C'est un ministre serein et persuasif qui rencontra, vendredi dernier à la salle de la jeunesse et sport d'Agadir, une imposante assistance. Sur invitation de la section locale du PPS, plus de 400 personnes se sont donné rendez-vous au lieu de la rencontre. Tenant un discours plutôt simpliste et concis, Houcine El Ouardi, passa en revue les contraintes qu'endure le secteur de la santé dont il est à charge, depuis juste quelques mois. « Le département souffre de sérieuses insuffisances en matières de ressources humaines : 7000 médecins et 9000 infirmiers qui, en effet, occasionnent un réel handicap pour ce secteur névralgique. Il va donc falloir déployer d'énormes efforts pour combler ces pénuries », souligne le ministre de la santé, d'autant plus que le taux de financement est réduit, ne dépassant guère 5, 3% du PIB, comparativement à d'autres nations, notamment la Tunisie, le Liban et la France dont les chiffres varient entre 6 et 14%. Notre situation actuelle est loin d'être aplanie si l'on sait que 96% des revenus sont injectés dans les fonds des établissements de santé privés, alors ceux des hôpitaux publics sont à hauteur de 4%. Par ailleurs, le responsable gouvernemental a indiqué, lors de cette conférence unique en son genre dans la région, que son département se penche présentement sur la restructuration des divers compartiments du secteur, après avoir détecté les multiples dysfonctionnements au niveau de la gouvernance, y compris la gestion du personnel qui se concentre en grande partie, il est vrai, dans des régions déterminées au détriment d'autres sévissant sous le fardeau de l'indigence. Il est insensé de constater, révèle-t-il, que le budget du secteur ne soit consommé qu'aux alentours de 45%, comme c'est le cas de cet hôpital qui se paie le luxe de renvoyer aux services centraux plus de 80% du budget qui lui est destiné auparavant ! Le système de la santé pâtit lourdement de cette déficience en terme de gouvernance, constate l'orateur, d'une franchise tonnante, tout en indiquant que son ministère s'attelle à impliquer les directeurs régionaux dans les responsabilités multiformes, conformément à une approche inclusive et à une politique de décentralisation effective. A ce propos, le département central se contenterait des tâches d'accompagnement et d'interpellation, dans le but de mettre le train du redressement sur les rails, en termes de qualité des services des soins, au lieu de perdre de l'énergie et du temps dans des besognes étrangères aux missions sanitaires, au niveau des constructions, des équipements, des opérations de restauration et de rétablissements des défaillances. D'autre part, Houcine El Ouardi n'a pas caché sa désolation du fait que plus de 141 établissements de santé sont inopérationnels, soit plus de la moitié des unités existantes, y compris 17 grands hôpitaux financés par des organismes européens. S'agissant du système d'assistance médicale (RAMED), le dirigeant national du PPS, exerçant durant plus de 30 ans dans les services des urgences, en plus de ses responsabilités en tant que doyen de la faculté de médecine, s'est exalté du travail effectué par ses prédécesseurs dans ce sens, ce qui l'a incité, déclare-t-il, de poursuivre cette ébauche pour concrétiser ce rêve social par excellence au service de 8,5 millions de personnes issues des familles défavorisées et en situation de précarité, soit plus de 28% de compatriotes dont 160 000 bénéficiaires par définition, se trouvant dans les centres sociaux et de maisons de repos. Ces citoyens bénéficieront, en fait, selon l'intervenant, des services d'hygiène, de la médecine générale, des opérations chirurgicales, des médicaments et même des prothèses, des sacs de sang, de la chirurgie dentaire et des dispositifs sanitaires en cas de déplacement dans d'autres hôpitaux. Cette démarche est à même de préserver, avant tout, la dignité de tous les marocains qui sera donc en mesure d'accéder aux soins en tant que droit régi par la loi suprême, suivant ses besoins et non pas selon ses moyens, comme ce fut le cas auparavant. Ce projet nécessite une enveloppe budgétaire de 3 milliards de dirhams dont la contribution de l'Etat s'élève à 75%, alors que le reste est assuré par le fonds de la cohérence sociale et les collectivités territoriales. Dans ce sens, l'Etat a pareillement réservé un budget de 1, 675 milliard de dirhams pour couvrir les besoins des populations, au lieu de 645 millions de dirhams seulement débloqués l'année précédente. Ces chiffres révèlent bien l'intérêt que porte l'Etat à l'égard de ce secteur de haute vitalité. Enfin, cet exposé exhaustif du ministre, marqué par une clarté et une humilité hors pair, a été fortement apprécié par l'audience attentive. Plus de 25 intervenants (un chiffre qui montre bien l'intérêt suscité par cette communication) ont pris par la suite, pris la parole dans la même ambiance de transparence, loin de toute langue de bois.