De toutes les affections couramment contractées au cours de notre existence, il en est une dont on rechigne à parler ou à exposer au grand jour même avec les amis intimes. Il s'agit de ce qui est communément appelé hémorroïdes. Aussi gênant que fréquent, ce problème de santé relativement fréquent au sein de notre population est très souvent l'objet d'un tabou. En parler relève pour certains d'une mission presque impossible. Il est vrai que ce n'est pas évident pour tout un chacun d'exposer son intimité même au médecin qui naturellement procédera à un examen au cours duquel , il pratiquera un toucher rectal pour s'assurer de l'étendu du mal en vu de faire le bon diagnostic . Le terme hémorroïde désigne un groupement normal de vaisseaux sanguins, un peu comme des coussinets, situés dans la région de l'anus. Plus précisément, les hémorroïdes sont situées sous la muqueuse de l'anus et sous la peau de cette région. C'est uniquement lorsque ces vaisseaux se dilatent de façon anormale et gonflent que les hémorroïdes se font sentir... En réalité, nous avons tous des hémorroïdes et tant qu'elles ne nous font pas mal, on les ignore. Mais tout se complique lorsque ces veines se mettent à gonfler en raison d'une augmentation du flux sanguin ou d'un relâchement des tissus de soutien, c'est ce qui est communément appelée crise hémorroïdaire qui se manifeste par une gêne locale, des démangeaisons et une pesanteur anale . Parfois ces symptômes s'accompagnent de saignements et de douleurs. A ce stade on a tendance à consulter son médecin traitant, surtout quand les saignements sont fréquents et importants. On distingue deux types d'hémorroïdes : Les hémorroïdes externes qui sont situées au dessous de l'anus, elles, sont visibles et on peut facilement les palper. Les hémorroïdes internes, elles se logent dans la partie haute du canal anal, elles ne sont pas visibles, c'est pourquoi le médecin pratiquera un examen (toucher rectal) et même une anuscopie. Dans de nombreux cas, les hémorroïdes dilatées n'entraînent aucun symptôme et elles peuvent être découvertes par hasard. Mais généralement, lors d'une crise hémorroïdaire, les symptômes les plus fréquents sont des démangeaisons, une gêne (de type pesanteur) ou des douleurs importantes et des saignements potentiellement importants (rectorragies). Ces saignements surviennent souvent après la défécation, et le sang est rouge vif. Les différents types d'hémorroïdes En cas de crise hémorroïdaire, ces petits vaisseaux se dilatent, enflent, et des caillots de sang peuvent se former à l'intérieur. Les hémorroïdes dilatées peuvent être : Internes, c'est-à-dire qu'elles sont situées avant le muscle de l'anus, à l'intérieur du corps. Externes, visibles et palpables à l'extérieur de l'anus. Hémorroïdes internes Les symptômes principaux sont les saignements (surtout après être allé à la selle) et le prolapsus hémorroïdaire, c'est-à-dire la saillie des hémorroïdes à l'extérieur de l'anus. Ce symptôme est surtout gênant mais il peut aussi entraîner des douleurs. Il existe 4 stades de gravité du prolapsus. Stade 1 : Hémorroïdes internes sans prolapsus. Stade 2 : Hémorroïdes saillant lors de la défécation ou d'un effort mais se rétractant spontanément Stade 3 : Hémorroïdes saillant lors de la défécation et ne se rétractant pas seules (seulement manuellement). Stade 4 : Hémorroïdes saillant en permanence Hémorroïdes externes Très souvent, un caillot de sang se forme et stagne dans les hémorroïdes externes : on parle de thrombose. Ceci entraîne le gonflement des hémorroïdes, qui deviennent tuméfiées et bleutées, et dures au toucher. La douleur peut être très intense, empêchant parfois le malade de s'asseoir. Le caillot disparaît généralement de lui-même en quelques jours, parfois avec des saignements importants. Un mal peut en cacher un autre La première attitude qu'on adopte concernant les hémorroïdes, reste bien entendu l'automédication. On va à la pharmacie du coin, on explique au vendeur a bas bruit ce dont on souffre, vite fait il vous remet pommade et suppositoires et le tour est joué. En général, les hémorroïdes sont plus gênantes que douloureuses. Mais il faut faire vraiment attention car la douleur cache souvent autre chose de plus sérieux. Il peut s'agir par exemple d'un abcès, ou d'une fissure anale, ou d'une fistule anale. Quand la douleur est permanente, il peut s'agir d'une thrombose hémorroïdaire qui est la principale complication des hémorroïdes externes. Il s'agit d'un caillot provoqué par la stagnation du sang. Sous l'effet de la pression et de la défécation, le caillot de sang s'évacue ce qui provoque les saignements. Les saignements, un symptôme aux causes multiples De nombreuses maladies peuvent causer des douleurs et un saignement du rectum ou de l'anus, dont les cancers colorectaux. C'est pourquoi il est impératif de consulter un médecin au moins une fois, pour s'assurer qu'il s'agit bien d'hémorroïdes et faire