Plusieurs facteurs conjoncturels et logiques jouent en faveur du changement de gouvernement en Espagne. Comme en Italie, au Portugal, en Irlande et en Grèce, la crise économique mondiale a été également impitoyable avec le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. L'Espagne vit son moment de transition et les conservateurs du Parti Populaire (PP) pourraient arriver au pouvoir non pour leurs propres mérites mais grâce à une pression sociale et une conjoncture particulière exigeant le changement. Durant les trois dernières années, le PP s'est abstenu de porter main forte au gouvernement pour tirer le pays de la crise optant pour le pourrissement de la situation et le départ forcé des socialistes du pouvoir. Avec un chômage galopant (22% de la population active, dont 35% sont immigrés), le refus du patronat de contribuer à l'application des réformes proposées par le gouvernement et la crise de la dette publique, aucun remède n'avait servi pour redresser la cote de popularité des socialistes. A une semaine des élections générales du 20 novembre, le PP se frotte les mains au moment où son leader, Mariano Rajoy, refuse de dévoiler son programme concocté par les experts du marketing du parti. Tous les sondages d'opinion le plébiscitent comme futur président de gouvernement avec une éventuelle majorité absolue du PP. Sans exception, les médias espagnols, aussi bien écrits que numériques diffusent depuis deux semaines les résultats de baromètres qui donnent une large victoire des «populaires». Les médias, de tendance conservatrice dans leur majorité, mènent en fait depuis 2004 une guerre d'usure contre les socialistes. En repassant, dimanche, les résultats de certains sondages d'opinion, il paraît clair que les socialistes seraient sanctionnés dans leurs fiefs traditionnels, comme en Andalousie, en Catalogne et au Pays Basque. Le PP, selon les mêmes sondages, pourrait remporter par la majorité absolue avec une avance de plus de 16% de sièges par rapport aux socialistes. De manière que le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE - au pouvoir) connaîtrait un effondrement total dans la plupart des régions. D'après un sondage, publié par El Pais, le PP obtiendrait 45% des votes et 194 sièges au Congrès des Députés, alors que le PSOE aurait 30,9% des votes et 112 sièges, soit le pire résultat des socialistes depuis la restauration de la démocratie en 1978. Dans un autre sondage, paru dans ABC, le PP aurait gagné entre 187 et 188 sièges alors que le PSOE remporterait entre 123 et 126 sièges. Le baromètre d'El Mundo accorde 198 sièges au PP et 112 autres au PSOE. Les populaires gagneront les élections dans toutes les communautés autonomes, selon le journal. Il est surprenant le rôle que jouent en Espagne les médias dans la construction d'une opinion favorable à la droite au moment où le PP résiste à exposer les détails de son programme de gouvernement. Pourtant, les faucons de ce parti conservateur défendent des thèses néo-libérales qui prônent le démantèlement de l'Etat du bien-être, la réduction des budgets destinés aux services sociaux et la création d'une société de classes. L'immigré va souffrir énormément dans un tel système qui imposerait davantage de restrictions quant à la jouissance des prestations sociales et l'égalité des chances.