie et le printemps arabe» qui a porté des islamistes au pouvoir, a indiqué le ministre libanais de l'Energie et de l'eau, M.Gebran Bassil. Le prétendu «printemps arabe» s'est révélé être «un hiver glacial et une plongée dans l'ère des ténèbres», a tenu à souligner M. Bassil, lors d'une rencontre avec la presse, tenue en fin de la semaine dernière à Paris, à l'occasion du 69e anniversaire du Liban, précisant que ce qu'on est convenu d‘appeler «printemps arabe» a fait remplacer «des dictatures par des gouvernements islamistes extrémistes», et que les mouvements inspirés par Al-Qaeda sont «en plein essor». Et de noter que les conséquences de tout cela n'ont pas tardé à apparaître : les propositions de législations islamistes (Egypte), la prohibition de certaines manifestations et activités artistiques et culturelles dans les pays dirigés par des gouvernements issus du «printemps arabe». L'apparition d'un fanatisme religieux est tout à fait «étranger au Liban et à sa société multiconfessionnelle», a-t-il expliqué, ajoutant que les attaques terroristes, même contre «les pays parrains», nous font penser à une «récidive façon Ben Laden». Dans le sillage de son analyse de ce qui se passait et se passe au Moyen-Orient, le ministre libanais a critiqué les positions prises par les pays occidentaux envers l'accaparement du pouvoir par les partis islamistes, estimant que les expressions de surprise et de regret ne «suffisent plus» et que ce qui est exigé aujourd'hui, c'est de «changer les politiques occidentales qui nous menacent tous». Les manœuvres artificielles cherchant à absorber les radicaux dans des encadrements politiques larges et de les reconnaître, afin de les apaiser «ne résolvent pas le fond du problème», a-t-il dit, imputant la responsabilité du chamboulement de la région aux politiques des pays occidentaux qui ont privilégié deux «axes d'intérêts» : la sécurité d'Israël aux dépens des droits des peuples de la région et la sécurité de l'approvisionnement du pétrole. Alors nul ne peut, poursuit-il, garantir la sécurité d'un Etat, notamment Israël, lorsque son entourage plonge dans l'insécurité et la violence. Nul ne peut également maintenir la prospérité économique d'un Etat, notamment Israël, lorsque son voisinage souffre d'une récession et de pauvreté. Dans le modèle socioculturel libanais, les chrétiens ne sont pas les descendants des rescapés des croisades, pas plus que les musulmans ne sont les «descendants des rescapés des vagues d'invasions mamelouk, ottomane et autres régimes obscurantistes. Ils descendent du prophète, ce sont des gens de paix et de miséricorde», a-t-il évoqué, rappelant à cet égard que les responsables libanais ne cessent d'avertir la communauté internationale de la gravité de la situation au Moyen-Orient, et que le Liban ne ménage aucun effort pour s'intégrer dans la sphère de sa région, tout en conservant son modèle sociopolitique multiconfessionnel. M. Bassil tire enfin le signal d'arme en avertissant que l'extrémisme religieux pourra plonger toute une civilisation dans les «ténèbres et personne ne sera à l'abri de la violence que générera l'explosion des sentiments raciaux et fondamentalistes; aucune limite ou frontière ne pourra les contenir. Ces crimes pourront atteindre les gens mêmes qui les ont laissé se développer».