La décision prise par le gouvernement consistant à augmenter le prix des carburants à la pompe n'a pas été certainement facile à prendre, eu égard à son caractère «anti - populaire» par définition. Car toute augmentation des prix, aussi justifiée soit-elle est généralement mal perçue et mal accueillie par l'opinion publique. Sans me prononcer sur le caractère juste ou injuste d'une telle mesure et sur les raisons qui ont poussé le gouvernement à y recourir, je me limite à faire quelques observations quitte à revenir sur le sujet lorsque le gouvernement, qui prône la transparence comme mode de gouvernance, aura donné les explications nécessaires. -D'abord, cette augmentation est importante par son ampleur : 14% sur le prix du gasoil et 20% sur le prix de l'essence. On aurait pu se contenter d'un ajustement plus raisonnable du prix qui se situerait entre 6-10%. Rarement dans l'histoire du Maroc, on a procédé à des ajustements de cette ampleur. -Ensuite, la conjoncture économique et sociale que traverse le pays est- elle en mesure d'absorber un choc de cette ampleur, cette décision ne va-t-elle pas à l'encontre des objectifs affichés par le gouvernement, ceux de la croissance économique et de l'amélioration du pouvoir d'achat ? -Enfin, s'il est indiscutable que les finances de l'Etat se portent mal, il ya plusieurs manières d'y faire face. Or, tout laisse penser que le gouvernement a choisi la solution de « facilité » : celle qui consiste à renflouer les caisses de l'Etat en faisant payer le consommateur sans discernement, et quel que soit son niveau de revenu. Et c'est là où cette augmentation risque de faire mal, voire trop mal !! Reste à savoir les répercussions de cette mesure sur l'économie marocaine et le pouvoir d'achat des masses populaires et des usagers de la route. Bien sûr, les transporteurs n'ont pas tardé à faire répercuter cette augmentation sur les voyageurs. On ne le sait que trop : quand le prix des carburants augmente, tout augmente. Il faut s'attendre dans les jours qui viennent à un effet en cascade des augmentations des prix. Le secteur productif ne sera pas non plus épargné quand on sait que le coût de l'énergie représente entre 15 et 20% du coût de production. Le calcule et facile à faire : une augmentation de 14% entraînerait une augmentation de 3% des coûts de production et grèverait d'autant la compétitivité de l'entreprise marocaine ! Et si le gouvernement a gardé silence avant l'annonce d'une telle mesure pour des raisons qui pourraient paraitre compréhensibles, maintenant que la couleuvre est avalée, il doit s'expliquer sur les tenants et les aboutissants d'une telle mesure. Pour respecter ses engagements en faveur de la transparence et de la bonne gouvernance. Les transporteurs décident d'augmenter leurs tarifs La Fédération du transport (FT-CGEM) a décidé de répercuter l'augmentation du prix du gasoil sur les tarifs dans une fourchette variant de 7% (pour les voyageurs) à 10% pour les marchandises. Cette hausse des tarifs est mise en œuvre depuis hier lundi. A l'issue d'une réunion de crise, hier, à son siège à Casablanca, la FT-CGEM, qui dit s'inscrire parfaitement sans la politique de décompensation, regrette cependant le manque de concertation du gouvernement sur sa décision qui touche un secteur à fort impact sur l'économie du pays. La profession, dont le contrat-programme avec l'Etat se trouve dans l'impasse, souhaite bénéficier des mêmes avantages que la pêche maritime et la navigation aérienne, notamment l'exonération de la TIC (2,4%) pour éviter un impact négatif sur les prix des produits de consommation. A.K