La conférence sur «l'actualité de Marx et les questionnements de la Gauche», organisée par L'Espace cadres du Parti du progrès et du socialisme à Casablanca, avec Khalid Naciri, membre du Bureau politique du Parti et ex-ministre de la Communication a connu un débat hautement riche et productif. Après l'exposé de Khalid Naciri, plusieurs cadres, amis ou militants du PPS, sont intervenus pour débattre de la nécessité de revisiter le marxisme, après l'échec de l'expérience du siècle dernier. Un véritable débat d'idées que le Maroc contemporain n'a pas connu depuis des décennies. Tour à tour, ils ont félicité le conférencier pour la qualité de son exposé et exprimé la volonté d'être au niveau des défis théoriques et pratiques de l'heure. Les intervenants ont abordé plusieurs aspects de l'exposé, analysé la nouvelle donne à la lumière de cet outil formidable que procure le marxisme, qui demeure un mécanisme d'approche et non une fin en soi, à prendre ou à laisser. Car Marx n'a fait que développer la théorie et le travail d'Hegel et la réalité d'aujourd'hui, économique et politique et sociale, démontre que si le grand philosophe a marqué par ses idées qui dans l'ensemble restent valables pour le XXI ème siècle, il n'en demeure pas moins que sur quelques aspects, ses affirmations ne se vérifient pas dans la pratique d'aujourd'hui. Bien des concepts marxistes, fortement présents durant le siècle dernier, sont revenus aux devants de la scène du débat. «Le capital», son mouvement et son origine, le travail et le surtravail avec ses deux formes, l'accumulation, les lois économiques du capitalisme, la lutte des classes et des contraires, la socialisation des moyens de production, la propriété, l'Etat, la famille, la démocratie et la dictature…. Autant de sujets mis en relief par l'assistance pour témoigner de l'apport inestimable de Karl Marx aux sciences sociales, à l'économique et au politique. Selon certains intervenants, l'on assiste, aujourd'hui, à la «réhabilitation du Marxisme» par la crise, sans précédent, du capitalisme. Le constat est unanime. Il y a, au niveau des marxistes et des intellectuels, «une sous production socio-idéologique» et une démission presque générale de ceux qui avaient épousé les idées du mouvement marxiste destinées à «transformer le monde». Tous ont également soutenu la nécessite de «revisiter Marx, le marxisme, les fondements de la pensée socialiste», analyser les «problématiques de la transition» et «être à la hauteur des nouveaux défis idéologiques». Le PPS a été fortement interpellé sur ce registre pour avoir été « précurseur en matière d'introduction du marxisme », quand les actuels moralisateurs sombraient dans un nationalisme étroit et un réformisme de façade qui ne disait pas son nom… La contribution de taille (Développement et facteurs non économiques) de feu Aziz Belal à l'enrichissement et à l'adaptation du marxisme à la société marocaine a été mise en valeur, pour dire que, depuis la disparition de ce grand économiste, la réflexion et l' «ijtihad», sur cette question, sont, depuis, orphelines, à l'exception de quelques bribes d'écrits qui ne présentent pas une vision globale des changements à introduire et qui demeurent sans suite. La responsabilité n'incombe pas uniquement au PPS mais également à tous ceux qui se réclament du mouvement ou de la mouvance. L'appel s'adresse aujourd'hui à tous les modernistes qui font leurs les valeurs humaines du marxisme et combattent l'injustice sociale. Après les interventions et les questionnements, Khalid Naciri a repris la parole pour tirer les conclusions du débat et répondre à certaines interrogations. Se réjouissant de la qualité du débat, il a relevé «une convergence méthodologique » et « des préoccupations communes ». Abordant la question du marxisme et de la dictature, il a affirmé la conviction du PPS qu' «aucune voie autre que celle de la démocratie» n'est envisagée, soulignant que «la démocratie, comme la révolution ne sont que des moyens » pour atteindre les objectifs de justice et les idéaux démocratiques. Le marxisme, a-t-il dit, est « un humanisme sans aucun lien avec le dogmatisme ». Et l'on est loin, très loin du «socialisme réel, répressif et contraignant des libertés ». Khalid Naciri a également appelé à un sursaut des élites et des intellectuels marocains pour déployer « un effort pédagogique et politique sur nous (eux) mêmes », afin de repenser le marxisme et le socialisme qui demeurent toujours d'actualité, face au capitalisme qui a démontré ses limites. S'agissant du pôle de gauche, le dirigeant du PPS a rappelé que le Parti a «toujours appelé à l'union » des forces de gauche et remonté dans l'histoire du Maroc indépendant pour démontrer la grande dispersion et confusion qui se sont installés. Avant, «nous étions deux partis qui se proclamaient du marxisme et parlaient du socialisme. Aujourd'hui nous sommes 8 partis de gauche». «Une famille nombreuse», dira-t-il… Et si les divergences sont minimes, il faudra qu'il y ait une volonté unitaire, politique.