Le campus d'Errachidia et en médaillon Abderrahmane El HassnaouiLe conseil de la Faculté des sciences et techniques d'Errachidia a tenu, mardi dernier, une session extraordinaire au sujet des récents affrontements estudiantins, condamnant avec vigueur ces incidents qui ont fait un mort et six blessés. Quatre jours après l'éclatement des sanglants affrontements entre des étudiants d'Errachidia, l'activité estudiantine est toujours au point mort. « 90% des étudiants continuent de bouder leurs classes », a affirmé à ALM Zineddine Jouihri, directeur de la cité universitaire qui a été le théâtre, dans la nuit de samedi à dimanche, de violentes bagarres qui ont fait un mort et six blessés. La même cité a été abandonnée par la majorité des locataires, même si tous les locaux (restaurant, buvette, etc) sont restés ouverts. «Un abandon dû à l'atmosphère de peur qui a gagné le campus», explique M. Jouiri. Le Conseil de la Faculté des sciences et techniques a tenu, mardi 15 mai, une session extraordinaire pour examiner les tenants et aboutissants de cette tragédie. Dans un communiqué, dont copie est parvenue à ALM, le Conseil a exprimé une vive condamnation des affrontements qui ont eu des répercussions dangereuses sur le fonctionnement de la vie estudiantine à Errachidia. En présentant ses condoléances à la famille du défunt Abderrahmane El Hassnaoui, un étudiant en Géophysique, le Conseil dénonce vivement «la pratique de la violence sous toutes ses formes au sein du campus», appelant les étudiants à rejeter ce genre de pratiques qui sont «contraires aux valeurs de dialogue, de convivialité et de tolérance qui doivent prévaloir au sein de l'espace estudiantin». En se déclarant confiant quant à la capacité des services de sécurité à réhabiliter la paix et la quiétude au sein de la Faculté, le Conseil a appelé les étudiants à retrouver leurs places à la Faculté. Seulement voilà, «la situation est loin de reprendre son cours normal», affirment nos sources sur place. Les six blessés seraient toujours en garde à vue. A ce propos, et contrairement à certaines allégations, relayées par quelques organes de presse, et qui ont donné pour mort l'un des six blessés, Rachid El Kadiri, nos sources ont démenti en évoquant des «rumeurs infondées». «L'état de santé des blessés n'inspire aucune inquiétude», nous ont affirmé des sources hospitalières. Outre Rachid El Kadiri, les blessés sont Idir Benameur, Brahim Tahiri, Mohamed Oulhaj, Rachid Hachimi et Abdelaziz Essaïdi. Passée la période de garde à vue, les blessés seront déférés devant la justice. Une enquête judicaire a été ouverte pour déterminer les circonstances et le mobile des affrontements sanglants qui ont opposé, dans la nuit de samedi à dimanche, des activistes du Mouvement culturel amazigh (MCA) et d'autres appartenant au parti « Annahj » (Voie démocratique). D'après nos sources, ce qui s'est passé samedi dernier serait dû à «une guerre de leadership entre des Amazighs et des militants de l'extrême gauche». «Chacun des deux clans prétendait être l'unique représentant des étudiants auprès de l'administration de la Faculté», estime un universitaire. Un autre impute l'affrontement de samedi dernier à « une recherche de vengeance » de la part des activistes du MCA. Pas plus tard que le 5 mai dernier, ces derniers auraient organisé une marche au sein de la cité universitaire pour exprimer leur solidarité avec les étudiants amazighs de la Faculté Ibn Zohr d'Agadir, après l'intervention des services de sécurité pour remettre de l'ordre à cette Faculté. Or, lors de cette marche, les militants «basistes» se seraient moqués d'eux. Les incidents de samedi dernier résonnent comme un « désir de vengeance » contre les activistes de l'extrême gauche. Une vengeance qui, selon un autre, «couvait depuis 2003, quand des basistes avaient agressé des activistes du MCA au sein de la cité universitaire ». Un «étripement» dont l'université peut bien se passer.