Pour sa première sortie juste après l'installation du nouveau gouvernement, le ministre du Tourisme et de l'artisanat a été, vendredi dernier à Agadir, dans le cadre de la réunion du comité de pilotage du Plan de développement régional du tourisme (PDRT), plutôt impressionné par la qualité du débat et le sens du service et du labeur dont ont fait preuve les constituantes du secteur. Le propos mobilisateur et fédérateur tenu par le responsable gouvernemental augure d'une profonde volonté de poursuivre les chantiers entamés avec brio par son prédécesseur dont l'apport novateur a été évoqué tout au long de la rencontre. La visibilité, l'engagement, l'intégration et la cohésion sont autant d'atouts qui font de cette industrie pionnière la plaque tournante de l'économie nationale, en dépit de son caractère velléitaire et vulnérable, précise-t-il, en mettant l'accent sur la richesse du produit Agadir fortement jalousé. Cet esprit de dynamisme et de synergie, poursuit-il, est à préserver pour pérenniser la qualité et le standard de la station balnéaire. Le comité de pilotage a donc constitué pour le nouveau ministre un repère dont les ramifications diverses ont été débattues durant plus de trois heures d'affilée. L'allocution introductive du Wali de la région Souss Massa Drâa a rappelé les objectifs de la destination Agadir à l'horizon 2015, définis comme suit : 1,5 million de touristes, 12 millions de nuitées, 70% de taux d'occupation et 60.000 lits hôteliers classés. Les signataires du contrat du PDR signé en avril 2007 liant le gouvernement, la Région, le CRT et la ville pour un coût global s'élevant à 38 milliards de dirhams, ambitionnent d'assurer le renforcement et le développement du tourisme à Agadir et de consolider son image à l'échelle internationale, souligne-t-il, tout en prônant un tourisme de luxe et haut de gamme au lieu du tourisme de masse. Et d'inviter les professionnels, les élus et les acteurs concernés par la promotion du tourisme à redoubler d'efforts afin de garantir les infrastructures nécessaires et de veiller à fournir des services publics de qualité. Par la suite, l'assistance passa en revue les différentes opérations ( hébergement, animation, événementiel, aménagements urbains, tourisme de niche), dont la préparation et la présentation ont été assurées par le bureau d'étude «Valyans», notamment, la station plan Azur Taghazout, le resortTifnit, le resort Aghroud, le resort Tamaouanza, les cinq nouveaux hôtels de front de mer (Robinson, Sofitel, Kempinski, Oumnia, Palm Beach), Timitar, le Concermed V-corniche, Kasbah Oufella, Oued Lahouar, pays d'accueil touristique d'Imouzzer, parc Souss MassaŠ Tous ces projets ont fait l'objet d'explications exhaustives par les responsables concernés, en particulier la SONABA, maître d'¦uvre de plusieurs réalisations et dont le directeur a subi, à maintes reprises, des harcèlements virulents de la part du wali qui voulait, au bord de l'emportement, précipiter et forcer l'entreprise, alors que son vis-à-vis, confiant et méticuleux dans le raisonnement, évoluait bien à cheval avec les contraintes procédurales à Tifnit et les concertations des partenaires en présence, particulièrement le département des Eaux et Forêts et les populations à Aghroud. Il semble bien que les remontrances royales inhérentes aux lenteurs affichées dans moult démarches, particulièrement l'absorption des bidonvilles, lui ont quelque peu fait perdre le nord (dans le cas d'espèce le sud !) et s'évertue, en conséquence, à rattraper les temps perdus au détriment des normes requises. Drôle de conduite si l'on sait qu'un nombre de dossiers souffre de retards dépassant le mois, tels que celui de Founty précisément et dont l'établissement de tourisme en question a procédé dans les délais prévus à l'élaboration et la mise en fonction, depuis déjà une année. D'autre part, est-il vraiment réfléchi de faire en sorte qu'Agadir se spécialise dans le tourisme de luxe aux dépens des autres attractivités dont les adeptes sont si nombreux ? Est-il normal d'imprimer à une station riche en potentialités culturelles et civilisationnelles une approche exclusivement élective, en encourageant la formule «all inclusive» qui, non seulement prive les touristes de ces atouts considérables, mais porte préjudice aux différentes activités touristiques parallèles ? À coup sûr, le secteur est en passe d'interpeller toutes ses composantes et d'inciter à une réflexion mûrie et constructive pour trouver les solutions idoines à ses problématiques intrinsèques, mais également dans une vision beaucoup plus globalisante, cohérente et solidaire. Le Conseil régional de tourisme (CRT) est incontestablement le mieux indiqué à mener ces échanges prospectifs, puisqu'il regroupe aussi bien les professionnels, les élus que les administrations ad hoc et les autorités. Toutefois, les tâches assignées à cette entité fédératrice nécessitent une véritable locomotive, laborieuse et créative, loin de tout cumul débordant même si on est, peut-être, animé de bonne volonté. On ne peut donc faire tout à la fois au risque d'émousser les missions les plus sensibles surtout quand il s'agit du secteur du tourisme en perpétuelle mutation. D'aucuns constatent, en effet, l'évolution plutôt blafarde que vit actuellement le CRT, acculé à une dépendance excessive des ficelles tutrices et une nonchalance inouïe. Dans ce sens, on ne comprendrait jamais pourquoi on est allé dénicher cette idée stupide de destituer une véritable flamme qui brillait sans cesse à la tête du CRT et se retrouver, par la suite, dans l'inertie le ternissement. L'industrie touristique est constamment concurrentielle et exige une dynamique plus ascendante dans une destination appelée à fleurir et non à ternir.