Trois personnes sont mortes et trois autres ont été blessées mardi 13 novembre dans l'effondrement d'un puits de zinc et de plomb près de l'ex-cité minière de Jerada, dans le nord-est du Maroc, ont annoncé les autorités locales. La semaine dernière, deux morts accidentelles avaient déjà endeuillé la ville de Jerada, agitée en début d'année par un mouvement de protestation sociale lui-même provoqué par des effondrements tragiques de puits abandonnés. Deux frères avaient été ensevelis à la fin de décembre dans un puits désaffecté et au moins deux autres personnes étaient mortes dans des conditions similaires les deux mois suivants. L'accident de mardi est survenu « dans une galerie traditionnelle exploitée par une coopérative détenant un permis », ont ajouté mardi les autorités locales, citées par l'agence de presse officielle Maghreb Arabe Presse (MAP). Une enquête a été ouverte sur les causes de l'effondrement, selon la même source. Puits désaffectés Bastion de la lutte syndicale au Maroc, Jerada a été profondément affectée par la disparition de son activité principale à la fin des années 1990, avec la fermeture d'une importante mine de charbon qui employait alors quelque 9 000 ouvriers. Depuis la fermeture de la mine des Charbonnages du Maroc, jugée non rentable, des centaines d'hommes continuent de s'aventurer dans des puits désaffectés pour extraire du charbon de façon artisanale et le vendre à des négociants locaux, surnommés localement les « barons » et dotés de permis de commercialisation. Les morts accidentelles survenues à la fin de 2017 et au début de 2018 dans les puits de Jerada avaient entraîné de grandes manifestations, les habitants de cette ville classée parmi les plus pauvres du Maroc demandant une alternative aux mines. Les autorités avaient annoncé une série de mesures pour relancer l'économie locale, promis de fermer les puits abandonnés, présenté un plan de reconversion pour créer des emplois, et interdit toute « manifestation illégale ». Des manifestations avaient cependant continué : 95 personnes avaient été arrêtées et 25 ont été jugées depuis, selon un avocat qui a défendu quelques-uns des prévenus. Neuf manifestants ont été condamnés la semaine dernière à des peines de trois à cinq ans de prison ferme, notamment pour « destruction de bien publics, incitation à commettre des crimes et délits ou participation à une manifestation non autorisée ».