Les français font leurs adieux à l'année de 2011, dans une ambiance sociopolitique teintée d'une grande interrogation sur le retour de la croissance économique en France, après douze mois passés dans une inquiétude feutrée, engendrée par la crise financière souveraine, qui a pu entraîner un certain nombre de pays membres de la zone euro dans les abysses de la récession. Le premier soleil de l'année 2012 allait briller sur une France à deux tendances sociopolitiques principales. La première représente ceux qui défendent un Etat- providence, protecteur de made in France, préservant les acquis sociaux des années glorieuses, et proposent d'interdire la délocalisation des entreprises. Les défenseurs d'une France protectrice s'inspirent du fait qu'une large frange de la société française juge que l'Union européenne (UE) ne suscite plus l'enthousiasme des français, qui, selon un sondage d'opinion, voient d'un bon œil “?la fin de l'euro.” Et nourrissant l'espoir du retour à la monnaie nationale le franc. Alors que le deuxième courant défend avec conviction inébranlable une France occupant une place d'avant-garde dans une Europe unifiée politiquement et économiquement. Estimant que sans cela, l'Hexagone n'est en fait qu'un petit pays insulaire. Une telle vision d'une France dans une Europe unifiée est défendue par le président Nicolas Sarkozy avec acharnement et obstination. Ces positions seront nettement distinguées et développées en thèmes des campagnes électorales de la présidence en 2012. Ces campagnes vont passer à la vitesse de croisière dans les mois à venir, dans un contexte franco-français, marqué par une sorte de régression de confiance dans l'action politique et une croissance économique nettement en berne. Les prévisions de croissance pour l'année 2012 ont officiellement été revues à la baisse, passées de 1,75 % à 1 % à 1 % en 2012, alors que l'Observatoire français de conjoncture économique (OFCE) prévoit une récession de “?-1,7 %?” en 2012. Si cette réalité nettement négative se confirmait, il aurait été difficile pour tout nouveau gouvernement français, issu des élections présidentielle et législatives de 2012, quelle que soit sa couleur politique, de corriger, en l'espace d'une année, un déséquilibre budgétaire abyssal, pour ne pas dire ainsi structurel. Ce défi deviendrait de plus en plus difficile à relever quand le phénomène du chômage ne cesse de prendre de la dimension, touchant, d'après de récentes statistiques, 10 pc de la population active, avec un cumul de dette publique atteint la barre de 1600 milliards d'euros. Un autre facteur exogène vient à son tour brouiller les voyants du tableau de la croissance en 2012, et qui pourrait éventuellement compliquer le processus de retour des comptes publics à l'équilibre escompté, c'est la mise de l'Etat français sous surveillance négative par les agences de notation. Cela signifie clairement que la France, quatrième économie mondiale, est menacée de perdre sa note de triple A (AAA), et ce si elle ne revenait pas à court terme au niveau de dette toléré par le pacte de stabilité européenne fixé à 3 pc du PIB, au lieu de 5,3 actuellement. Cela veut dire aussi que si l'Etat français ne parvient pas à assainir ses finances publiques et redémarrer le moteur de la croissance, la mise sous surveillance pourrait conduire ces agences à sanctionner l'économie de l'Hexagone par une dégradation effective de sa note de solvabilité. Ce qui va alors fournir aux acteurs financiers l'occasion d'avoir le droit de regard sur l'économie française, qui se retourne chaque année vers les marchés extérieurs afin de lever les quelque 180 milliards d'euros pour soutenir les investissements publics. Ainsi une fois un pays ayant subi une dégradation de sa note, il devient par la suite une cible facile des prédateurs financiers, en lui louant l'argent très cher sur les marchés internationaux. L'exemple le plus éloquent qu'on peut citer à cet égard, est celui de la Grèce et de l'Italie, devenues proie des spéculateurs, après dégradation de leur note de solvabilité, due à l'élévation hors norme de leurs dettes souveraines, estimées respectivement à 350 milliards d'euros, 1900 milliards d'euros. Face aux déséquilibres financiers et à la menace de la dégradation de la note de triple A, agitée par les trois agences d'évaluations de risques réels et potentiels, l'Etat français a décidé une purge collective en deux plans?: