En Allemagne, Angela Merkel va tenter de convaincre George Bush (Photo Reuters).La chancelière Angela Merkel accueille jusqu'à vendredi le 33e sommet du G8 à Heiligendamm, au Nord de l'Allemagne. A 6 mois des négociations sur la réduction des gaz à effet de serre (l'après-protocole de Kyoto), elle a imposé le climat comme le thème principal. Nicolas Sarkozy, dont c'est le premier G8, s'est engagé à tenir tête à George Bush sur ce point. Plusieurs dossiers brûlants occupent les débats du 33e Sommet du G8: le Darfour, le Kosovo, le bouclier anti-missile américain en Europe... Mais c'est le réchauffement climatique qui a la place la plus importante. Les discussions auront lieu en fait à 13, puisque les 8 pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada, Russie) ont invité les 5 principaux pays émergents: Mexique, Inde, Chine, Brésil et Afrique du Sud. Préparer la suite de Kyoto La chancelière allemande Angela Merkel, qui est l'hôte de la réunion cette année, veut préparer la seconde phase des négociations de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz carbonique (CO2, responsable de l'effet de serre et du réchauffement). En cours depuis deux ans, celles-ci se poursuivront à Bali en décembre prochain, dans le cadre de la Convention des Nations unies sur le climat. Le Sommet est l'occasion de débroussailler le terrain et d'entendre la position des Américains. Angela Merkel est décidée à mettre ses hôtes d'accord sur une réduction de moitié des émissions des gaz à effet de serre par rapport à 1990. D'ici à 2050, cela permettrait de réduire de 2 degrés l'augmentation de la température globale, conformément aux recommandations du dernier rapport du Groupe international d'experts sur le climat (GIEC) des Nations-Unies. Trois partis en présence Pourtant, loin de faire l'unanimité, ces objectifs vont donner lieu à d'âpres débats entre l'Europe, les Etats-Unis et les pays en développement. * L'Europe: - 20 % d'ici 2020. Les pays européens emmenés par l'Allemagne ont déjà adopté une approche multilatérale et un agenda avec des objectifs chiffrés. Ils s'engagent à diminuer leurs émissions de gaz carbonique de 20% d'ici à 2020. La position de Tony Blair reste plus ambigüe. * Les Etats-Unis: de nouvelles négociations? Les Etats-Unis avaient refusé le Protocole de Kyoto en 1997. Face à la mobilisation de l'opinion publique, le président américain propose de soumettre au G8 un cycle de négociations avec les 15 pays principaux émetteurs de gaz carbonique pour fixer un objectif mondial de réduction des émissions d'ici fin 2008. Cette proposition est un moyen de court-circuiter les négociations en cours dans le cadre l'ONU, dénoncent les écologistes, car elle évacue chiffres, calendrier et mesures contraignantes. «C'est de la poudre aux yeux envoyée au G8», déplore Morgane Créach, chargée de mission internationale au Réseau action climat France. * La méfiance des pays émergents. Invités au sommet du G8, la Chine, l'Inde et le Brésil refusent de se soumettre à des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz carbonique. «Tout en réglant la question du changement climatique, on doit faire très attention à ne pas handicaper la croissance et le développement», a rappelé le Premier ministre indien Manmohan Singh. Montrer l'exemple Pour les associations, les puissances industrielles, responsables historiques des émissions de CO2, doivent d'abord montrer l'exemple. «Les pays en voix de développement sont d'accord pour réduire leurs émissions d'ici à quelques années, mais à condition que les grandes puissances affichent des objectifs clairs», explique Morgane Créach, au Réseau Action climat France. Le Sommet ne débouchera pas sur un texte formel mais sur un accord de principe, qui devrait servir de signal politique. Cependant, les chances d'aboutir à un consensus sont faibles. Les Etats-Unis et la Chine vont peser de tout leur poids pour bloquer les négociations.