Exploiter le potentiel de l'arrière-pays pour en faire de grandes destinations touristiques. C'est l'une des principales nouveautés de la politique touristique nationale. La démarche vise à assurer une cohérence de la stratégie touristique au niveau régional, avec celles de l'artisanat et de l'agriculture. Autrement dit, il s'agit de passer par le tourisme pour dynamiser le tissu économique et social, mais aussi désenclaver les zones rurales dans le respect de l'environnement et de l'identité historique et culturelle locale. Le projet pilote de cette stratégie sera lancé à Taroudant, à 80 km à l'est d'Agadir. C'est dans ce cadre que cette province de la région du Souss-Massa-Draâ abritera, du 15 au 17 novembre prochain, la première édition du SIAPAT (Salon international du développement de l'arrière-pays à Taroudant). L'initiative est née de la stratégie de développement de Taroudant à l'horizon 2030, dont un des axes stratégiques est la lutte contre l'enclavement de son territoire. L'évènement, dédié à la promotion touristique et au développement des arrière-pays, se veut un espace de rencontres, d'échanges et de débats entre les acteurs du tourisme, de l'artisanat et des produits du terroir. Le salon tentera de fédérer l'ensemble des acteurs concernés autour d'un projet commun de développement durable, afin de contribuer au désenclavement des villes de l'intérieur, dont certaines souffrent encore de l'enclavement. L'accent sera également mis sur «le tourisme responsable», «l'artisanat solidaire» et «les produits du terroir». Le SIAPAT abritera un village de plus de 5.000 m2 répartis en deux espaces. «L'espace conférences» accueillera les séances plénières et les ateliers thématiques, avec la participation d'experts nationaux et internationaux. Les débats permettront d'adopter «une feuille de route» pour le développement de l'arrière-pays. Quant à «l'espace exposition», ouvert aux professionnels et au grand public, il servira de vitrine aux huit territoires touristiques définis dans la vision 2020, ainsi qu'à la province de Taroudant. Dans le cadre de sa stratégie de développement à l'horizon 2030, Taroudant met actuellement en œuvre 237 projets de promotion de l'arrière-pays, dont un reliquat de 166 à l'horizon 2030. La province compte sur son potentiel naturel pour s'imposer comme l'une des destinations de premier plan de l'arrière-pays. Lahcen Haddad, ministre du Tourisme «Le tourisme de l'arrière-pays est une niche qui a de l'avenir» Les Echos quotidien : Qu'est-ce qui explique aujourd'hui, le choix de mettre le cap sur le développement des arrière-pays ? Lahcen Haddad : C'est un tourisme qui n'occupe pas une grande place pour le moment, mais c'est une niche très importante. Elle sera dans l'avenir très prisée par les touristes. Il y a beaucoup plus de demande sur le tourisme équitable, sur le tourisme vert, écologique et des arrière-pays. Pour nous, c'est aussi une façon de démocratiser le tourisme, dans le sens où ce sont les arrière-pays et les populations locales qui auront ainsi l'occasion de présenter leurs produits et leurs cultures. C'est aussi une manière de territorialisation au niveau marocain. Ces villages pourront donc mettre en avant leur potentiel. Les défis ne manqueront certainement pas dans la réussite de cette stratégie... Effectivement, plusieurs défis vont se poser. Notamment en ce qui concerne la commercialisation. Il faut surtout voir comment adosser les arrière-pays aux grandes destinations. Par exemple, Taroudant, Tiznit, Tafraout, seront arrimés à la région balnéaire d'Agadir. El Haouz, Kelaa des Sraghna seront adossés à Marrakech. Khénifra, Azrou, et les destinations environnantes accompagneront la zone de Meknès et de Fès. Les produits du terroir et les cultures de l'arrière-pays seront donc arrimés aux grandes destinations prisées par les touristes. Ces projets vont jouer deux rôle. Le premier est qu'ils vont promouvoir le tourisme vert et équitable. En second lieu, ils offriront des produits d'animation aux touristes. En quoi cette nouvelle orientation peut-elle être bénéfique à la Vision 2020 ? La vision 2020 vise à territorialiser l'offre, dans le sens où le Maroc dispose de huit territoires touristiques homogènes et qui constituent des destinations à part entière. Nous ne pouvons pas uniquement développer la vocation de territoire (balnéaire ou culturel), sans prendre en considération l'environnement de cette destination.