Une grève de deux jours est annoncée dans le secteur de la santé et un sit-in devant le ministère de la Santé le mercredi 5 Octobre à partir de 10 H par la fédération nationale de la santé (UMT) et par le Syndicat indépendant des médecins du secteur public. Le malaise qui traverse le secteur de la santé n'est pas une vue de l'esprit, mais une réalité qu'il convient de prendre très au sérieux si l'on veut réellement éviter un risque d'implosion dans ce secteur vital qui est constamment secoué par des crises et des manifestations qui ébranlent de temps à autre le secteur de la santé : - affectations des médecins femmes - Sit-in des médecins internes devant le ministère de la santé - Affaire des cliniques privées - Refus de signature de certains syndicats représentatifs des professions de santé Le malaise qui avait secoué le secteur de la santé pendant une période relativement longue et dont les premiers à en pâtir sont les malades, avait fini par convaincre les responsables du département de la santé de trouver une issue honorable qui puisse satisfaire tout le monde. Le gouvernement et quatre centrales syndicales avaient alors signé un accord d'un montant de 672 millions de DH (MDH) relatif à l'amélioration des conditions du personnel du secteur de la santé. Cet accord, dont la cérémonie de signature avait été présidée par le Premier ministre M. Abbas El Fassi, signé, côté gouvernement par la ministre de la Santé, Mme Yasmina Baddou, le ministre de l'Economie et des Finances, M. Salaheddine Mezouar, le ministre chargé de la modernisation des secteurs publics, M. Mohamed Saâd Alami, et côté syndicats, par la Confédération démocratique du Travail (CDT), la Fédération démocratique du Travail (FDT), l'Union générale des Travailleurs du Maroc (UGTM) et l'Union nationale du Travail au Maroc (UNTM). Deux jours seulement après la signature de la dite convention des syndicats contestataires se sont manifestés pour condamner cet accord. L'Organisation démocratique du travail (ODT), l'Union marocaine du travail (UMT) et le Syndicat indépendant des médecins du secteur public ont refusé de signer cet accord, qu'ils ont depuis dénoncé surtout en ce qui concerne deux points essentiels, à savoir le manque de clarté de la convention et l'absence d'un calendrier bien défini qui trace la mise en œuvre des mesures annoncées. Des grèves, toujours des grèves La grève que vont entreprendre les professionnels de santé (médecins-infirmiers – administratifs…) le mercredi 5 et le Jeudi 6 octobre 2011, vient nous rappeler, si besoin est, une réalité amère que nous dénonçons sur ces mêmes colonnes depuis plusieurs années, à savoir le ras le bol général qui caractérise les professions de santé. Un malaise profond ronge le secteur de la santé depuis plusieurs années et ce n'est pas les quelques solutions de replâtrage qui serviront à donner à ce secteur vital sa véritable place afin qu'il puisse s'affranchir honorablement de toutes les nobles missions qui sont les siennes Avec l'annonce de cette énième grève et du sit-in qui sera organisé devant le ministère de la santé le mercredi 5 Octobre 2011, on est en droit de se poser des questions pour savoir à quoi cela a servi d'avoir signé une convention avec certains syndicats alors que d'autres très représentatifs de la profession s'y sont opposés. A l'évidence le résultat est là. La situation est sérieuse. Il ne sert à rien de prétendre le contraire et de servir aux citoyens sur les antennes TV des discours stériles avec de beaux sourires. C'est pratiquement toutes les régions du pays qui seront de nouveau concernées par ce débrayage de deux jours ( 5-6 Octobre 2011), lancé par les organisations syndicales les plus représentatives du secteur de la santé, à savoir l'Union Marocaine du travail (UMT), le Syndicat indépendant des médecins du secteur public C'est à l'évidence un grand nombre de militants et d'adhérents qui sont concernés par cette grève de 48 heures et on devine les répercussions qui découleront de cet arrêt de travail qui contribuera à exacerber encore plus le manque ou plus exactement la pénurie chronique de personnel infirmier dont souffre notre pays. La situation qui découlera de ce débrayage sera particulièrement insupportable au niveau des grands établissements hospitaliers à Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech, Tanger, Tétouan pour ne citer que ces quelques villes. De la responsabilité des uns et des autres Au delà de la grève et des répercussions parfois dramatiques qu'elle peut entraîner dans son sillage, il faut avoir présent à l'esprit que la santé des citoyens est du ressort du ministère de la Santé qui en assume la charge. Qui dit responsabilité, dit capacité de mener à bien ces mêmes responsabilités, prévoir les moyens à mettre en place sur le court, moyen et long termes pour faire face à toutes les situations. Qui dit responsabilité, dit prévisions, élaboration de stratégies capables d'améliorer la situation sanitaire du pays. C'est aussi prévoir des femmes et des hommes, des médecins et des infirmiers, la technologie, les médicaments et toute la logistique qui va avec pour réussir le challenge. Diriger ne signifie pas rester dans un bureau, s'enfermer et gérer des situations complexes par téléphone. C'est aller vers les professionnels de santé, les écouter, comprendre ce qui peut les préoccuper, être à leurs côtés pour mieux appréhender les différents problèmes, c'est vivre leurs angoisses, leurs peines et leurs joies. Assumer des responsabilités, c'est à l'évidence réunir autour d'idées porteuses des projets viables, c'est s'assurer du consensus général, c'est unifier, clarifier des situations, c'est aussi expliquer et convaincre le plus grand nombre Un ministre aussi compétant soit-il ne pourra jamais à lui seul gérer un ministère. Il a besoin de personnes compétentes, très imprégnées des différents rouages qui font tourner la machine et qui interviennent dans le développement et l'essor de tout un pays. Si ces responsables n'arrivent pas à assumer pleinement leurs responsabilités où qu'ils faillent à leurs prérogatives, ils doivent en principe en assumer totalement la responsabilité. Il faut en finir une bonne fois pour toute avec les situations ambiguës qui découlent de l'incapacité à gérer des situations sensibles qui demandent des capacités, des compétences avérées. Concilier les citoyens avec le service public Le résultat de ces incapacités à pouvoir gérer des situations qui consistent à être à l'écoute des doléances des professionnels de santé se traduisent sur le terrain par des actions négatives, des grèves, absentéisme à répétition, je m'en foutisme dans tout ça c'est le pauvre citoyen qui paie les pots cassés. On comprend mieux les réactions de mécontentement des malades et de leurs familles. Il ne faut donc pas nous raconter des salades du genre concilier le citoyen avec le service public. Le département de la santé gagnerait beaucoup plus à se concilier avec lui-même, avec l'ensemble des professionnels de santé, avec les médecins, les infirmiers, les techniciens, avec les organisations syndicales avant de penser à autre chose, ce qui pourra certainement nous épargner plus d'une grève et du même coup permettre aux différentes structures de santé publique d'assumer pleinement leur rôle et s'acquitter honorablement des missions qui sont les leurs dans un climat de sérénité parfaite .