Abdelbari Zemzmi -Ahmed ToufiqLe ministère des Habous et des Affaires islamiques a diffusé une circulaire appelant les imams à la neutralité lors des prochaines élections. Ceux qui y seront impliqués doivent démissionner sous peine de se voir congédiés. Le ministère des Habous et des Affaires islamiques vient de rappeler aux imams l'obligation de neutralité lors des prochaines élections et pendant les mois qui précèdent le scrutin du 7 septembre 2007. Selon des sources au département de Ahmed Toufiq, une circulaire a été diffusée dans ce sens aux services extérieurs du ministère. Cette circulaire enjoint aux imams, prédicateurs et mourchidate, désireux de prendre part aux prochaines élections, de demander à être relevés, provisoirement, de leurs fonctions et un mois avant la date du scrutin. En cas de non-respect de cette circulaire, élaborée au niveau de la Direction des affaires islamiques, le contrevenant sera démis de ses fonctions. Selon une source au ministère des Habous et des Affaires islamiques, la décision contenue dans cette circulaire fait partie des efforts déployés par les autorités pour que les lieux de culte soient à l'abri des joutes politiques et que les mosquées ne puissent servir de tribune à des fins électoralistes. Cela répond également au souci d'éviter que des élus, ou des imams engagés dans la campagne électorale, puissent influencer ou orienter les choix des électeurs lors de ce scrutin. Les mêmes sources affirment que ce n'est pas la première fois qu'une telle circulaire est diffusée aux services extérieurs de ce département puisque l'ex-ministre Abdelkébir Alaoui M'daghri avait pris une initiative similaire juste avant les élections législatives du 27 septembre 2002. A cette époque, plusieurs candidats islamistes issus des rangs du PJD (Parti de la justice et du développement) avaient dû se plier à l'injonction du ministère des Habous et des Affaires islamiques. On peut en citer Abdellah Chbabou et Mohamed Amine Boukhoubza, deux candidats PJD de l'époque qui avaient été sommés de quitter le minbar pour plonger dans la campagne électorale. «C'est une décision sage qui a été reconduite par l'actuel ministre Ahmed Toufiq et je pense que la majorité des imams ou des prédicateurs vont respecter cette circulaire», commente Abdelbari Zemzmi, prédicateur directement concerné par la décision du ministère des Habous et des Affaires islamiques. «Même s'il n'y avait pas eu de circulaires de ce genre, les imams consciencieux prendraient la précaution de geler leurs activités au sein des mosquées», ajoute le célèbre Alem qui a confirmé avoir l'intention de se présenter aux prochaines élections législatives dans la circonscription de Casablanca-Anfa sous la bannière du parti "Annahda Wal Fadila" (Renaissance et Vertu) de Mohamed Khalidi, l'ex-député PJD, en froid avec la formation de Saâd Eddine El Othmani. Toutefois, Abdelbari Zemzmi a précisé qu'aucune décision officielle n'a été prise dans ce sens. Lors des précédentes élections législatives de septembre 2002, plusieurs partis, et notamment l'USFP, s'étaient plaints de l'immixtion de certains imams, dans les mosquées, dans l'orientation du choix des électeurs. Les socialistes avaient surtout protesté contre des prédicateurs accusés d'avoir ouvertement mené campagne en faveur du PJD. Ce dernier aurait d'ailleurs mobilisé, lors du même scrutin, un grand nombre de ses jeunes cadres pour investir les mosquées. Le jour du scrutin, un vendredi, les "promoteurs" des candidatures PJD s'étaient mobilisés aux portes de quelques mosquées casablancaises pour inciter les gens à voter pour le symbole de la lampe. Leur argument de vente était qu'un vote PJD équivaudrait à un vote pour la "victoire de l'Islam". Sur plus d'une trentaine de partis politiques devant prendre part au scrutin législatif du 7 septembre 2007, au moins trois formations politiques revendiquent le "référentiel islamique" : le PJD, Annahda Wal Fadila et Al Badil Al Hadari, Hizb Al Oumma (Parti de la Oumma) n'ayant pas encore été déclaré légal. D'ailleurs, le PJD a anticipé les choses en essayant de s'attirer la sympathie des militants de Hizb Al Oumma de Mohamed Marouani et des voix qui vont avec. Récemment, Mostafa Ramid avait remué ciel et terre à propos de la non-délivrance du récépissé à Mohamed Marouani. Au Parlement, Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur, a dû s'y prendre à plusieurs reprises pour expliquer qu'aucune demande dans ce sens n'a été faite aux services compétents de son département. Reste encore une grande inconnue : les voix des membres d'Al Adl Wal Ihssane, qui dit boycotter le prochain scrutin, iraient-elle (de nouveau) au PJD?