L'armée israélienne a intensifié ses opérations au Liban, vendredi, en représailles à la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah, isolant encore davantage les Libanais du reste du monde. L'aviation, l'artillerie et la marine israéliennes ont continué de s'attaquer aux infrastructures du pays. En plus de l'aéroport de Beyrouth, qui a été frappé pour une troisième fois, elles ont détruit des routes, des ponts, des réseaux de distribution d'électricité, des stations de transmission pour téléphone cellulaire, des dépôts de carburant et de nombreuses habitations. La principale autoroute qui relie Beyrouth à Damas, en Syrie, qui était empruntée par des milliers de personnes pour fuir le pays depuis mercredi, a notamment été pilonnée à sept reprises et coupée à la circulation. Face au blocus aérien, maritime et terrestre imposé « jusqu'à nouvel ordre », des passages par la montagne semblaient être les derniers liens possibles pour quitter le pays. L'aviation a également ciblé le siège du Hezbollah en banlieue sud de la capitale à deux reprises, ainsi qu'une base d'un groupe armé palestinien dans l'est du pays. Ces nouveaux bombardements israéliens ont fait au moins quatre morts, portant à une soixantaine le nouveau bilan des victimes civiles dans ce pays depuis le début de l'offensive israélienne, mercredi. On compte également plus de 165 blessés. Pour sa part le Hezbollah a continué de lancer des roquettes contre le nord du territoire israélien, faisant 11 blessés. Les habitants de Haïfa et d'une vingtaine de localités le long de la frontière avec le Liban ont reçu l'ordre de se réfugier dans des abris. La veille, une centaine de roquettes lancées sur Israël avaient provoqué la mort de deux civils et fait près de 100 blessés. Des échanges de tirs ont par ailleurs opposé l'armée israélienne et des combattants du mouvement chiite qui tentaient de s'approcher de la frontière avec Israël, sans faire de victimes. Le ministre israélien de l'Intérieur, Ron Bar-On, a menacé de mort le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tandis que son collègue de la Défense, Amir Peretz, a déclaré que son pays voulait « briser » le Hezbollah, allié au Hamas palestinien et appuyé par la Syrie et l'Iran. Tel-Aviv accuse Téhéran et Damas d'être les commanditaires du mouvement chiite et les responsables de l'escalade de la violence au Liban. Il soutient par ailleurs que le Hezbollah veut transférer les deux soldats israéliens kidnappés vers l'Iran. De son côté, l'Iran a averti Israël qu'une attaque contre la Syrie serait considérée comme une agression à l'encontre du monde musulman tout entier et provoquerait une réaction sévère. Quant à la Syrie, elle continue à ignorer les accusations américaines et israéliennes de soutien au Hezbollah, réaffirmant cependant sa position en faveur de la « résistance » à Israël. Les réactions diffèrent Les États-Unis ont réitéré leur soutien à Israël, accusant la Syrie d'être responsable de l'escalade du conflit au Proche-Orient. Mais Washington a tout de même demandé à l'État hébreu de faire preuve de retenue dans son offensive au Liban. La Commission européenne s'est pour sa part déclarée « choquée par l'envergure de la violence des deux côtés ». La France et la Russie ont dénoncé l'offensive israélienne, Paris jugeant qu'il s'agissait d'une « action de guerre disproportionnée ». Le président français Jacques Chirac s'est déclaré « consterné par ce qui se passe actuellement au Proche-Orient », et s'est demandé s'il n'y avait « pas une volonté de détruire le Liban ». Il a également dénoncé le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais ainsi que les pays qui les soutiennent dans la région. À l'issue d'une rencontre en Égypte, le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie ont pour leur part réclamé des efforts internationaux pour contenir le conflit et prévenir une escalade dans la région. Les dirigeants de l'Égypte et la Jordanie, les deux seuls États arabes ayant reconnu Israël, ont aussi condamné vendredi les opérations israéliennes, mais aussi dénoncé l'« aventurisme ne servant pas les intérêts arabes », faisant allusion aux actions du Hezbollah. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe doivent se réunir samedi au Caire, en Égypte. La crise au Liban sera également au coeur des discussions lors du sommet du G8 qui se tiendra à partir de samedi à Saint-Petersbourg, en Russie.