L'inflation en Turquie a culminé à 73,5% sur an en mai, du jamais vu depuis décembre 1998, selon des données officielles publiées vendredi. Ce nouveau pic s'explique par la flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation, tandis que les prix à la consommation ont reculé en comparaison avec avril. Le transport (+107,62% sur un an en mai) et les produits alimentaires (+91,63%) sont les secteurs les plus affectés, pénalisés par la flambée des cours de l'énergie et des matières premières conjuguée à l'effondrement de la livre turque. Celle-ci s'échangeait vendredi matin à 16,49 livres turques pour un dollar, frôlant les niveaux de décembre 2021 qui avaient poussé l'Etat à intervenir pour la stabiliser. Cette nouvelle plongée de la monnaie nationale est due à des rumeurs sur une éventuelle offensive militaire contre des positions de rebelles kurdes dans le nord de la Syrie. A un an de l'élection présidentielle de juin 2023, l'inflation est au centre des préoccupations. Les autorités sont accusées de chercher à camoufler la gravité de l'inflation qui aurait atteint en réalité plus de 160%, selon des économistes turcs indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Enag). La semaine dernière, la banque centrale turque avait maintenu inchangé son taux directeur, à 14%. Fin 2021, le président Recep Tayyib Erdogan avait ordonné à la banque centrale de revoir à la baisse son taux directeur de 19% à 14%, entre septembre et décembre, une mesure qui a entraîné la chute de la livre turque.