Le projet de loi de finances (PLF) de l'année 2023 accorde une importance cruciale au processus d'industrialisation des secteurs phares de l'économie nationale dans le but de conforter l'insertion du Maroc dans les chaînes de valeurs mondiales. Si l'industrie nationale, reposant sur des secteurs de poids, a réussi à franchir le palier des grands écosystèmes, plaçant le Royaume au rang des champions continentaux, le PLF 2023, lui, estime de nouveaux défis à forte incidence sur la trajectoire de l'industrialisation du Maroc, à même de prouver les prouesses en la matière. Ecologisation de l'industrie, souveraineté industrielle, relocalisation « Reshoring » ou encore digitalisation du tissu industriel et développement des compétences humaines sont, entre autres, des défis que ce nouveau projet de loi place au cœur de ses préoccupations. L'écologisation de l'industrie : migrer vers un nouveau paradigme de « compétitivité verte » Dans un contexte marqué par l'émergence de la nouvelle dimension verte de la compétitivité industrielle, les défis de demain nécessitent de focaliser sur l'intégration de la technologie de pointe propre dans les processus de production visant à réduire l'empreinte carbone de ses branches industrielles, essentiellement destinées à l'export. A l'aune de l'instauration programmée d'une taxe carbone à la frontière de l'UE, principal partenaire économique du Royaume, une réglementation plus rigoureuse sur le respect des normes de transition verte permettrait au Maroc de consolider ses acquis et de capter des investissements verts, tout en améliorant son attractivité et son positionnement dans les chaînes de valeurs régionales et mondiales appelées à devenir résilientes, inclusives et durables. La souveraineté industrielle : un impératif dans un monde en mutation Si le secteur industriel national a montré durant la période du confinement et même dans la conjoncture actuelle une grande flexibilité et une capacité d'adaptation avérée, assurant la continuité d'approvisionnement du marché national en matière de tous les produits, le renforcement de cette souveraineté industrielle exige la sécurisation du sourcing en termes d'intrants, la consolidation de l'influence industrielle marocaine pour avoir accès aux marchés et enfin la valorisation des ressources premières dont dispose le Royaume. La relocalisation « Reshoring » : un enjeu porteur d'opportunités Le développement observé récemment des technologies émergentes de l'industrie 4.0 a remis à l'ordre du jour le débat sur le reshoring comme réaction aux changements éventuels qui impacteraient la compétitivité industrielle aussi bien des économies avancées que des économies émergentes. Ce contexte particulier de redistribution des rôles dans les chaînes de valeur mondiales est de nature à créer de nouvelles opportunités en termes de parts de marché. Le Maroc, au vu des innombrables atouts dont il dispose, serait en mesure de tirer profit de la dynamique de relocalisation industrielle à l'œuvre, en accélérant l'élan réformateur déployé en termes de renforcement de l'attractivité de l'ensemble du climat des affaires et des mesures d'incitation à l'investissement. Digitalisation du tissu industriel : un gap à rattraper Pour encourager l'adoption des technologies de l'industrie 4.0 et profiter des opportunités offertes par le digital, la démocratisation de l'accès à internet à haut débit et la sécurité des données constituent un préalable incontournable. L'interconnectivité des acteurs dans les chaînes de valeur mondiales suppose des quantités importantes d'informations et de données à échanger de manière instantanée, notamment en matière de demande, de stock et de délais de livraison. Le développement des compétences humaines nécessaires à l'essor de l'industrie de demain Les mégatendances qui caractérisent le secteur industriel à l'échelle internationale en particulier celles relatives à l'écologisation, la numérisation et le raccourcissement des chaînes de valeurs mondiales sont de nature à créer une demande sur de nouveaux profils de compétences techniques appropriées capables de répondre au mieux aux exigences de la production industrielle de demain. Une bonne préparation à ces mégatendances sur le plan de la transformation d'un capital humain adéquat est de nature à renforcer la résilience de notre industrie aux éventuels chocs futurs de différentes natures. Force est de constater que dans un contexte de reconfiguration du paysage industriel mondial, le Royaume est appelé à consolider ses acquis dans le domaine industriel et anticiper les mutations structurelles qui se profilent à l'horizon et ce, à même de soutenir le positionnement du Maroc dans les chaînes de valeurs mondiales.