L'heure semble être à la débrouille et à l'improvisation générale. Tenter de concilier tout et son contraire relève de l'acrobatie hasardeuse qui finit généralement par de la casse. Le dilemme chez nous, au regard de nos moyens plus que limités, renvoie à deux équations, l'une plus difficile à résoudre que l'autre : un enseignement présentiel potentiellement déclencheur d'une envolée de l'épidémie Covid-19, et l'apprentissage à distance avec son corollaire, le risque d'une aggravation des inégalités. Il est évident que préserver la santé et la vie des élèves et, avec elles, celle des citoyens, doit passer en premier. Or, compte tenu de nos faiblesses structurelles, la solution hybride et inégalitaire proposée (imposée) par la tutelle, ressemble plus à une fuite en avant dépourvue d'efficacité pratique. Le bon sens voudrait que l'on opte, dans les circonstances que nous vivons, sans hésitation, pour l'enseignement à distance en y mettant les moyens financiers, la logistique et la stratégie nécessaires, loin des demi-mesures dont les retombées risquent d'être catastrophiques. Cette crise est une formidable occasion pour innover et se projeter dans l'avenir, la digitalisation étant le futur qui commence aujourd'hui, qui s'est déjà installé sous d'autres cieux plus arrimés au 21ème siècle. Le gouvernement aurait dû reporter la rentrée scolaire, le temps d'asseoir la démocratisation de l'enseignement digital par la mise en place des moyens, dispositifs et mécanismes indispensables. On a vu par exemple le cas de pays de différents niveaux économiques où les ordinateurs sont offerts aux élèves avec connection internet gratuite. Nous devons saisir cette chance qui nous permettra de franchir le pas vers la modernisation des outils d'apprentissage indispensables à l'édification de la société du futur. Autrement, nos élèves et étudiants resteront marqués par cette rentrée chaotique, et en traîneront les conséquences à vie. Jamal HAJJAM