Les intentions et les façades... L'imposant rassemblement qui a eu lieu à Taroudant autour de trois concepts clés, à savoir le tourisme, l'artisanat et les produits du terroir, aura mis le paquet pour doter la région Souss Massa Drâa, à l'instar de moult régions du royaume, d'une activité d'envergure. Il s'agit donc d'une initiative, intitulée «Salon international de développement des arrières pays», sous le mot d'ordre central «Les milles et une couleurs du Maroc». L'exhibition aurait coûté la bagatelle de 12 millions de dirhams que d'aucuns considéraient comme exorbitante, d'autant plus que l'aspect fanfaron qui sentait l'extra-événement monté de toutes pièces, versait quasiment dans l'absurde. En fait, cette interprétation serait bien confortée par la manière avec laquelle s'est déroulée la cérémonie d'ouverture, tournée à la pure dérision. En voulant trop faire, on finit par tomber dans le ridicule, quoique les speechs des ministres, respectivement du Tourisme et de l'artisanat, ainsi que celui du Wali de la région Souss Massa Drâa, aient renfermé des passages pertinents, en termes de conjugaison des idées et de fédération des énergies pour la synergie du potentiel naturel pluriel et fécond. Le salon étendu sur la superbe esplanade fontainière de la cité impériale s'articule autour d'un espace d'exposition et d'une aire de conférences dont les objectifs convergent vers la valorisation des multiples ressources de l'arrière-pays. Cette manifestation qui s'insère dans la vision globale de la stratégie 2030, mise en avant par la province de Taroudant, en mutualité avec toutes les constituantes de cette vaste zone regroupant presque une centaine de collectivités territoriales, ambitionne également de tirer des dividendes de la croissance dont bénéficieraient les citoyens des patelins les plus reculés, des retombées bénéfiques sur le Maroc profond, en parfaite harmonie avec le Maroc proche. Tout l'effort est alors focalisé sur le produit local, sauf l'exécution... du Salon lui-même, truffée de bourdes et de bévues. Effectivement, pour édifier toute cette nomenclature, on aura fait appel au «centre» au détriment de la «marge», au niveau du staff d'organisation, agence de communication, impression, hôtesses, logistique..., comme si la région à laquelle sont destinées les retombées de l'action étaient des incompétents. Tout a été «importé». Même la conférence de presse d'annonce de l'événement qui devrait se tenir, en principe, sur les lieux du salon, a été «expatriée» Casablanca, et s'est tenue à l'hôtel Régency. Un «Timitar» bis, dans tous ses états ! On déplorera pareillement le fait que tous les documents du Salon ne contenaient aucun signe amazigh, alors que cette langue identitaire, reconnue dans la Constitution marocaine, ne saurait être désormais occultée, d'autant plus qu'on a privilégié une langue étrangère au côté de l'arabe. Cette bavure répugnante a beau être «raccommodée» vainement par les quelques mots en tamazight, lancés par Touria Alaoui, au côté de Aziz Saadallah, modérateurs infortunés de cette ouverture tournée à la dérision, personne n'en serait dupe. On ajoutera aussi que cette manifestation se tient au premier jour sacré de l'hégire qui, normalement, devrait être épargné. De même, la manifestation s'est clôturée le dimanche, 18 novembre, anniversaire de l'indépendance. C'est dire que les organisateurs ayant occulté et marginalisé la langue et la culture amazighes, les potentialités locales et régionales ainsi que les traditions de la région, ont également ignoré les deux évènements, 1er Moharram et 18 novembre. Cependant, on aura apprécié les communications des différents intervenants aussi bien nationaux qu'étrangers, autour du tourisme rural solidaire, de la construction de l'identité et de la promotion du territoire, des investissements et de création des entreprises... Les institutionnels et les professionnels experts en matière du développement pérenne auront, de bout en bout, défriché ce qu'on a appelé communément le nouvel espace développemental dont Taroudant serait, par excellence, pionnière, de par son nouveau plan d'action 2030, mis en place par le gouverneur qui se trouvait, lors de ce Salon, entre la marteau et l'enclume des deux «complices». En fait, il semble bien que d'aucuns aient découvert à l'œil nu les manœuvres des instigateurs aux fins louches, conclues par le biais de marchés sous-jacents, sous le signe de la fanfare dérisoire!