Les travaux du sommet du Forum International du transport (FIT), tenu à Leipzig sous la présidence du Maroc, ont donné lieu à des débats riches autour du rôle du transport dans le développement de sociétés inclusives. Les différentes discussions lors de ce conclave international ont abordé les moyens à même de favoriser l'accès universel aux transports pour « que personne ne reste sur le côté » et sur la manière dont les responsables politiques peuvent agir sur les différents secteurs pour mettre en place un système de mobilité accessible, abordable, efficace, propre et sûr qui inclut toutes les strates économiques de la société. Au vue de l'accélération de l'urbanisation dans le monde (d'après l'ONU, 68 % de la population mondiale vivra en ville d'ici 2050), les intervenants, dont des ministres, des présidents d'organisations internationales, et des acteurs politiques, économiques et de la société civile, ont examiné également les stratégies de planification de la mobilité pour permettre l'accès aux établissements urbains périphériques actuels et futurs. Les participants se sont penchés, en outre, sur l'innovation dans les transports pour favoriser l'équité et l'inclusion dans les communautés urbaines, rurales et éloignées. S'exprimant à cette occasion, en sa qualité de président du Sommet, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil, a relevé que « pour cette année, nous avons choisi de mettre la lumière sur l'importance que revêtent les transports dans le développement des sociétés inclusives et explorer comment des solutions innovantes, qu'elles soient technologiques ou commerciales, peuvent favoriser l'inclusion sociale et œuvrer ainsi pour la réalisation d'une croissance économique durable». L'inclusion est une question qui interpelle l'ensemble des composantes de la société, décideurs politiques, acteurs économiques et représentants de la société civile, car il s'agit d'une démarche globale et multidimensionnelle qui vise à garantir l'égalité de l'accès et sans discrimination aux activités économiques, sociales et culturelles, a-t-il fait remarquer. De ce fait, « nos politiques publiques doivent repenser nos systèmes de transport et les réinventer pour en faire des systèmes au service de l'inclusion économique, sociale et culturelle des populations et des territoires », a-t-il poursuivi. Et de souligner : « Des transports accessibles à tous contribuent à réduire les inégalités sociales, favorisent l'insertion socioprofessionnelle et permettent aux personnes vulnérables et fragiles de contribuer et bénéficier de la dynamique des territoires ». Après avoir rappelé la croissance soutenue du commerce électronique, notamment dans le contexte de la pandémie, ce qui « a conduit à l'amélioration et l'adaptation des chaines de distribution aux exigences du commerce électronique en offrant des services durables et accessibles à toutes les populations », il a plaidé pour la nécessité « d'anticiper dès maintenant la réflexion sur l'élaboration des politiques nécessaires pour assurer une distribution durable et équitable des marchandises face à l'augmentation du commerce électronique dans le monde ». « Ce qui est certain, c'est que l'accès équitable aux offres de transports est une condition essentielle pour que chacun de nous puisse bénéficier pleinement de ses droits fondamentaux tels que l'emploi, la santé, l'éducation et la culture. Les personnes qui en sont privés sont tout simplement menacées d'exclusion. Il est donc important pour nous tous de s'investir ensemble dans la mise en place de politiques de transport adaptées et anticiper les tendances et les changements, a préconisé le ministre. Pour sa part, le ministre allemand de l'Infrastructure numérique et du Transport, Volker Wissing, a insisté sur l'importance de promouvoir « l'attractivité » des transports en commun pour encourager les membres de la société à les utiliser « volontairement». « C'est une question clé pour un transport en commun respectueux de l'environnement », a-t-il soutenu. Il a mis en avant, d'autre part, l'apport de l'innovation et de la numérisation dans les transports, estimant que « la digitalisation du secteur et l'utilisation des données permettront à toutes les personnes d'avoir des offres individualisées quels que soient les endroits où elles vivent, leur âge, ou s'ils ont une mobilité réduite». Quant au ministre du transport canadien, Omar Alghabra, il a plaidé en faveur de « politiques de transport qui bénéficient à tout le monde », mettant en avant des initiatives dans son pays visant à prendre en considération «la diversité au sein de la société » dans l'élaboration des politiques de transport. Le secrétaire général du FIT, Young Tae Kim, a souligné, pour sa part, que le transport « est l'une des forces d'union et d'unification les plus puissantes dont nous disposons ». Tout en relevant que « la mobilité physique est souvent liée à la mobilité sociale », il a fait remarquer que « les bons transports ne laissent personne pour compte ». M. Tae Kim a par ailleurs présenté trois projets initiés par le FIT afin de « contribuer à rendre le transport plus inclusif ». Il s'agit notamment du lancement d'un site web pour aider les automobilistes handicapés à planifier leur déplacement, outre des outils permettant de faciliter la mobilité dans les centres urbains et de favoriser l'égalité homme/femme en matière d'accès aux transports. La première journée de ce sommet a donné lieu, de même, à deux tables rondes ministérielles sur les moyens pour « relever le défi de la sécurité routière : diviser par deux le nombre des tués et blessés d'ici à 2030 », ainsi que « l'avenir des chaînes d'approvisionnement : l'innovation et la réglementation au service d'un fret plus respectueux de l'environnement et plus accessible ». Ce sommet de trois jours, qui s'est ouvert mercredi, connait la participation de 800 délégués de différents pays.