Nicolas SarkozyAprès son raid réussi sur Bruxelles où il a pu imposer le traité simplifié comme solution de sortir de l'impasse européenne, le voilà qui envisage déjà de survoler l'espace maghrébin pour y vendre son idée de l'Union méditerranéenne. Ceux qui observent avec attention la méthode Sarkozy ne pourront s'empêcher de constater que le président français développe, dans sa manière d'effectuer des visites à l'étranger, une admiration pour le style de George Bush. Ce dernier avait montré sa capacité à visiter plusieurs pays d'Europe en un temps record se contentant de papillonner d'une capitale à l'autre, juste le temps que les caméras de télévision puissent faire la mise au point de leurs images. Après son raid réussi sur Bruxelles où, à force d'énergie et d'entêtement, il a pu imposer le traité simplifié comme solution de sortir de l'impasse européenne, le voilà qui envisage déjà de survoler l'espace maghrébin pour y vendre son idée maitresse de la politique étrangère de son quinquennat : l'Union méditerranéenne à laquelle les observateurs attribuent deux arrière-pensées politiques : sécuriser l'avenir énergétique de la France en puisant de manière réglementée dans l'immense réservoir algérien et contourner la question de l'adhésion de la Turquie à l'Europe en proposant à ce pays de rejoindre la nouvelle alliance constituée des pays méditerranéens. Pressé, rapide comme l'éclair, Nicolas Sarkozy projetait d'effectuer cette mission de haute importance le chronomètre à la main : Un déjeuner à Alger, un diner à Tunis et le goûter du lendemain à Rabat avant de regagner Paris dans la nuit avec la sensation du devoir rapidement accompli. Le tout pesé et emballé avec la dextérité d'un sprinter de saut d'obstacles et la gourmandise d'un avaleur de miles aériens. Les pays du Maghreb qui attendaient beaucoup ce premier déplacement du président français en dehors de du territoire européen durent faire preuve d'un trésor de diplomatie pour montrer reproches et réticences. Le périple de Nicolas Sarkozy fut amputé de son étape marocaine, pour «des raisons de calendrier», affirment en chœur Français et Marocains. Et ce devait être un grand déplacement de Nicolas Sarkozy au Maghreb dans lequel le président français allait, dans la foulée fiévreuse de son élection, inscrire la politique étrangère de son quinquennat, se transforma en simple mission de contacts et d'explications au cours de laquelle il lèvera un coin de voile de conception de l'Union méditerranéenne : « un espace de solidarité et de coopération dont les piliers seraient la lutte contre l'insécurité, le développement durable, l'intégration énergétique, le co-développement et la gestion concertée de l'immigration» pour reprendre l'expression du porte-parole de l'Elysée David Martinon. L‘étape tunisienne de Nicolas Sarkozy ne doit pas receler de grandes surprises. Le président tunisien Zine Al Abidine Ben Ali a été l'un des premiers à avoir applaudi la vieille idée remise à l'ordre du jour de bâtir une Union méditerranéenne. Une manière distinguée et subtile pour les autorités tunisiennes de souhaiter la bienvenue au président Sarkozy. Il était de notoriété publique que les relations entre la Tunisie de Ben Ali et la France de Jacques Chirac avaient atteint un niveau de congélation amicale qui devenait problématique. L'arrivée du jeune Sarkozy à l'Elysée va remettre les compteurs à zéro entre les deux capitales. Même si Nicolas Sarkozy se fait accompagner par Rama Yade, la chargée des droits de l'Homme aux affaires étrangères, il n'y a pas d'inquiétude à voir les Français pointer du doigt les grandes violations des droits de l'Homme en Tunisie. L'exécutif français est encore en période de rodage. L'étape algérienne sera par contre scrutée avec minutie. Même si aucun grand contrat énergétique n'est prévu à la signature, la passion qui a toujours marqué les relations entre Français et Algériens risque de faire des étincelles. En arrière plan de cette visite le projet inachevé de Jacques Chirac de parvenir à un traité d'amitié et de réconciliation entre la France et l'Algérie, traité qui avait été avorté à cause de la polémique provoquée par un projet de loi en février 2005 au sein de l'Assemblée nationale française sur les bienfaits de la colonisation. Nicolas Sarkozy sera dans l'obligation sinon d'annoncer lors de cette visite un calendrier du moins de redire sa volonté de parvenir à ce traité d'amitié et de réconciliation sans lequel aucun grand projet entre la France et l'Algérie ne sera bâti sur de solides fondations.