augmentation de la TVA de quelques catégories de produits de consommation, associée à une suppression de quelques niches fiscales, et réduction des dépenses publiques. Ces plans de “rigueur/ou de bonne gouvernance”, sont destinés à ramener le déficit sous la barre de 4,5 % en 2012, au lieu de 5,3 actuellement, en vue de neutraliser la nuisance des gourous de la spéculation aux commandes des marchés financiers, et qui n'hésitent pas à se servir de leur puissance capitalistique pour prendre le pas sur les politiques et imposer sa volonté aux Etats pris dans le creux des vagues. La radicalisation de la crise financière venue d'Outre-Atlantique, suite à l'éclatement des billes financières (subprime) à fin 2007, a poussé le président français, Nicolas Sarkozy, et la Chancelière allemande, Angela Merkel, à convoquer un sommet européen marathonien à Bruxelles, consacré à aider les pays de la zone euro à sortir de la spirale de crise financière, et ce par le biais d'un consensus autour d'élaboration d'un plan de sauvetage financier. Les premiers responsables des deux pays constituant le noyau dire de l'Europe des 27 avaient la certitude insoupçonnable que si rien n'est fait à temps, la monnaie unique l'euro sera exposée à une explosion inévitable, avec des impacts dévastateurs sur toute l'architecture de l'édification de l'Europe des 27. Poussés par la dynamique franco-allemand, le sommet des 26 et 27 octobre dernier, complété par une autre réunion tenue les 8 et 9 décembre, les chefs d'Etat et de gouvernements des 27 pays membres de l'union ont pu conclure un accord, voté par 23 pays sur 27. La France et l'Allemagne qui ont rédigé cet accord se targuent d'avoir sauvé la zone euro de l'éclatement, après les faillites de la Grèce et l'Italie. L'Espagne et le Portugal étaient en perspective. Les clauses de cet accord, arraché difficilement grâce à l'hyperdynamisme du président français, stipule de mettre dans les caisses du Fonds monétaire international (FMI) 200 milliards d'euros, comme réserve destinée à venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté budgétaire. “On a évité le pire, une nouvelle Europe vient de naître”, ont déclaré la chancelière allemande et le président français, à l'issue de la signature de cet accord, rejeté par le premier ministre britannique Camron, une position qui a poussé la Grande-Bretagne vers un isolement, fidèle à la fameuse phrase de Churchill?: “?entre l'Europe et le grand large, l'Angleterre choisira toujours le grand large.” Ils Ont décidé la nécessité d'inscrire une règle d'or dans les lois de finances, soumettant l'équilibre des budgets nationaux de ces pays à une procédure de judiciarisation. Autrement dit, toute sortie des rails sera automatiquement sanctionnée. Le fonds européen, augmenté autour de 500 milliards d'euros, fut renforcé par la création d'un autre outil financier, appelé le mécanisme européen de stabilité (MES). Les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro ont également convenu à ce que cette structure financière soit opérationnelle à la mi-mai 2012. L'idée d'harmonisation de fiscalité des entreprises à l'horizon de 2013 et la création d'un fond monétaire européen a été évoquée lors de la réunions des 8 et 9 décembre. Les plans d'austérité imposés aux pays de la zone euro pris dans la tourmente financière ont obligé trois chefs de gouvernement de démissionner. Il s'agit de Georges Papandréou, premier ministre grec, qui a été?empêché par le président français et la chancelière allemande, de soumettre son plan d'austérité au jugement de la souveraineté de son peuple, Silvio Berlusconi, chassé du pouvoir sous la pression du peuple italien, et José Socrates fut démissionné le 23 mars dernier, devant le refus de l'opposition de voter son quatrième plan d'austérité. En Espagne, le président du gouvernement, José Luis Zapatéro a préféré anticiper l'effet du retour du bâton, en annonçant qu'il n'allait pas se présenter aux élections législatives en 2012, pour ne pas faire adopter un plan d'austérité. En conclusion, l'année 2011 aura marqué pour longtemps l'imaginaire collectif des sociétés européennes, autant même que ce de la société américaine dont on a vu à travers les chaînes de télévision la population pauvre descendait dans la rue, dressant des tentes Don Quichotte devant les bourses de New York, pour dénoncer les foyers de spéculation responsables de la crise financière actuelle.