les examens diagnostiques nécessaires pour vérifier que vous ne souffrez pas d'une maladie grave. Les maladies les plus fréquentes pouvant donner du sang dans les selles sont : le cancer du côlon, de l'anus ou du rectum, les fissures anales, les fistules anales, maladie inflammatoire (maladie de Crown, rectocolite hémorragique, etc.) ou les hémorragies digestives... C'est la raison pour laquelle il ne faut pas plaisanter avec ces choses que l'on doit prendre très au sérieux en consultant au plus vite votre médecin. Le médecin procédera à un examen proctologique, c'est vrai que cet examen n'est pas agréable, mais il faut savoir qu'il est indolore pour peu que vous soyez coopératif. La consultation en pratique Le médecin commence par vous interroger sur la nature et l'évolution des douleurs, sur la présence de saignements, sur vos antécédents médicaux, il vous demandera aussi si dans votre famille il y a des cas d'hémorroïdes etc. Le médecin procède en général à une inspection de la zone anale pour voir si les hémorroïdes sont externes et il procédera par la suite au toucher anal et rectal pour sentir les hémorroïdes internes et voir s'il y a une thrombose ou non (présence d'un caillot de sang dans les hémorroïdes) Dans certains cas, notamment lorsque les hémorroïdes sont internes et difficiles à visualiser, le spécialiste pourra réaliser un examen plus poussé et plus précis appelé coloscopie. C'est un examen qui nécessite une préparation, il permet d'observer l'intérieur du côlon et du rectum (rectoscopie) grâce à un tube muni d'une caméra. A ce stade, il est évident que l'on doit être pris en charge par un médecin spécialiste. En général se sont les gastro-entérologues qui traitent ce genre de maladie. Ce sont des spécialistes des maladies du tube digestif, de l'estomac au rectum. Certains gastro-entérologues sont proctologues, c'est-à-dire qu'ils sont spécialisés dans la prise en charge des maladies de l'anus et du rectum, dont font partie les hémorroïdes. Ils traitent les crises hémorroïdaires soit avec des médicaments soient en opérant le malade Traitements de la crise hémorroïdaire Il existe une multitude de traitements contre la crise hémorroïdaire. Le choix du traitement dépend de la sévérité de vos symptômes et de la fréquence des crises. Pour traiter la crise à proprement parler, c'est-à-dire diminuer les douleurs et accélérer la guérison, plusieurs traitements existent. C'est au médecin traitant et à lui seul qu'incombe cette responsabilité. Les médicaments utilisés localement, tels les crèmes, les suppositoires anti-hémorroïdaires , les médicaments destinés à apaiser les douleurs, il y a aussi les bains de siège. Il y a aussi une grande gamme de médicaments qui agissent sur les vaisseaux sanguins. Dans certains cas, quand les traitements médicaux ne suffisent pas ou s'avèrent peu efficace face aux cerises hémorroïdaires à répétition, le médecin peut envisager une intervention chirurgicale surtout en cas d'hémorroïdes graves ou de troubles fréquents. Dans tous les cas, votre médecin traitant optera pour la meilleure solution, celle qui vous permettra de vous sentir mieux, de vous débarrasser une bonne fois pour toute des crises hémorroïdaires qui, faut-il le rappeler, enveniment très souvent la vie de celles et ceux qui en souffrent. Dans le registre des traitements proposés, il convient aussi d'insister sur les facteurs déclenchant des hémorroïdes. Dans de nombreux cas, les troubles du transit aggravent ou déclenchent la crise hémorroïdaire. C'est notamment le cas de la constipation qu'il convient de prévenir en optant pour une alimentation adaptée. Celle-ci doit être riche en fibres, ne pas hésiter à abuser des céréales complètes, des pâtes au blé complet, des légumes secs (lentilles, haricots secs...) mais aussi des noix et fruits secs (pruneaux, figues...) L'alimentation doit aussi être riche en fruits et légumes, qui sont une bonne source de fibres et de vitamines, et ont même un effet laxatif naturel. Attention aux crudités et aux aliments qui risquent de fermenter et d'irriter le tube digestif (choux, fromages fermentés...). En cas de diarrhée, c'est l'inverse : il faut consommer du riz blanc, des bananes, et éviter les fruits frais et les crudités le temps que le transit se régularise. Par contre et afin de minimiser les risques de crise hémorroïdaire et réduire les douleurs en cas de crise, il est nécessaire d'éviter de consommer des plats épicés (piment, poivre, moutarde...), de réduire la consommation d'excitants comme le thé et le café qui irritent la muqueuse digestive ; d'éviter la station assise prolongée. J'allais oublier, il faut boire beaucoup d'eau, car l'eau favorise l'hydratation des selles et donc leur ramollissement. Chaque jour, il est recommandé de boire entre 1,5 à 2 litres. Eviter la sédentarité, il faut marcher, cela permet de stimuler les intestins paresseux et renforce les muscles de la région anorectale.