On le croyait fini avec le communisme, il revient vivant plus que jamais. L'application d'une théorie entraîne toujours la faillite de son auteur. La chute du mur de Berlin a été dans ce sens fatale à la pensée de Marx. Au Maroc, les marchés aux puces se sont tout d'un coup retrouvés envahis par les œuvres complètes de Marx. Ceux qui les possédaient se sont vite débarrassés de ces livres, un peu honteux de garder ces témoins de leur méconnaissance de la marche de l'Histoire. Ce sont des livres bien reliés par les éditions sociales de Paris. Des livres fabriqués pour durer. Des livres si durs à défaire que leur papier ne peut même pas servir pour enrober des cacahuètes. Mais c'est mal connaître Marx que de croire que sa philosophie sera enterrée en même temps que le communisme. En atteste la floraison de parutions. Marx débarrassé enfin du marxisme révèle une nouvelle jeunesse. Rien qu'en France, une dizaine de livres sur l'auteur du «Capital » viennent de paraître. Parmi les plus importants, on peut citer « Passion Marx. Les hiéroglyphes de la modernité», par Daniel Bensaïd, « Marx démocrate. Le Manuscrit de 1843 » par Etienne Balibar et Gérard Raulet et « Marx. aux origines de la pensée critique», par Dick Howard. En d'autres temps, on réservait un sort honorable aux auteurs maudits. On brûlait leurs livres dans des places publiques. Aujourd'hui, on les laisse se décomposer dans les puces.