Pour tenter de réduire les coûts et d'accroître le volume des échanges commerciaux entre les deux pays, la Tunisie et le Maroc ont inauguré une nouvelle liaison maritime commerciale directe la semaine dernière, entre les ports de Radès et de Casablanca. La Tunisie a lancé le premier navire de transport vendredi 4 avril sur la nouvelle liaison directe avec le Maroc, en présence du Ministre des Transports, Abderrahim Zouari, et de l'ambassadeur du Maroc, Nejib Zerouali. Cette nouvelle liaison directe, qui sera exploitée par deux compagnies maritimes privées en Tunisie et au Maroc, fera gagner beaucoup de temps aux deux pays, puisqu'il ne faudra que quatre jours au lieu des deux semaines de l'ancienne liaison qui passait par Malte ou Marseille. Lors de la cérémonie de lancement, le ministre tunisien a déclaré : "L'ouverture de cette liaison maritime directe intervient dans le cadre des recommandations faites lors de la réunion du Haut Comité Conjoint tuniso-marocain." Ce comité avait approuvé cette initiative lors de sa quatorzième session, le 22 février à Tunis. Mokhtar Rachdi, le directeur général de la marine marchande tunisienne, avait affirmé dans une déclaration à la presse que cette initiative allait entraîner un accroissement du volume des échanges commerciaux entre les deux pays. Si l'on en croit les spécialistes du commerce au sein du Maghreb, cette nouvelle liaison était nécessaire du fait des coûts élevés du transport aérien et de la longueur du commerce maritime, qui transitait jusqu'à présent par l'Europe. Un diplomate, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a déclaré : "Plus important encore, l'impasse actuelle que connaissent les relations entre l'Algérie et le Maroc ont eu un effet profond sur le transport de marchandises entre le Maroc et la Tunisie. La fermeture de la frontière algéro-marocaine a interdit aux deux pays, et à la Tunisie, d'utiliser les transports ferroviaires, qui sont bien moins chers que les transports maritime et aérien." Mokhtar Rachdi a déclaré qu'il s'attendait à ce que cette liaison maritime directe, qui relie les ports de Radès en Tunisie et de Casablanca au Maroc, renforce le commerce au Maghreb, dans la mesure où des opérateurs maritimes algériens, libyens et mauritaniens semblent très intéressés. Il a affirmé que ces opérateurs espéraient que "le volume des échanges commerciaux entre les pays du Maghreb augmente de quatre à dix pour cent dans un avenir proche." Nadia Iraki, l'homologue marocaine de M. Rachdi, a déclaré de son côté que le gain en termes de temps de transport "entraînera inévitablement une réduction des coûts et, partant, une augmentation des mouvements de marchandises." Bien que le volume des échanges commerciaux entre le Maroc et la Tunisie ait connu une croissance significative, il reste encore en-deçà des niveaux souhaités, si on le compare au niveau des échanges de chacun des pays avec l'Union Européenne. Un récent rapport économique publié par le Ministère tunisien du Commerce Extérieur montre en effet que le commerce tuniso-marocain était estimé à 300 millions de dollars en 2007, quand celui avec l'UE avoisinait les 55 milliards de dollars sur la même période. Selon Mohammed Karia, directeur général de la compagnie maritime marocaine, les marchandises transportées entre la Tunisie et le Maroc ont représenté quelque 212 000 tonnes l'an dernier. Maher Gargouri, de la compagnie de transport maritime tunisienne, a indiqué que cette liaison sera assurée par un bâtiment marocain d'une capacité de 70 conteneurs et 33 bateaux à moteurs qui feront le trajet entre Radès et Casablanca tous les dix jours. Mohammed Adam Saknoun, un opérateur maritime algérien qui participait à la cérémonie de lancement, a exprimé son désir de participer à ce nouveau projet. "Notre présence à Radès aujourd'hui reflète notre volonté d'explorer une coopération [similaire] entre la Tunisie et l'Algérie", a-t-il déclaré. Le Ministre tunisien du Commerce et de l'Artisanat, Ridha Touiti, s'attend à ce que "la dimension des échanges commerciaux entre la Tunisie et le Maroc augmente de manière significative dans les années qui viennent", résultat d'une meilleure coopération aux termes de la zone arabe de libre échange et de l'Accord d'Agadir, signé entre la Tunisie, le Maroc, la Jordanie et l'Egypte.